Compartiment pour dames
4e de couverture : "Un jour, Akhila décide de partir vers l'extrémité sud de l'Inde, là où se rencontrent l'océan Indien, la baie du Bengale et la mer d'Arabie, pour faire le point sur une vie qu'elle a l'impression de n'avoir pas vécue. Dans le train qui la conduit à destination, elle fait la connaissance de ses compagnes de voyage, avec lesquelles elle va partager toute une nuit l'intimité d'un compartiment pour dames. A travers leurs confidences Akhila cherche la réponse aux questions qu'elle se pose : une femme a-t-elle vraiment besoin d'un homme pour être heureuse, pour se sentir épanouie ? Comment trouver en soi la force de vivre la vie qu'on a choisie, de redevenir maîtresse de son destin ?
Nul doute que, pour l'auteur, les cloisonnements de la société indienne ressemblent à s'y méprendre à ceux d'un train: "un compartiment y est en permanence réservé aux femmes; il peut se révéler confortable, à condition qu'elles n'en sortent pas".(Michel Grisolia, l'Express)".
Je referme ce livre mais je suis toujours en Inde, avec toutes les femmes croisées dans ce roman, avec leurs luttes pour se faire respecter des hommes et de la société indienne si conservatrice envers elles. Soit belle ma fille/ma femme mais tais-toi.Les divers personnages qui racontent leur vie à Akhila dans le wagon d'un train sont d'âge différents et parfois de milieu social différent, mais toutes ont vécu la même chose : l'humiliation (consciente ou non) de la part des hommes et de la société indienne.
Toutes racontent leur parcours, leurs stratagèmes pour exister en tant qu'être humain à part entière. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, elles ne sont pas forcément cloîtrées à la maison. Certaines ont un travail et ont fait des études supérieures, comme Margaret, la reine de la chimie devenue enseignante; Akhila,45 ans, est fonctionnaire et c'est elle qui subvient aux besoins de sa famille, même après le décès de ses parents. Alors qu'elle rêve d'avoir son appartement pour elle toute seule, sa soeur et le mari de celle-ci joue "l'incruste" sous des prétextes discutables. Jusqu'au jour où Akhila se révolte et décide de vivre pour elle-même et non comme les autres voudraient qu'elle soit.
On a aussi un petit aperçu des préjugés des Indiens sur les Européens. C'est assez drôle.
Anita Nair raconte, avec beaucoup de délicatesse, ce qui se trame derrière les saris colorés et les odeurs épicées de l'Inde contemporaine, dans un roman dense où s'emboîtent plusieurs récits. J'ai aimé son analyse fine des différentes personnalités féminines du roman et la note d'espoir qu'elle insuffle. En effet, tout le roman est porté par un vent de liberté qui lui donne beaucoup de charme.
Une première expérience avec la littérature indienne il y a quelques années m'avait laissée perplexe et pas franchement convaincue. Ici, Anita Nair m'a réconciliée avec la littérature de son pays et m'invite à aller plus loin dans la découverte d'un pays qui m'effraie encore.