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1 novembre 2010

Le dico féérique T2 "Le règne animal"

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Si vous voulez tout savoir sur la légende du Petit Chaperon Rouge ou encore des Black Dog qui ont notamment inspiré Sir Conan Doyle pour ses Chiens de Baskerville, ce livre est pour vous ! Mais peut-être préférerez-vous vous renseigner sur le Neko  du Japon, la Levrette du Berry ou les Ursik écossais ? Alors ce livre est pour vous aussi.

Richement illustré et d'une érudition étonnante mais très facile à lire, ce Dictionnaire de André-François Ruaud nous guide dans l'univers de l'Autre monde. Un indispensable pour toutes les amateurs de fantasy et de féérie.

Jai apprécié de me promener gré des pages parmi toutes ces créatures dont certaines peuplaient mon enfance (le Chat Botté, la Grenouille Bienfaisante de Mme d'Aulnoy ou Ysengrin le Renart, les Enfants du Roi Lir) mais aussi d'en découvrir une quantité phénoménale qui m'étaient parfaitement inconnues.

Une chose est sûre, après la lecture de ce livre, vous ne regarderez plus tous les animaux toute à fait de la même manière !

Je n'ai pas lu le premier volume de cette série de dico qui en compte trois et dont le prochain  a paraître sera  Le Règne végétal - le Dico des créatures oubliées. Je pense que je vais guetter ça de plus près !

Voici le 1er volume déjà paru :

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Un grand merci à Babelio et à Les Moutons Electriques Editeur pour l'envoi.

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26 octobre 2010

Juliet, naked

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4e de couverture : "A Gooleness, petite station balnéaire surannée du nord de l'Angleterre, Annie, la quarantaine sonnante, se demande ce qu'elle a fait des quinze dernières années de sa vie... En couple avec Duncan, dont la passion obsessionnelle pour Tucker Crowe, un ex-chanteur des eighties, commence sérieusement à l'agacer, elle s'apprête à faire sa révolution. Un pèlerinage de trop sur les traces de l'idole et surtout la sortie inattendue d'un nouvel album, Juliet, Naked, mettent le feu aux poudres. Mais se réveiller en colère après quinze ans de somnambulisme n'est pas de tout repos ! Annie est loin de se douter que sa vie, plus que jamais, est liée à celle de Crowe qui, de sa retraite américaine, regarde sa vie partir à vau-l'eau... Reste plus qu'à gérer la crise avec humour et plus si affinités... "

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : ce livre est très reposant par son humour, pourtant corrosif. Les personnages sont des nazes, de vrais gamins quand on y regarde de plus près. Surtout Ducan, l'ami puis "ex". En effet, sa vie est tellement vide de sens que le seul sens à sa vie est de connaître dans les moindres détails la vie d'un obscur chanteur ayant arrêté de chanter depuis 20 ans, Tucker Crowe, et d'en faire un génie arrêté en pleine gloire via son site Internet. Surtout que, du coup, il n'a pas grand chose à dire sur lui... Annie est sans doute un personnage qui s'interroge davantage sur le sens de sa vie, justement, à 40 ans sonnant et trébuchant, sans enfant, responsable d'un musée où elle est chargée de monter une expo sur le trou perdu où elle et Duckan habitent, une station balnéaire,  Gooleness (à ne pas confondre avec Goodness), dont l'apogée aurait été atteinte en 1964. Seulement voilà, à part un oeil de requin dans un bocal, elle n'a pas grand chose à exposer, n'en déplaise au maire. 

Nick Hornby prend ici un malin plaisir à démonter le "fanatisme", surtout celui de "variété"  et à déglinguer, au fur et à mesure, sous les yeux du lecteur, le soi-disant mythe, pilier de la raison de vivre de Ducan. Je ne peux pas en dire plus sous peine de révéler la supercherie mais franchement, c'est tordant .

En fait, le seul qui a l'air d'être un adulte dans cette histoire, c'est le fils de Tucker Crowe, Jackson, six ans. Son personnage est un brin invraisemblable, mais c'est pour mieux faire ressortir l'immaturité des adultes de ce roman.

C'est le premier roman que je lis de Nick Hornby, et je dois dire qu'il m'a bien détendue et surpris par l'intelligence cachée derrière un humour qui, au premier abord, pourrait paraître inoffensif. Une force tranquille.

24 octobre 2010

La pré-sélection pour mon jury !

Youpi ! J'ai enfin découvert quels sont les titres que je vais devoir lire pour mon jury ! J'attendais ce moment avec impatience...

Catégorie "roman" :

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Catégorie "roman policier" :

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Catégorie "documentaire" :

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Après lecture des sept livres, je vais devoir les noter et les commenter tous les sept (comme c'est le cas pour les autres mois où je ne fais pas partie du jury principal), Un livre de chaque catégorie sera ensuite sélectionné en fonction des notes attribuées par le jury dont je fais partie. Les heureux élus seront ensuite lus par les autres jurys du Grand Prix Littéraire. Ce qui rend la chose encore plus palpitante c'est que je n'ai jamais lu aucun des auteurs. Donc pour moi, c'est une découverte "totale"...

19 octobre 2010

Mémoires à contre-vent

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Peter Adam nous livre ici ses mémoires dans un ouvrage dense qui couvre la période de 1932 à 1989. S'il parle un peu de lui-même, il évoque surtout la vie autour de lui, comme témoin de l'Histoire, notamment celle de la Seconde Guerre Mondiale et de l'après-guerre, en tant que jeune juif allemand à Berlin (né d'un père juif et d'une mère protestante et baptisé catholique) et issu d'un milieu bourgeois, d'une famille de "nantis", ce dont il ne se cache pas . C'est cette période de sa vie que j'ai trouvé la plus intéressante pour un lecteur français, habitué à avoir une autre vision de l'Allemagne et qui oublie souvent ce qu'a pu être la souffrance des citoyens allemands, obligés de subir le nazisme. Ainsi, nous découvrons le Berlin nazifié et sa pauvreté intellectuelle, la germanisation des autres cultures car les "nazis étaient très doués pour germaniser la culture des autres" . Peter Adam nous livre aussi les modestes actes de résistance des Allemands contre le régime du
IIIe Reich : " Il y avait peu de résistance organisée, mais il existait des nuances de comportement. (...) Nous connaissions des personnes courageuses qui au moins faisaient un petit geste, ce qui, dans ces circonstances, était héroïque. Ne pas donner de l'argent à la collecte des Jeunesse hitlériennes sous prétexte de ne pas avoir de monnaie ; ne jamais saluer par un Heil Hitler (...). Il y avait des gens qui refusaient de s'asseoir dans les transports publics quand ils voyaient un homme ou une femme avec l'étoile de David qui, eux, n'avaient pas le droit à un siège." L'auteur rappelle également quelque chose dont un lecteur français a parfois peu conscience ou oublie facilement puisque se situant naturellement dans le camp des Alliés : le fait que Berlin fut la ville d'Europe la plus bombardée, que "le spectacle de la guerre, dans sa totale barbarie, était omniprésent", que "les attaques sans pitié avaient un effet profondément démoralisant", que "partout en Allemagne, des musées, des cathédrales et des monuments étaient réduits en cendres", que "la moitié de la population avait perdu sa maison et plus d'un million de civils avaient péri dans les bombardements", d'autant plus que les bombes explosives furent remplacées par des bombes incendiaires. Et, paradoxalement, ce ne fut pas la guerre qui fut la plus difficile pour la famille Adam, mais l'après-guerre avec l'anéantissement de l'Allemagne : c'est à ce moment-là que l'auteur a le plus souffert de la faim (rationnement de 1500 calories par personne), du froid (l'hiver 1946 fut le plus rigoureux depuis 30 ans, avec des -20 degrés) et de l'explosion du marché noir (les cigarettes américaines devenant une monnaie d'échange!). Ces évocations m'ont particulièrement touchée, moi, petite-fille de Résistant français. En outre, le tour de force des mémoires de cette période est de ne pas faire dans le "pathos". Les faits sont relatés de manière journalistique, comme un constat. Il n'y a rien de trop. Emouvant également la rencontre des gamins allemands avec les soldats noirs-américains : eux à qui les nazis avaient inculqués qu'ils étaient d'une "race supérieure", s'aperçoivent que ces soldats ont bon coeur et leur donnent facilement des friandises (bonbons, chewing-gums ou oranges).

La deuxième chose qui m'a frappée dans ces mémoires, c'est le nombre de personnalités que Peter Adam a côtoyé, avant même de devenir journaliste ! Pendant un moment, je me suis demandée si cela était véridique tellement cela paraît incroyable : Jean Cocteau, Bertholt Brecht, Françoise Sagan, Luchino Visconti et tant d'autres. Le lecteur (re)revit les différentes époques de la vie culturelle et artistique du siècle, notamment l'innovation théâtrale de Brecht (qui a voulu créé un théâtre pour tous), la Nouvelle Vague et tant de choses.

A plus d'un titre donc, ce livre est un excellent témoignage sur le XXe siècle, écrit dans un style limpide, sur un ton juste et agrémenté de nombreuses photographies d'époque.

Lu dans le cadre du

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15 octobre 2010

Treize heures

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4e de couverture : "Le Cap. 5h36: une Américaine monte la côte de Lion's Head en courant. Elle est jeune, belle, et terrifiée. Parce que traquée. Comme une bête. 5h37 : l'appel réveille l'inspecteur Benny Griessel. Il y a eu meurtre. Une femme, la gorge tranchée, à deux pas de St. Martin, l'église luthérienne de Long Street. 7h02: saoule, l'ex-sensation du chant Alexa Barnard découvre le cadavre de son mari volage par terre. Et un pistolet juste à côté d'elle. 9h00: avec deux meurtres à résoudre et une insupportable envie de boire, Griessel comprend que former une nouvelle génération de flics risque d'être plus compliqué que prévu. Passé 12h00: la course contre la montre engagée pour sauver une jeune touriste de la mort vire au cauchemar. Et à 5h30, on tire sur Griessel, en plein coeur. Soit treize heures ordinaires dans la vie d'un inspecteur des homicides du Cap."

Treize heures en Afrique du Sud, au Cap et ses environs, voici ce que nous propose Deon Meyer. La journée commence à 5h36, pour l'inspecteur alcoolique africaner Benny Griessel, réveillé en sursaut par son téléphone portable. Au bout du fil, son collègue Vusumuzi Ndabeni, a un cadavre sur les bras : une jeune femme égorgée. Au même moment, une femme court à perdre haleine, poursuivit par des tueurs. La journée commence "fort" !

En effet, Deon Meyer nous montre toute l'intensité de la vie de son pays. Il déroule son roman par courtes séquences narratives et démultiplie des scènes qui a priori n'ont rien à voir les unes avec les autres. Au fur et à mesure, le mystère se lève sur les personnages et les scènes éparpillées finissent par trouver toute leur place dans une sorte de tableau géant où sont dépeints à merveille les problèmes de la société sud-africaine post-appartheid.

L'inspecteur Griessel Meyer découvre rapidement que la jeune femme égorgée était une touriste américaine, Erin Russell et qu'elle était accompagnée d'une amie, Rachel Anderson, qui fuit des tueurs, mais aussi la police ! C'est en tout cas ce qu'elle a confié à ses parents lors d'un coup de fil paniqué. Le fait qu'il s'agisse d'un meurtre de touristes, américaines de surcroit, met toute la police du pays sur les dents : l'image de l'Afrique du Sud va encore être écornée alors que le tourisme est vital pour l'économie du pays ! Il faut donc absolument sauver Rachel et arrêter les meurtriers, il en va de "l'intérêt national" car le tourisme c'est "les devises, les créations d'emplois. C'est [la] plus grosse industrie et [le] principal moyen d'améliorer [les] conditions de vie". Donc on n'hésite pas à appeler des renforts et à mettre l'inspectrice de province zoulou Mbali Kaleni sur l'affaire, d'autant, que Adam Barnard, pdg d'une maison de disques, a été retrouvé mort chez lui. Il y a donc de quoi faire pour redorer l'image de marque du pays.

Seulement voilà, les rivalités ethniques, les jalousies ne manquent au sein de la police sud africaine et c'est avec douleur que l'on assiste aux réflexions racistes du collègue métisse de Mbali Kaleni, l'inspecteur Fransman Dekker, pour qui la "discrimination positive" post-appartheid est mal vécue, "parce qu'ils mettent les négros avant" , et que lui est "réduit à l'état de statitstique, d'autant plus que le commissaire n'a d'yeux que pour ces "foutus Xhosas". Pourtant toute l'équipe policière déployée est sympathique aux yeux du lecteurs car ils ne ménagent pas leur temps ni leurs forces, quitte à mettre leur vie en jeu. Et c'est ensemble qu'ils arriveront à avancer sur les différentes affaires qui leur sont confiées, sous la houlette de Benny Griessel, un Blanc un brin philosophe, tout comme le vieil homme historien, qui cache Rachel pour la sauver des tueurs, une sorte de mémoire sud-africaine qui explique que les Afrikaners ont, selon lui, vécu des épreuves similaires à celles des Noirs, mais qu'ensuite ils se sont relevés mais ont été corrompus par le pouvoir, comme le gouvernement noir est en train de l'être.

Car la corruption - et donc les traffics - ne manque pas, en effet. C'est bien là que nous mèneront les différentes enquêtes : celles du meurtre d'Adam Barnard, celles des meutriers d'Erin Russell et poursuivant de Rachel Anderson. Et c'est avec effroi que l'on découvre une certaine vérité sud africaine, une certaine image qui n'est pas tout à fait fausse... Mais heureusement, avec des policiers et des citoyens capables de surmonter les tensions ethniques, le problème de langues et d'accents (particularité de la prononciation afrikaner, entre autres, mais quelle belle trouvaille pour l'intrigue !), on se dit que l'Espoir est là.

J'ai vraiment apprécié cette peinture sud-africaine qui allie intrigue policière et étude sociologique, dans un style simple, direct et incisif. L'incursion dans le monde musical sud-africain était également fort sympathique.
C'est le premier roman que je lis de Deon Meyer et sans doute pas le dernier !

Lu dans le cadre du

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11 octobre 2010

Page noire

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Présentation éditeur : "New York de nos jours. Il s'appelle Carson Mc Neal. C'est un phénomène de l'édition. Écrivain immensément talentueux, il est l'auteur de best-sellers traduits dans le monde entier et adaptés au cinéma. Pourtant, personne ne sait vraiment qui il est. Sa vie est un mystère. Il n'a jamais accordé d'interview, n'est jamais paru en public, aucune photo de lui n'existe... Elle s'appelle Kerry Stevens. Cette jeune blondinette à taches de rousseur est critique littéraire pour le réputé Tales & Writers. Elle n'a qu'une idée en tête, être la première à percer le mystère McNeal. Elle est prête à tout pour le rencontrer, l'interroger sur son prochain roman. Justement, McNeal y travaille. Son héroïne est Afia, une jeune Palestinienne cherchant à renouer les fils de sa pauvre existence qui, de la prostitution à l'enfer de la drogue, l'a menée en prison, dont elle sort aujourd'hui avec rien ni personne pour l'attendre. Enfant, elle a perdu toute sa famille, massacrée par les Phalangistes au Liban. Elle est la seule à avoir survécu. Depuis, plongée dans le trou noir de sa mémoire, incapable de se souvenir de ce qui s'est réellement passé ce jour tragique, elle est hantée par de terribles cauchemars récurrents et ne parvient pas à se détacher de ce terrible passé. À la recherche de son exploit journalistique, Kerry est bien loin de se douter qu'elle s'apprête à enclencher une mécanique implacable... "

Pour changer un peu, varier les plaisirs, j'avais envie de me remettre à lire de la BD.

Page noire m'a attirée par son sujet ayant trait au monde de l'édition et à la création littéraire, sur fond historique de guerre du Liban de surcroît ! Et je n'ai pas été déçue ! J'ai la mise en abyme de la lecture, le roman dans l'histoire, la BD dans la BD, et des deux récits parallèles : celui de la BD avec l'enquête de Kerry Stevens, jeune femme qui rêve de devenir journaliste et qui mène son enquête sur le fameux écrivain McNeal dont personne n'a jamais vu le visage ; celui du roman de ce dernier, que le lecteur découvre en même temps que l'héroïne. Il a pour thème la guerre du Liban, le massacre des Phalangistes, dont seule la petit Afia - devenue grande - a été épargnée.

Quant à la fin, elle est tout simplement géniale !

De bonnes retrouvailles avec l'univers du monde dessiné donc, d'autant plus que cette BD est aussi une réflexion sur la création artistique et littéraire, sur la vérité et le mensonge, la réalité et la fiction mais aussi le pardon. J'ai adoré !

Juste une remarque sur le graphisme : j'ai trouvé Afia un peu trop masculine (un vrai mec) et les dessin manquent parfois une tout petit peu de finesse.

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Merci à Babelio et aux éditions Futuropolis pour l'envoi du livre dans le cadre de la Masse Critique de septembre.

6 octobre 2010

Masse critique revient !

Demain matin à l'aube, à vos claviers ! J'ai été une heureuse chanceuse par deux fois, vais-je me laisser tenter par ce spécial "littérature de l'imaginaire" ?

Exceptionnellement ouvert à ceux qui n'ont pas de blogs !

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4 octobre 2010

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4e de couverture : "Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l'enfance dans sa cage d'or à Saigon, l'arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d'un bateau au large du golfe de Siam, l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, ru dit le vide et le trop-plein, l'égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d'un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d'argent ou la puissance d'une odeur d'assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d'hier et d'aujourd'hui avec la maîtrise d'un grand écrivain."

Par ce roman court mais dense, Kim Thuy donne la parole à une narratrice, Nguyen An Tinh, qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau : celle d'une femme vietnamienne d'origine chinoise, issue de la bourgeoisie de Saïgon. Père préfet, mère femme au foyer n'ayant jamais tenu un balai. Une famille poussée à l'exil par la victoire des communistes, les camps de rééducation et la confiscation de leurs biens, sous la surveillance d'un jeune inspecteur qui "avait marché dans la jungle depuis l'âge de douze ans pour libérer le sud du Vietnam des mains "poilues" des Américains". La narratrice a parfaitement conscience de son état de privilégiée et remarque que "les filles et les garçons de la jungle possédaient tous les mêmes effets: un casque vert, des sandales faites de lanières de pneus usés, un uniforme et un foulard à carreaux noirs et blancs. L'inventaire de leur bien prenait trois secondes, contrairement au nôtre, qui dura un an".

C'est l'exil et ses conséquences qui nous sont contés, mais aussi une page forte de l'histoire du Vietnam. La fuite dans la cale nauséabonde d'un bateau, partant "clandestinement" en toute connaissance de cause, tout simplement parce qu'il transporte des Viêtnamiens d'origine chinoise, autrement dit, aux yeux des communistes, des "anticommuniste de par leur origine ethnique, de par leur accent". Même si ces boat people ont emporté avec eux leurs souvenirs et toute la fortune qui pouvait l'être (des dollars cachés dans les serviettes hygiéniques des femmes, les diamants dissimulés dans des braclets d'acrylique ou des cols de chemise), c'est pourtant une toute autre vie qui les attend. La narratrice, après avoir vécu avec ses concitoyens entassés dans un camp de réfugiés en Malaisie , au milieu des excréments et des vers blancs, a dû se reconstuire une identité et une vie au Québec, qui feront d'elle quelqu'un de différent, à tout jamais, une personne naviguant sans cesse entre passé et présent, racines sino-vietnamiennes et culture canadienne.

La narration, très "aérée" et aérienne, faite de textes brefs, sans vraiment de chronologie, à la manière d'une pensée vagabonde, file tel un "ru"  - un petit ruisseau -, sans pourtant gêner la lecture et la compréhension des événements. Kim Thuy donne à voir une série d'instantanés où le passé et le présent se rejoignent, pour ne faire qu'un : celui de l'identité complexe de la narratrice, au sens fort du terme.

J'ai beaucoup apprécié ce tour de force littéraire ou comment l'écrivaine arrive à dire tant de choses en si peu de mots, sans jamais étouffer ou affliger le lecteur malgré les vérités crues qu'elle décrit. Au contraire, elle le berce et l'émeut tout à la fois.

Ce livre est le récit pudique et "zen" d'une femme qui ne s'apitoie jamais sur son sort. Elle porte sur elle-même , sa famille et l'histoire du Viêtnam, un regard distant, touchant et dépourvu de rancoeur. J'ai vraiment été charmée et bercée par les mots ! Une belle découverte.

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27 septembre 2010

La troisième Miss Symons

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4e de couverture : "Pourquoi est-ce que les gens ne m'aiment pas? " se demande Henrietta. Vilain petit canard d'une famille victorienne de sept enfants, dont elle est la troisième fille, Henrietta ne possède ni la beauté ni l'art de se faire aimer par tes autres. Différente de ses frères et soeurs, elle ne s'entend pas avec eux. Elle trouve alors refuge dans un monde imaginaire, ce qui exacerbe son mauvais caractère et l'exclut un peu plus en éloignant d'elle les personnes qu'elle affectionne. Plus tard, alors que ses frères et soeurs sont mariés et ont des enfants, Henrietta va arpenter le monde en quête de quelque chose pour combler son manque affectif. Quel sera alors le destin de cette jeune fille dans une société où les femmes n'ont d'autre porte de sortie que le mariage et la maternité ? Avec ironie et un sens étonnamment moderne du récit, Flora M. Mayor scrute ce qui fait la réussite ou l'échec d'une vie, entre le poids des circonstances extérieures et la part de la responsabilité individuelle.
Flora M. Mayor est née en Angleterre en 1872 où elle est décédée en 1932. Véritable " enfant littéraire " de Jane Austen, elle fut remarquée et éditée par Virginia Woolf. Elle est l'auteur de trois romans, dont La troisième Miss Symons, publié pour la première fois en Angleterre en 1913, de nouvelles, et de poèmes, qui n'ont jusqu'à présent encore jamais été traduits en français."

Ce roman est délicieux et bourré d'ironie. Ou comment une enfant mal-aimée parce qu'elle n'a pas la langue dans sa poche et laisse ses sentiments s'exprimer avec spontanéité, finit part devenir une vieille fille irascible et réactionnaire. Et il faut dire qu'elle n'a pas de chance Henrietta : c'est sa soeur aînée qui lui pique son prince charmant. Après un "plan" pareil il y a de quoi l'avoir mauvaise.

Henrietta est un personnage qui n'entre pas dans le moule victorien de l'époque, trop étroit et hypocrite pour elle, même si elle essaie de s'y immiscer au début. Echouant à devenir ce qu'on attend d'elle (une femme mariée et une mère de famille convenable) et à se lier d'amitié avec autruit, elle se crée un personnage, une amie imaginaire puis un amant tout aussi fantasmatique pour combler sa solitude. Elle se met à voyager pour se fuire elle-même car tout de même, elle a largement sa part de responsabilité dans ce qui lui arrive, même si les autres n'ont pas été spécialement tendres avec elle. Henrietta m'a tour à tour fait pitié et agacée car elle est à la fois prétentieuse, "crûche" et naïve.

Un texte écrit dans un style fluide, direct, sans concession. J'espère bien que les deux autres roman de Flora M. Mayor seront publiés en France car ce fut une belle découverte d'une écrivaine inconnue ici.

25 septembre 2010

Petit dico de U2

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4e de couverture : "De leur rencontre dans une petite cuisine de Dublin aux plus grands stades du monde, les quatre membres de U2 sont devenus en une trentaine d'années les acteurs du plus grand groupe de rock du monde. Concerts gigantesques, albums mythiques vendus à des millions d'exemplaires, U2 enchaîne les succès et les records sans jamais décevoir les fans. Un groupe désormais légendaire emmené par un Bono tout aussi capable de s'engager dans les plus grandes causes humanitaires. Quand le rock va à la rencontre de l'intelligence, quand la musique flirte avec l'engagement politique, U2 n'est jamais très loin. De "Another Day" à "Zooropa", en passant par "Bloody Sunday", "Nelson Mandela" ou encore "Jean Paul II", sans oublier toutes les références à la France, revivez à travers plus de 100 mots, l'histoire incroyable et inattendue de quatre adolescents, bouleversés par leur Irlande déchirée par la guerre civile, et devenus, depuis, quatre monstres du rock mondial. "

Un petit livre au format poche fort bien documenté par un vrai fan du groupe. J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver certaines anecdotes et à en découvrir d'autres.

Par contre, ne faites pas comme moi : ne commencez pas ce livre par le début pour le terminer par la fin ou gare à la redondance ! Il s'agit bien d'un dictionnaire donc il faut le feuilleter comme tel.
Par contre, je me suis interrogée sur la couverture : pourquoi Bono et pas le groupe en entier ? Le titre annonce un dico sur U2 et non sur Bono. Le leader du groupe occupe une grande place dans le dictionnaire. On y apprend d'ailleurs qu'il séjourne régulièrement en France, dans les Alpes Maritimes où il possède une villa...

Petit bémol aussi sur la 4e de couverture : la guerre civile en Irlande dans les années 60... Une précision importante serait à apporter : plus de guerre civile en République d'Irlande mais seulement en Irlande du Nord. Ce n'est pas là que vivaient les 4 du groupe.

Merci aux Editions du Rocher et à Babelio pour l'envoi du livre dans le cadre de la Masse Critique.

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