Nos étoiles ont filé
Journaliste à France 2, Anne-Marie Revol a perdu ses deux petites filles, Pénélope, deux ans et demi et Paloma, à peine plus d'un an, dans l'incendie qui a ravagé la chambre qu'elles occupaient chez ses parents, alors qu'elle et son mari, étaient juste de retour de vacances en Grèce. Tous les jours, elle s'aperçoit qu'elle leur parle. Alors, "dans l'espoir que là où [elles sont] réfugiées [elles] trouve[nt] une bonne âme pour lire ce courrier, [elle] décid[e] de coucher, au propre, sur du papier, tout ce qu'[elle a] consigné dans [son] petit carnet depuis qu'[elles] sont décédées".
Ce livre est une puissante claque et je dois avouer que je me suis vraiment fait violence pour le terminer, ne le lisant qu'à petite dose, me disant à chaque fois que je ne parviendrai pas à le reprendre et à en continuer la lecture. Par moments, j'en ai voulu à l'auteur de m'infliger ça ! Et j'ai souri en lisant les remerciements de la dernière page : "Sans Capucine Ruat, j'aurais pondu un livre dix fois plus épais que ça ! Pauvre de vous".
Un livre dont j'ai du mal à parler au regard du drame vécu. Pourtant, Pénélope et Paloma sont bien vivantes entre ces lignes, elles occupent le devant de la scène, au-delà de la douleur et de la mort. Anne-Marie Revol s'exprime sans tabou dans un style vif, parfois piquant : pas d'envolée lyrique mais de la rage, de la colère mais aussi de la tendresse. Elle révèle ses états d'âme, son attitude, celle des autres, celle des gens qui la renvoie sans cesse au décès de ses filles avec une maladresse involontaire ou une bêtise à l'état brut. Ce livre est également un bel hommage à son mari et à leur rencontre miraculeuse mais aussi à la vie,notamment avec la naissance attendue du troisième enfant, Lancelot. On ne termine pas le livre en pleurant mais avec le sourire !
Un témoignage dont on ne ressort pas tout à fait indemne et dont les petites héroïnes habitent le lecteur longtemps une fois le livre refermé.
Lu dans le cadre du