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Mille (et une) lectures

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Mille (et une) lectures
7 mars 2014

On the Brinks

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Extrait de la 4e de couverture : "De fait, le spectaculaire récit autobiographique de Sam Millar a tout d'un thriller. A ceci près que si on lisait pareilles choses dans un roman, on les trouverait bien peu crédibles."

Je vous ai présenté Sam Millar il y a peu en vous disant que je venais de lire son autobiographie qui m'avait bouleversée. C'est peu dire tellement ce livre reste imprimé dans votre mémoire même plusieurs semaines après l'avoir refermé.

Sam est un ex-membre de l'IRA d'Irlande du Nord. Il a grandi à Belfast, dans Lancaster Street. Catholique, il n'est pas moins un mélange explosif, comme il le dit lui-même, avec tout l'humour qui le caractérise, puisque l'un de des grand-pères était tout bonnement protestant, Orangeman, de surcroît, jusqu'à... ce qu'il rencontre sa grand-mère ! Comme quoi, les histoires d'amour dépassent parfois les préjugés !

Sam commence à travailler dans un dépot de bois, où sont employés une douzaine de catholiques sur une centaine d'hommes... C'est tellement difficile, qu'il décide finalement d'aller à un jet de pierre de là, dans un... abattoir ! Autant dire que déjà le décor belfastien est bel et bien planté pour vous mettre dans l'ambiance. Mais ce sont les événements de Derry et le trop tristement célèbre Bloody Sunday qui seront le facteur déclencheur de l'engagement de Sam Millar dans les rangs de l'IRA.

De là, il atterrit rapidement à Long Kesh, la sinistre prison de Belfast.
Et là, autant vous avertir tout de suite : j'imagine que la plupart d'entre vous ont vu In the Name of the Father, Hunger, Bloody Sunday etc. On a tous en mémoire les atrocités commises par Margaret Thatcher. On connnaît tous la fin funeste du jeune député Bobby Sands. Mais lire ce qui se passait à l'intérieur de la prison de Long Kesh, en particulier le sort réservé aux Blanket Men, dont faisait partie Bobby Sands et Sam Millar, est, je crois, encore un degré plus fort dans l'émotion. Les Blanket Men ont été torturés, avec une perversité dont on n'a pas idée. Comment a-t-on pu laisser faire ça ? C'est la question lancinante qui me revenait sans cesse à l'esprit pendant la lecture. Même si on "savait" avant, en lisant ces mots, on se rend compte que c'est encore pire que ce qu'on imaginait. Un cauchemar est à côté un rêve agréable !

Sam a été torturé pendant sept ans. A titre de témoignage d'un rescapé, ce livre est précieux et bouleversant. Cela va sans dire que mon estomac s'est noué plus d'une fois et que les larmes montent facilement aux yeux. Mais Sam pourtant, ne fait pas dans le pathos. Il a même, avec le recul, le sens de l'humour. Ainsi, constate-t-il : "Si nous avions Hulk, on écraserait les Beefs en une semaine."  Les matons de la prison ont tous un surnom. Il y a, par exemple, la Verrue Humaine. Mais aussi le Fourgon Enchanté... (pour tenter de s'évader).

La colère, bien compréhensible, n'est pas absente du récit, envers les Beefs, envers Thatcher qui a laissé crever Bobby, mais aussi envers l'Eglise catholique irlandaise : "L'Eglise catholique, par le biais de ses prêtres les plus serviles, nous informa que "personne ne votera pour Bobby Sands". C'était tout à fait réconfortant de savoir que le gouvernement britannique et l'Eglise catholique chiaient dans les mêmes pantalons."

Sam résume très bien ce que l'on ressent, nous, lecteur, à son égard et à l'égard de ses camarades de galère : "Dans un profond silence, les souvenirs de toutes ces années me sont revenues où, battu et nu, j'attendais d'être conduit aux Blocs pour commencer mon parcours cauchemardesque. Tant de souffrances, tant de morts et de tortures. Comment avons-nous pu - nous les Blanket Men - survivre à tout ça ?". C'est ce qu'il se demande lui-même et ce qu'on nous nous demandons en lisant ses lignes.

Sam finira par sortir de prison par la porte, après une tentative d'évasion. Le livre bascule alors dans une autre partie de sa vie, de l'autre côté de l'Atlantique, à New York. J'ai été un peu moins captivée par le récit mais sa vie là-bas a aussi été hors du commun. Je me suis juste demandé ce qui lui était passé par la tête (on a la réponse dans le livre) 1) d'aller braquer une banque ; 2) avec un pistolet en plastique. Le Sam de cette partie du livre m'a fait penser à un personnage de comics (et à New York, Sam avait ouvert une librairie dédiée entièrement aux comics "collector") ! En plus, il réussit là le 5e plus gros casse perpétré aux USA, le tout sans une goutte de sang versé. Une histoire dingue qu'il paiera chèrement par de la prison, avant d'etre gracié par Bill Clinton. Il est aujourd'hui interdit de séjour sur le sol américain.
Comme dit Sam dans son livre, "Un fer à cheval dans le cul ? Non, toute une écurie !"

Je classe ce livre parmi mes coup de coeur 2014. Bouleversant, poignant, avec toujours le sens de l'humour (noir) ! Une lecture qui ne s'oublie pas.

 

 

 

 

 

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1 mars 2014

Les grand-mères

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Liliane et Rozeanne se connaissent depuis leur premier jour d'école. Dès ce premier jour d'école, elles deviennent inséparables, à tel point que les gens les prennent pour deux soeurs. Adultes, elles choississent de vivre l'une en face de l'autre.Quand l'une décide de se trouver un mari, l'autre fait de même. Elles sont chacune un enfant qui restera enfant unique, deux garçons.
Seulement, les deux maris se sentent presque comme des intrus dans ces vies de femmes repliées sur leur monde à deux voix. Un des hommes meurt et l'autre décide de refaire sa vie ailleurs. Le huis clos se referme alors sur quatre personnages : deux hommes et deux femmes... jusqu'à la découverte du pot aux roses (c'est d'ailleurs par là que commence le roman, même si le lecteur est incapable de le comprendre sur le coup).

J'avoue que ce très court roman de Doris Lessing me laisse perplexe. Très différent de ce que j'ai lu d'elle jusqu'à présent. Certes, elle franchit des limites et l'on reconnaît bien là son goût du risque, mais la question qui reste en suspens ici est : pour quoi faire ? Faire un roman sulfureux, pourquoi pas, à condition d'avoir un but. Ici on a du mal à le cerner clairement. On retrouve son ironie féroce, à travers ce qui pourraît être une forme de famille recomposée jusqu'à l'extrême, où les personnages, en fin de compte, aveuglés, se prennent les pieds dans le plat. Mais je n'en suis pas vraiment convaincue puisque Doris Lessing est une femme libre, qui toute sa vieMoyenne a lutté contre les préjugés. Peut-être est-ce juste un roman qu'elle a écrit pour s'amuser du lecteur ?

Le titre original du roman est bien The Grandmothers et non  Perfect Mothers, qui est le titre du film adapté du roman (pas vu d'ailleurs).

Donc voilà, c'est un déception inattendue, de la part de la grande dame des lettres britanniques. J'ai quelque peu modifié mon programme de lecture concernant le challenge : eh bien grand mal m'en a pris !



Lu dans le cadre du  :

 

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Je vous rappelle que vous pouvez vous inscrire au challenge à tout moment de l'année 2014. Il suffit de me laisser un commentaire et de me prévenir de vos billets.
Nous sommes actuellement 10 à participer au challenge.

 

27 février 2014

La main de Dieu

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J'avais repéré ce livre l'an dernier (ou l'année d'avant !) chez Cryssilda, et puis il était passé aux oubliettes. Le hasard a voulu qu'il réapparaisse devant mes yeux grâce à un site de troc de livres de poche : pour une fois, une belle aubaine (au milieu de tout un tas d'Harlequin et autres "vieilleries" de caves qui, je trouve, encombre un peu trop ce site pourtant à l'initiative d'une bonne idée).Voilà pour l'anecdote.

L'adolescente de ce roman vit au Liban, d'une mère française partie en Suisse, d'un père libanais. Elle appartient à la bourgeoisie. C'est un livre sur la guerre de 15 ans qui a ravagé le pays : "Noires les boutiques calcinées, blanc le soleil du Liban." Malgré la thématique latente et obsédante, c'est l'écriture poétique qui vous fait vous accrocher à ce livre envoûtant. La jeune fille rencontre un homme, un Français, qui se dit correspondant de guerre. Elle tombe amoureuse, brave les interdits imposés par sa famille et la société libanaise, parce qu'il est français et qu'elle l'est en partie aussi. La jeune fille est une rebelle. Mais ce n'est pas parce qu'on est une rebelle qu'on ne peut pas être trahie...

Ce livre est une tragédie poétique, paradoxalement d'une douceur incomparable par la lecture. Le cri de douleur du Liban tout de même, dans la poussière de la guerre. Un cri contre l'oubli. "L'aéroport de Beyrouth avait été durement touché, les avions étaient paralysés sur le sol. On apercevait de loin les ailes figées sur le tarmac. C'était déjà arrivé mais on avait du mal à s'y faire. Le bruit assourdissant des avions qui atterrissaient au-dessus de nos têtes nous manquait. Sans ce vacarme, on avait l'impression que le monde nous oubliait. Dehors, les avions continuaient à aller partout dans ce monde sauf chez nous comme si nous étions rayés de la carte."

"Le jasmin et le gardénia ne fleuriont plus" au Liban constate la jeune fille. Un cri d'amour pour son pays et un regard horrifié sans concession. Un écrit sur l'histoire de la France et du Liban, personnifiée par chacun des personnages.

Un livre magistralement écrit, émouvant, qui donne envie de connaître davantage l'histoire de ce pays, de lire sa littérature.

Yasmina Char est franco-libanaise. Elle vit en Suisse où elle gère un théâtre.

 

 

25 février 2014

Les gens heureux lisent et boivent du café

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4e de couverture : "Diane, gérante d’un café, perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Egarée dans ses souvenirs, elle perd l’envie de vivre. C’est finalement en se réfugiant dans un petit village d’Irlande que Diane tente de faire son deuil et de se reconstruire, au fil du temps et des rencontres. Un premier roman d’une sensibilité rare, un véritable hymne à la vie."

Je vais vous mettre tout de suite dans le bain de ce que m'inspire ce roman (qui a connu le succès via l'auto-édition numérique et dont le succès lui-même m'étonne beaucoup) : d'une nullité affligeante ! Il est rare que je parle d'un roman en ces termes mais là, franchement, au secours... J'ai oscillé pendant la lecture du rire sarcastique à la colère. Parce que non seulement c'est niais, mais en plus c'est écrit sans aucune recherche.

C'est l'histoire de Diane, une Française qui a perdu mari et fille dans un accident de voiture. Après plusieurs mois de dépression, elle décide de partir en Irlande, pas parce que ce pays l'attire vraiment, mais parce que son défunt mari rêvait d'y aller. Elle met le doigt au hasard sur la carte du pays et paf, elle atterrit à Mulranny (village balnéaire du comté de Mayo). Elle loue un "cottage" (une maison, quoi !), tenu par Abby et Jack. Son voisin est un lugubre irlandais du nom d'Edward, neveu de des propriétaires. Mais en fait, nan, mieux que ça, il est quasi-orphelin et ce sont Abby et Jack qui l'ont élevé, avec sa soeur Judith, une nénétte aux cheveux auburn et qui s'habille en mni-kilt... Ah ! j'oubliais le chien (peut-être le personnage le plus intéressant du livre : Postman Pat, qu'il s'appelle !).

Selon Diane, les Irlandais ont comme facteur commun déterminant d'être des géants rugbymen, mangeurs de moutons et buveurs de whisky. Déjà, là, ça commençait à me chauffer un zeste : en Irlande il est pourtant bien connu qu'on ne boit pas du whisky mais du whiskey, avec un E ! Et puis pour le gigantisme au pays du leprechaun, je ne pense vraiment pas que ce soit ce qui frappe quand on descend de l'avion ! Et pour la viande de mouton (ok, le plat national est à base de mouton, mais cette viande est pour l'essentiel destinée à l'exportation...).
Ah oui, en plus, inutile de rappeler que dans ce bouquin, il fait un temps pourri dans l'île verte : on est toujours trempé et coiffé par le vent...

Reste l'histoire : OMG ! Une Française dépressive séduite par son acariâtre irlandais de voisin ! A la rigueur pourquoi pas, (même si en soi, ça sent déjà un peu trop l'eau de rose). Sauf que là, c'est d'un abracadabrant, que peut-être même les romans Harlequin ne font pas ça : Diane et Edward ne peuvent pas se piffrer pendant des semaines, se foutent limite sur la gueule etc. Et puis, du jour au lendemain, paf ! l'Irlandais et la Française tombent amoureux. Naaan, is it possible ?
Mais je ne fus pas au bout de mes surprises quand, au moment M de l'instant I, tadam ! voilà que ça part en quenouille à cause de l'apparition (magique !) de Megan, la femme d'Edward ! (oh le vilain !!). Pétard, elle n'a pas de pot Diane ! Sauf que... ce n'est pas sa femme ! Re-tadam ! Franchement, j'ai failli mourir de rire... (c'est déjà ça, on se console comme on peut !).
Edward fait le girouette, ne sait plus où donner de la tête... Et quand il finit par choisir Diane, ben naannn, elle décide de se casser, elle ne peut pas l'aimer (mon dieu que c'est triste à pleurer de rire !).

La principale activité de Diane : fumer. On s'en prend plein les poumons à longueur de pages. Et boire. Mais elle ne tient pas l'alcool....

Et le titre là dedans ? C'est le nom du café littéraire que tient Diane à Paris. Et le thème de la lecture annoncé par le titre là-dedans?  Que nenni !

Et la couverture qui me rappelait quelque chose... ben elle ressemble étrangement à celle-ci :

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Bref, sans doute le roman le plus décevant et le plus tarte que j'ai lu depuis des années. Je vous le déconseille. Acheté d'occasion, il ne va pas encombrer mes étagères, c'est sûr.

 

 

 

23 février 2014

En cas de forte chaleur

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4e de couverture : "Comme chaque matin depuis trente ans, Robert Riordan part acheter son journal. Mais en ce jour caniculaire de juillet 1976, Robert part et ne revient pas.
Dans leur maison londonienne, Gretta, sa femme, s'interroge : quelle mouche a bien pu le piquer ? Doit-elle prévenir les enfants ?
A peine réunis, ces derniers tentent de prendre la situation en main : les placards sont retournés, les tiroirs vidés, chaque pièce fouillée en quête d'indices.
Mais, alors que les mystères autour de leur père s'épaissit, les vieillesrancoeurs ressurgissent. L'aîné en a assez : pourquoi est-ce toujours à lui de prendre en charge sa famille ? Quant aux soeurs, jadis si proches, quel événement a brisé leur lien, si terrible que la cadette a décidé de mettre un océan entre elles ? Et Gretta, a-t-elle vraiment tou dit ?"

A priori, les histoires de famille en littérature, ce n'est pas trop mon truc. Mais quand c'est Maggie O'Farrell qui les écrits, je fais une exception.

A l'instar de la canicule de 1976, ça chauffe sec dans la famille Riordan depuis que le père a disparu. Réglements de compte et compagnie entre Francis Michael, Monica et Aoife, entre eux, envers leur mère, envers Claire l'Anglaise épousée par Francis Michael, envers Gretta, la mère de la tribu. Bref...
Maggie O'Farrell peint chacun des personnages avec finesse, tendresse, mais aussi férocité pour certains d'entre eux.
Pendant cette lecture, j'ai eu peu de sympathie pour Claire, Anglaise qui reproche tant à son mari (l'avoir empêché de passer sa licence). Mais si on plaint Michael Francis, on s'aperçoit aussi qu'il est un zeste agaçant par son manque de courage à fermer le clapet de sa femme une bonne fois pour toutes.
C'est sans doute Aoife le personnage le plus attachant de la famille : illettrée, cherchant à cacher aux yeux du monde cet handicap majeur, ce n'en est pas moins une jeune femme libre, têtue, et anti-conformiste - autant que son prénom purement irlandais dans un monde américano-anglais !
Quant à Grette, bien sous tout rapport à première vue, bien pensante etc., elle cache un lourd secret dont la révélation va renverser la donne ! Quelque chose qu'elle a reproché à Monica elle-meme, son aînée à la famille recomposée (en miettes)...

Mais ce qui tient en haleine, c'est le personnage de Robert, le père qui a pris la fuite. C'est ce qui nous fait ne pas lâcher le roman avant la fin et nous embarquer en Irlande, dans le Connemara, avec toute la famille pour connaître le fin mot de l'histoire. Sur la fameuse plage de corail qui se trouve là-bas, les aigreurs s'apaisent, les vérités se font. Quitte à rencontrer une sorte de cousin du monstre du Loch Ness : "Aoife et la créature se dévisagent. On dirait une loutre, mais en plus gros, ou un phoque, mais avec des poils plus longs. Puis l'animal lève une patte griffue qu'il se passe une fois, deux fois du museau jusqu'au crâne." Aoife "tente de chasser de ses pensées les histoires que racontait sa mère sur des esprits, des ondines, des marins conduits à la mort par des apparitions lors des nuits semblables à celle-ci."

Cependant, Maggie O'Farrell ne jette pas la pierre à Grette, du moins pas tout à fait. Elle explique la difficulté d'être Irlandais en Angleterre à l'époque où elle a émigré là-bas, s'imaginant que ses enfants ne pourraient pas comprendre,obsédée par cela : "Ses enfants s'imaginaient qu'ils avaient souffert parce qu'on les injuriaient à l'école, qu'on racontait toujours les mêmes blagues sur les Irlandais, que certains gosses du voisinage avaient interdiction de jouer avec de sales catholiques. Mais ils n'avaient aucune idée de ce que ça représentait d'être irlandais en Angleterre à l'époque, à quel point ils étaient détestés, raillés et méprisés (...). On vous crachait à la figure dans le bus en entendant votre accent, on refusait de vous servir dans les cafés, on vous chassait si vous essayiez de vous reposer sur un banc dans un parc ou bien on écrivait : "Les Irlandais ne sont pas acceptés" dans les vitrines des magasins."

Je conclus en disant que j'ai bien aimé mais que la seule chose que je reproche, c'est peut-être la fin un peu trop lisse à mon goût et donne presque une impression de fin bâclée. On se laisse néanmoins emporter par cette lecture où les secrets de famille remontent à la surface au fur et à mesure.



 

 

 

 

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21 février 2014

Poussière tu seras / The Darkness of the Bones

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4e de couverture : "Adrian Calvert, 14 ans, a disparu. Dans le salon poussiéreux du barbier, les lames de rasoir s'activent et les langues se délient : ce n'est pas la première disparition dans la région. Depuis plusieurs années, des jeunes manquent à l'appel dans l'orphelinat voisin. Personne ne sait ce qu'ils sont devenus. Récemment, la pluie cinglante a exhumé des os, autour d'une clinique désaffectée. Des os d'enfants..."

Quatrième de couverture un peu fantaisiste et qui dévoile dès la première phrase quelque chose qui aurait dû être tu. Passons...

Sam Millar est ma découverte du moment, totalement fortuite d'ailleurs.Ecrivain nord-irlandais pas tout à fait comme les autres s'il en est : je brosse le portrait en deux mots car j'y reviendrai dans un billet ultérieur. Sam Millar est un ancien combattant de l'IRA, qui a été emprisonné à Long Kesh, la lugubre prison de Belfast, de sinistre mémoire. Il fit partie des Blanket Men. Il a survécu à la torture et se demande lui-même, avec le recul, comment c'est possible. Voilà, je vais m'arrêter là pour l'instant pour sa biographie, que je suis actuellement en train de lire et qui remue les tripes.

Ce polar, qui se déroule dans la cambrousse d'Irlande du Nord est l'histoire d'un jeune héros, Adrian Calvert, et de son père, ancien flic alcoolique et veuf qui cache un terrible secret. A la découverte de ce secret, Adrian s'enfuit. Et c'est le début d'une histoire incroyable.

L'univers de ce livre est en noir, blanc et rouge. La noirceur de l'histoire, la blancheur de la neige, des os (et de l'innocence), le sang du crime. Un récit percutant, c'est le mot qui revient dans la tête après la lecture.  Un suspense haletant qui en font un page-turner. "L'orphelinat avait fait partie du paysage urbain pendant des décennies, il avait même servi de de décor pour un film tiré d'un livre de Dickens."
On frissonne par la rencontre de personnages inquiétants, vivant dans des lieux non moins glauques : un zeste de gothique avec cet orphelinat à présent en ruines, qui semble hanté par les enfants disparus et dont le survivant à une allure de fantôme, de banshee, bref de personnage fantastique, un zombie revenant de l'indiscible, accompagné d'un barbier, avec tout ce qu'engendre ce genre de personnage dans l'imaginaire collectif...

Une écriture sans gants, dans le sens où elle dit les choses sans fioriture, dans dissimulation. C'est du brut qui va avec l'ambiance (lecteurs chastes, passez votre chemin mais sachez que vous raterez quelque chose).

Un très bon polar, à l'intrigue bien alambiquée, qui vous embarque dans cet univers étrange et restera ancré dans votre mémoire un bon moment après avoir refermé le livre. Le tout inspiré d'un fait divers qui n'aurait jamais dû exister.

Ce livre a été selectionné pour le Prix du meilleur polar 2013 des Editions Points.

Une lecture qui m'a embarquée dans la découverte des autres livres de l'auteur. J'en reparle bientôt donc !

 

 

15 février 2014

A travers les champs bleus

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Voici le troisième ouvrage de Claire Keegan publié en France, l'an dernier. J'avais beaucoup aimé son premier recueil de nouvelles, L'antarctique etle court roman Les trois lumières. Mais A travers les champs bleus m'a subjuguée !

Claire Keegan revient au genre de la nouvelle, dont les écrivains irlandais excellent et en ont fait un genre littéraire majeur dans l'île.

Il m'est difficile de parler avec une grande précision de ces huit nouvelles car j'ai lu ce recueil il y a quelques semaines et la multiplicité des histoires n'aide pas la mémoire, surtout quand on a pris peu de notes en cours de lecture, préférant se laisser emporter par l'ambiance !

Mais la nouvelle qui ferme le recueil,  "La nuit des sorbiers", reste ancrée dans ma mémoire et c'est la plus sublime de toutes pour moi. Les indices du texte font savoir au lecteur qu'elle se déroule à Inis Mor, la plus grande des îles d'Aran. Claire Keegan parle ici de la solitude de deux êtres, un homme qui vit avec une chèvre dans son lit et une femme presque sorcière qui emmenage dans la maison d'à côté après un décès. Mais c'est surtout la supersition et le folklore qui embrasent cette nouvelle et nous plonge dans une ambiance à la limite du fantastique. Un court texte tiré d'après "L'eau du bain de pieds", conte de fées irlandais, plante le décor "psychologique : "Jadis à la campagne, dans toutes les maisons, les habitant se lavaient les pieds, comme ils le font maintenant, et une fois que l'on s'était lavé les pieds, il fallait toujours jeter l'eau dehors, car l'eau sale ne devait pas rester à l'intérieur de la maison durant la nuit. Les vieilles gens disaient toujours qu'un malheur risquait de s'abattre sur la maison si l'eau du bain de pieds restait à l'intérieur"... Et puis, il faut savoir qu'un sorbier a des pouvoirs magiques en Irlande (au même titre que l'aubépine, d'ailleurs), celui de l'enchantement.
Et c'est vraiment ce qu'il se passe : Claire Keegan endosse ici avec talent le rôle du conteur des veillées irlandaises et vous embarque dans un univers à part.

Quant à la nouvelle "La fille du forestier", elle parle de l'attachement (historique) de l'Irlandais à sa terre, de cet attachement jusqu'à l'égoïsme et la radinerie. Un mariage de tout sauf d'amour et une épouse malmenée qui finit par se venger grâce à son talent de conteuse et raconte ainsi sa vie  à peine déguisée par le truchement du conte aux voisins ! Et quand on connaît l'importance du "qu'en dira-t-on" en Irlande, on sait très bien que le vilain mari en sera blessé à vie.

Car oui, il est pas mal question d'amour malheureux, de secrets de famille qui remontent à la surface, de religieux malheureux....

Ces nouvelles sont sublimes mais tellement riches et complexes qu'il n'est pas facile d'en parler. Le mieux c'est de les lire !

 

 

 

1 février 2014

Un enfant de l'amour

 

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4e de couverture : "James Reid est un jeune homme romantique dont le principal défaut est d'avoir trop rêvé sa vie avant qu'elle ne commence véritablement. Durant l'été 1939, il embarque pour l'Inde avec son régiment et, lors d'une escale au Cap, croit trouver en Daphné, jeune femme mariée, le grand amour qu'il attendait. À la fin de la guerre, il apprend que de cette liaison passionnée est né un enfant qui ne se sait pas illégitime. James va alors tout entreprendre pour rencontrer son fils..."

 

Ce roman de Doris Lessing, publié en 2003 est un roman d'apprentissage, celui d'un jeune Anglais mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale et envoyé aux Indes, avec escale en Afrique du Sud. C'est là qu'il connaîtra l'amour, dans sa rencontre avec Daphné, jeune Anglaise en mal d'enfant.

Mais Si Doris Lessing raconte ici une histoire d'amour sans retour (parce que Daphné fera sa vie sans James mais lui en sera incapable), c'est surtout la restitution d'une époque qui est le tour de force de ce roman.
Celle des Anglais, colons installés en toute impunité dans un pays qui n'est pas le leur, servis par des autochtones qui leur sont dévoués.
C'est celle de l'effervesence intellectuelle et culturelle, le socialisme (James se lie d'amitié avec Donald qui en est un fervent défenseur), la passion littéraire dévorante de James qui devient un lecteur et un admirateur invetéré de Kipling.
Celle de la souffrance, de l'ennui et du gâchis humain : la souffrance sur le bateau qui emmène les soldats de Grande-Bretagne jusqu'en Afrique du Sud : à notre époque, on a dû mal à imaginer ce que c'était de faire une telle traversée dans les années quarante et Doris Lessing nous le rappelle avec talent : on a dû mal à lâcher le livre et c'est sans doute ce qui m'a le plus plu.
Quant à l'ennui et au gâchis, il s'agit de ces mêmes soldats, qui après une traversée des mers très pénible, arrivent en Inde pour finalement souffrir... du climat et mourir d'ennui ! Autrement dit, ils ont été envoyés là-bas pour rien, ou plus précisément "jusqu'au cas où".

En somme, Doris Lessing offre ici un roman d'atmosphère que j'ai beaucoup aimé. Elle ne faillit pas à la réputation de sa qualité d'écriture, à son humour, parfois noir. On se dit que ce n'est pas pour rien qu'elle fut Prix Nobel de littérature en 2007 (même si c'est une reconnaissance bien tardive !).

Lu dans le cadre du :

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18 janvier 2014

James Joyce l'homme de Dublin

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Il y a quelques temps, j'ai découvert cette BD consacrée à Joyce sur un blog, une BD dont on n'a pourtant pas beaucoup entendu parler.
Je redoutais un peu la mise en BD d'un écrivain : j'ai lu, il y a longtemps un BD consacrée à l'oeuvre de Proust, (je ne sais plus quel tome d'A la recherche du temps perdu) et c'était tout juste une cata ! S'agissant d'une biographie mise en image, je me disais que ça pouvait être aussi un tantinet casse-gueule aussi ! Eh bien, c'était une erreur car cette BD de plus de 200 pages est un vrai régal !!

Elle est très bien documentée sur la vie du fameux écrivain irlandais, qui en fait, s'il a écrit Dubliners, n'a quasiment pas vécu en Irlande de sa vie. Très jeune, il s'est exilé avec Nora (sa compagne) hors de l'Irlande pour voir du pays. Il a trainé surtout en Italie et en France, mais aussi en Suisse, où il est décédé). Je ne vais rien vous apprendre en vous disant que c'était un sacré bonhomme ! Imbu de lui-même, alcoolique, courant la gueuse, mais malgré tout un homme attachant et drôle à sa façon, un esprit torturé, désespéré de ne pas être reconnu (pétard, il en a vraiment bavé pour se faire publier !), un esprit préoccupé aussi par l'état de sa fille....

J'ai un vrai coup de coeur pour cette BD qui parvient à restituer un Joyce complexe, à la fois agaçant et attachant. On rit beaucoup, parfois jaune, parfois aux éclats. On s'émeut aussi. La fin, à ce propos, est particulièrement réussie.

Quelques images - de très mauvaise qualité parce que j'ai juste un souci d'appareil photo en ce moment...

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Les vignettes à la fois simples et détaillées, agréables à lire. J'ai aimé la manière dont sont dessinées les jambes de Joyce se promenant (oui, détail un peu incongru, mais ça rend bien le promeneur qu'il était). Et l'image de Joyce après sa mort, c'est carrément une extra-bonne idée !

Bref, un coup de chapeau à Alfonso Zapico. Le livre se termine par une postface : le texte écrit par Valery Larbaud pour une conférence consacrée à Joyce en 1922, qui restitue le contexte littéraire de l'époque.

Avec ce livre, on apprend beaucoup en se divertissant. Je le classe parmi mes coups de coeur de l'année !

11 janvier 2014

Rentrée littéraire d'hiver

 

Comme tous les ans, j'attendais avec impatience de voir ce que nous réservait cette rentrée littéraire de janvier-février 2014. Eh bien je ne suis pas du tout déçue ! A priori de très bons crus vont venir gonfler nos PAL :

Tout d'abord, côté littérature irlandaise, c'est le retour de Maggie O'Farrell (youpi !)

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Quant à Sam Millar, ex-de l'IRA devenu écrivain , il nous emmène du côté des Chiens de Belfast. Je ne connais pas encore cet auteur, mais j'ai Poussière tu seras dans ma PAL, et l'on s'est donné rendez-vous pour bientôt (avec le livre, j'entends !)

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J'en profite pour signaler que la dernière aventure du détective de Galway, Jack Taylor, est sortie depuis le mois d'octobre. J'espère que ce n'est pas sa dernière enquête, mais vu le titre et la couverture je suis un peu inquiète ! J'espère que Ken Bruen ne va pas flinguer ce chouchou-là, à l'humour inimitable !

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Côté littérature anglaise, c'est avec une grande joie que je constate qu'enfin, Ian McEwan s'est remis au boulot :

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et que Jonathan Coe aussi :

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Enfin, côté littérature nordique, j'avoue que j'attends avec impatience le 6 février prochain pour retrouver mon inspecteur chouchoutissime, Erlendur, et son créateur non moin chouchoutissime, Arnaldur Indridason,  avec Le Duel.

Bon, voilà ! C'est mon libraire qui va être content de me voir arriver avec toutes ses belles envies. En tout cas, on ne recause !

Enfin, dernière chose : je vais rarement consulter Ebuzzingtrucbidule. Mais je l'ai fait il y a quelques jours et j'ai constaté ça :

Stat janvier 2014

Je ne cours pas après la gloire mais j'avoue que c'est quand même sympa ! :-)

 

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