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Mille (et une) lectures

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Mille (et une) lectures
18 août 2010

Ma vie est tout à fait fascinante

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Franchement, j'ai rigolé toute la soirée avec ce petit livre...
Quelques extraits :

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Du coup, j'ai acheté le volume 1 de Joséphine...

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13 août 2010

Emmeline

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4e de couverture : "Nous sommes à Londres, dans les années trente. Emmeline, vingt-cinq ans, est responsable d'une agence de voyages et partage son toit avec la veuve de son frère, Cecilia. Si tontes deux sont. jeunes, jolies et célibataires, leurs caractères sont aux antipodes : l'indépendante et romanesque Cecilia fascine la timide Emmeline. Leur recherche de l'amour va naturellement les conduire sur des chemins opposés. Tandis que Cecilia se lance avec habileté à la conquête d'un héritier, Emmeline, sous l'influence de sa belle-sœur et de sa vipère de tante, tombe dans les filets d'un égoïste quadragénaire... Face au Mal, l'Innocence dispose-t-elle d'un autre recours que la Vengeance ? "

Elizabeth Bowen offre avec Emmeline (titre VO : To the North) écrit en 1932, un roman so british. Un univers feutré mais où tous les coups bas sont permis pour obliger les réfractaires à rester dans les rails. J'ai détesté la tante Lady Waters ("Georgina, pour les intimes), la commère qui ferait bien de s'occuper de ses oignons. Je n'ai pas davantage apprécié Markie,  qui n'a pas vraiment le courage de ses opinions. J'ai trouvé que Cecilia était plus perfide et plus influençable qu'elle n'en avait l'air. Et qu'en fin de compte, la vraie femme forte dans cette histoire c'est bien Emmeline. Une vraie femme en avance sur son temps, à la tête d'une agence de voyage, qui se frotte au monde des affaires et du travail. A côté d'elles, Cecilia et Lady Waters paraissent d'un autre temps, la seule chose qui leur importe, c'est le mariage et surtout le "qu'en dira-t-on" ...

Le récit s'échappe parfois hors du salon pour donner à voir au lecteur un tout petit peu du monde extérieur. J'ai bien aimé l'épisode de la révolte de la secrétaire à l'agence,  qui, débordée de travail et en mal de reconnaissance, n'hésite pas à critiquer ses employeurs et à balancer à Emmeline : "Ce qu'il y a, c'est simplement que je suis humaine (...) si on mourait sur sa chaise ou si on s'évanouissait, simplement il se pourrait bien que vous le remarquiez! " Et les taxis parisiens, à cette époque déjà, avait la réputation de mal conduire, c'est ce que témoigne le voyage d'Emmeline et de Markie dans la capitale... Un cliché qui m'a fait sourire, un petit coup de dent britannique envers les froggies...

Elizabeth Bowen joue à merveille avec ses personnages et les apparences au fil du roman, ce qui invite le lecteur à s'interroger sur leur nature réelle. Le tout dans style fluide et poétique. J'ai regretté la fin tragique de l'histoire mais elle démontre à quel point les femmes étaient encore prisonnières des carcans d'une certaine société, en ce début de XXe siècle...

C'est le premier roman que je lis de cette Irlandaise, après avoir découvert sa mini-autobiographie il y a peu, avec Sept hivers à Dublin. J'ai déjà programmé d'en lire un autre d'elle, Dernier Automne, antérieur à Emmeline, qui évoque la vie des Anglo-irlandais au début des troubles en Irlande dans les années 20. Affaire à suivre donc et écrivaine à redécouvrir, c'est sûr !

11 août 2010

La bicyclette de la violence

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4e de couverture : "Le jeune Miller boit trop. Il est gros et moche comme les sept péchés capitaux et ses proches sont tous morts plus bêtement les uns que les autres lors des deux dernières années. Aussi, lorsque son journal le mute pour raisons disciplinaires dans la banlieue la plus dure de Belfast ça ne lui fait ni chaud ni froid. Miller déteste de toute façon cette ville, les gens, les meurtres et les alertes à la bombe. Mais il reste un excellent journaliste ; le fouille-merde par excellence ; celui dont les questions vont réveiller les morts..."

Franchement, si vous voulez passer un bon moment avec un livre qui ne donne pas mal à la tête tout en étant très bien fait, je ne peux que vous conseiller de choisir celui-ci. D'abord, c'est absolument hilarant. Miller, journaliste de son état, qui se déplace sur un vélo (la bicyclette de la violence) pour faire ses reportages, est nettement moins bête qu'il en a l'air et c'est un crème, mais vraiment un crème de gars. Mais attention, si on le cherche, on le trouve ! Et celle qui le trouve, c'est la toute aussi déjantée et paumée Marie. Ce livre raconte leur histoire d'amour avec pour lieu d'action le blède glauque de Crossmaheart, 60 km de Belfast, où le rédac chef a exilé pour quelque temps Miller (ne cherchez pas sur une carte si cette ville existe, c'est pas la peine!).

L'histoire, je vous laisse la découvrir vous-même. Mais je vous préviens, votre petit coeur va se serrer et fondre à la fin. Non, vraiment la vie est trop trop injuste avec Miller et Mary.

J'ai bien l'intention de poursuivre ma découverte de Colin Bateman et c'est bien désolant que seuls 4 ou 5 livres soient accessibles en France car il en a écrit des wagons depuis celui-ci qui date de 1995 (paru en France seulement en 2004) !

Quelques extraits :

" Il lui préparait des toasts à la banane, des sandwichs au jambon et au coleslaw. Un dimanche, il se risqua même à faire un poulet au micro-ondes. Il sortit du four une espèce de grosse pelote de ficelle, entourée de choux de Bruxelles explosés."

" - Hé, toi!
Webb fit la sourde oreille.
- Hé, Kojak !
Webb leva les yeux. "Oui. Quoi ?"
- Tiens, ricana Miller, d'une voix pâteuse, tu réponds pas quand je t'apelle, mais si je dis "hé, Kojak!", tu réagis au quart de tour! Tu ferais pas un complexe, rapport à tes cheveux, là ?"

"A cent mètres de chez lui, il avait repéré une épicerie Good Neighbour, tenue par une dondon à gueule de raie"

"Avez-vous vu Les Hommes du Président ?
- Avec Dustin Hoffman et Robert Redford? Vous connaissez un journaliste qui ait manqué ça!
- Alors admettons que je sois votre Deap Throat.
- Vous voulez que je baisse l'abat-jour?
- Le moment est mal choisi pour faire l'andouille!"

Voir aussi mon billet sur Divorce, Jack ! qui m'avait déjà beaucoup plu.

9 août 2010

Rupture

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4e de couverture : "Samuel Szajkowski enseigne l’histoire dans une école secondaire, mais aussi d’autres matières car on manque de personnel. Par un été torride, il entre dans une salle, ouvre le feu et tue trois élèves et un collègue avant de retourner son arme contre lui.
Au fil de son enquête, l’inspecteur Lucia May se heurte à la complexité - souvenirs flous, mensonges, mauvaise volonté - des témoignages des professeurs et des élèves. Plusieurs vérités successives apparaissent. Ce drame fait désordre dans la communauté, et il importe que l’affaire soit bouclée vite fait, bien fait. Version officielle : le Polonais était un psychopathe. Mais Lucia suspecte qu’il y a davantage en jeu et tient à creuser malgré tout. Ce qu’elle va découvrir est terrifiant.
Cruauté des enfants, harcèlement d’un professeur par des gamins gâtés que soutiennent leurs parents influents, hypocrisie des pouvoirs publics et de la direction de l’établissement, petites vengeances d’enseignants frustrés et peu considérés, état déplorable du système éducatif anglais : Rupture parle d’un mal bien contemporain."

Avec Rupture, Simon Lelic nous plonge dans un roman policier anglais pas comme les autres. Le lieu du drame est celui de l'Ecole où un jeune professeur d'histoire, Samuel Szajkowski, tue quatre personnes - trois élèves et une collègue - avant de se donner la mort. L'inspecteur de police Lucia May est chargée d'établir un rapport afin que l'affaire soit classée au plus vite, à savoir que le tueur était un fou, un monstre. Mais au fur et à mesure de son enquête, ce qu'elle découvre est d'une toute autre ampleur et l'affaire ne peut être classée si facilement. Sa découverte dérange sa hiérarchie qui l'écarte alors de l'affaire. Mais l'enquêtrice en fait fi, continue et donne à voir au lecteur une vérité dérangeante.

L'enquête repose sur les enregistrements des interrogatoires menés. Celui d'enseignants, d'élèves, de parents d'élèves dont l'enfant a été tué dans le carnage, celui du directeur du collège, Mr Travis, et de sa secrétaire. Les pièces à conviction sont alignées au fur et à mesure sous les yeux du lecteur, qui découvre, comme le dit Lucia, que "ce n'est pas toujours celui qui appuie sur la détente qui est responsable".

Dans ce roman policier, Simon Lelic brosse un portrait peu reluisant de la société anglaise contemporaine et en particulier de son système éducatif où règne la loi de l'omerta.
Mr Travis est une caricature : comme le veut le système britannique, il recrute lui-même ses enseignants. Cependant, il n'a pour eux que peu d'estime, comme il a peu d'estime pour les élèves et ses compatriotes en général : "La majeure partie de la population adulte de ce pays sait à peine compter ses orteils, en admettant qu'elle soit capable de regarder plus bas que son ventre pour les localiser. (...) Les enseignants (...) ne se préoccupent que d'eux-mêmes". Pour lui, ce qui compte, ce sont les mathématiques et les chiffres. Et c'est bien là le noeud du problème. Il n'a que peu d'estime pour l'humain, ce qui n'est pas sans conséquence lorsqu'on est chef d'établissement scolaire. Il accorde nettement plus d'importance à l'argent qui rentre et qui sort de son établissement, d'autant plus que son collège est en passe de recevoir des fonds privés. Alors autant que l'affaire soit classée plutôt que d'effrayer les investisseurs. D'autant plus que le collège a déjà des antécédents : Eliott, un élève persécuté par d'autres élèves, a été sauvagement agressé et finit par se suicider. Tout comme Samuel était persécuté par ses élèves qui n'ont pas hésité à lui casser une jambe ou à lui mettre un étron dans sa malette. A cela s'ajoute l'hostilité de son collègue prof de sport, "T.J." pour un motif bien futil : Samuel l'a pris pour un prof de latin, ce qu'il a été vécu comme une insulte! Un type stupide, méchant et aussi immature que les élèves dont il a la charge. Les autres enseignants, témoins des mésaventures à répétition de leur nouveau collègue ne feront rien. Par peur de Mr Travis notamment...

Dans son enquête et son travail en général, Lucia elle aussi est persécutée, victime du machisme de ses collègues, en particulier de Walter qui tente de l'intimider en l'agressant dans un parking, mais aussi de Cole, son boss, plus préoccupé de son herpès et de sa carrière que de faire jaillir la vérité.

Dans ce roman policier, le lecteur ne découvre pas un tueur psychopathe mais terriblement banal, normal, victime d'une surdose d'humiliations, de persécution mais aussi d'indifférence dans un système qui laisse peu de place à l'humain. Un roman effrayant que l'on n'oublie pas une fois refermé. Bien plus qu'un roman policier, c'est certain...

Je pense que l'on entendra reparler de Simon Lelic, dont c'est le premier roman publié en France.

Voir aussi l'avis enthousiaste d'Ankya.

Lu dans le cadre du

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4 août 2010

Les derniers jours de Stefan Zweig

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4e de couverture : "Le 22 février 1942, exilé à Pétropolis, Stefan Zweig met fin à ses jours avec sa femme, Lotte. Le geste désespéré du grand humaniste n'a cessé, depuis, de fasciner et d'émouvoir. Mêlant le réel et la fiction, ce roman restitue les six derniers mois d'une vie, de la nostalgie des fastes de Vienne à l'appel des ténèbres. Après la fuite d'Autriche, après l'Angleterre et les Etats-Unis, le couple croit fouler au Brésil une terre d'avenir. Mais l'épouvante de la guerre emportera les deux êtres dans la tourmente - Lotte, éprise jusqu'au sacrifice ultime, et Zweig, inconsolable témoin, vagabond de l'absolu."

Ce roman, du moins écrit comme tel et tiré d'un fait réel, revêt un aspect documentaire important, tant sur l'atomosphère de l'époque que sur l'état d'esprit de l'écrivain autrichien. Le rappel des événements, les crimes que commettaient les nazis à l'égard des juifs, quels qu'ils soient, célèbres ou non, l'état de psychose dans laquelle vivaient les gens, plonge immédiatement le lecteur dans une atmosphère glauque qui contribue à faire comprendre l'état d'esprit de l'écrivain autrichien en exil. Stefan Zweig fait partie des survivants. Beaucoup de ses amis se sont suicidés, d'autres ont été torturés, certains, comme lui, se sont exilés. Ses amis disparus, ceux d'un monde qu'il pense anéanti à tout jamais, le hântent : "La nuit il avait rendez-vous avec ses chers disparus. Tous ses proches passés dans l'autre monde semblaient descendre de l'au-delà pour lui rendre visite. Un cortège d'invités faisait la queue devant sa porte." Les grands écrivains, de Rilke à Thomas Mann, sont évoqués, d'un bout à l'autre du récit. Car Zweig s'interroge sur son devenir d'écrivain : "Est-on encore écrivain quand on n'est plus lu dans sa langue ? Est-ce qu'on est encore en vie lorsqu'on n'écrit plus de son vivant?".

Si les morts et disparus le hantent comme des vivants la nuit , les vivants semblent rappeler sans cesse à Stefan Zweig qu'il est en sursis. La bêtise des propos d'un chauffeur de taxi brésilien, les lettres anonymes le menaçant de mort, Rio de Janeiro truffé d'espions de la Gestapo et un régime politique brésilien fort peu démocratique, sans parler de la rencontre avec un rabbin et de Bernanos ne sont pas pour lui faire croire en un avenir meilleur. L'écrivain autrichien se sent incompris. On veut qu'il soit juif alors qu'il est athée. On attend qu'il soit un super-héros ayant le pouvoir de distribuer des visas à tous les exilés, alors qu'il se considère comme un fuyard.

La mort hante le roman tout comme elle hante Sweig depuis longtemps. Le lecteur le découvre en même temps que Lotte à la lecture de son Kleist de 1925 où il faisait l'éloge du geste funeste du poète. Dès lors, la fin tragique semble inéluctable...

Le texte est porté par un style narratif très poétique et littéraire qui contribue a accenter la dimension romanesque de l'histoire.

Ce roman restitue de manière habile l'état d'esprit de l'écrivain tout en se gardant d'expliquer vraiment son geste fatal et encore moins de le juger. Cependant, j'ai eu du mal avec le style, qui, à la longue, m'a lassée. Ce n'en est pas moins un bon roman.

Voir aussi l'avis de Mlle Curieuse et d'Ankya

Lu dans le cadre du

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2 août 2010

Les disparues de Vancouver

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4e de couverture : " Pourquoi sortir l'affaire des disparues de Vancouver au moment des Jeux olympiques ? Parce qu'elle en est le négatif absolu... D'un côté, les cimes, la blancheur, la glace, l'exploit, la vitesse, les corps vainqueurs, venus du monde entier, ce que Vancouver veut montrer au monde, une image rêvée... De l'autre, la noirceur, un gouffre au coeur de la ville, les corps vaincus, détruits, drogués, les Indiennes, l'échec, la mort, tout ce que l'on voudrait cacher. " E.F. A Vancouver, les prostituées du downtown eastside disparaissent. Soixante-neuf déjà. Parmi elles, Sarah, jolie, rieuse, pleine de vie. Mais qui se soucie du sort de ces filles qui vendent leur corps pour un peu d'héroïne ? Dans ce roman vrai, émouvant, lucide, Elise Fontenaille offre à Sarah un espoir de survie : tombeau et résurrection."

Tout commence autour d'une plaque commémorative dédiée à la mémoire de onze femmes où sont rassemblées "une centaine de femmes, la plupart indiennes" et "quelques hommes". Le lecteur apprend que ces onze femmes ne sont pas mortes, du moins pas officiellement. "Elles ont juste disparu". Chacune leur tour, en se passant le talking stick, les personnes rassemblées là évoquent ces disparues : toutes ont en commun d'être des filles du Downtown Eastside, "le pire quartier de Vancouver", "le paradis des pédophiles" où s'entassent et survivent les junkies, très majoritairement indiennes, qui se livrent à la prositution pour se payer leur dose. Leur mystérieuse disparition a été signalée à la police. Mais celle-ci rechigne à mener une enquête. Alors, pour tenter de faire bouger les choses, Wayne Leng, l'amour de Sarah, une de ces disparues, a monté un site Internet qui leur est dédié : MISSING. "C'est devenu sa vie, il y travaille jour et nuit". Il est aidé par d'autres comme le georaphic profiler Kim Rossmo qui déclare ouvertement avant de quitter le pays que "si les Disparues avaient vécu dans les bons quartiers de Vancouver, si elles avaient été des femmes blanches convenables, la police ne serait pas restée aussi longtemps sans réagir, on aurait déjà arrêté le meurtrier".

Wayne se transforme donc en enquêteur pour savoir ce qu'est devenue Sarah, sa "métisse de Black et d'Indienne", adoptée par une famille blanche libérale, qui aurait eu tout pour être heureuse si elle n'avait pas été victime du racisme et du rejet dès l'école. Le récit prend une allure de thriller effroyable qui n'est pas sans rappeler les meurtres de Jack l'Eventreur (qui s'attaquait à des prostituées). Les coups de fils anonymes à Wayne annonçant la mort de Sarah se multiplient. Le nombre de disparues ne fait qu'augmenter, la peur gagne aussi les quartiers "blancs", la mairie de Vancouver jette quelques dollars pour tenter de calmer le jeu. Jusqu'au soir où Wayne reçoit l'appel téléphonique d'un homme l'informant d'une drôle de découverte dans un mobile home : des sacs tâchés de sang avec des cartes d'identité. Mais il faudra encore 2 ans et 69 victimes avant que la police ne mette son nez dans les affaires d'un fermier de Coquitlam et découvre son congélateur avec "six têtes de femmes et deux pieds aux ongles laqués sous chaque tête". Le lecteur pense alors être arrivé au bout de l'horreur une fois le meurtrier arrêté. Mais non! Les Indiennes continuent de disparaître dans l'indifférence générale alors qu'il suffira d'un seul meurtre de femme blanche, la soeur d'un adjoint au maire de Vancouver, pour qu'on trouve la mise en garde suivante: "Ne courez pas seule dans les parcs de la ville de Vancouver, faites-vous accompagner." Alors que 69 femmes indiennes, et sans doute davantage, ont été assassinées de manière barbare, transformées en viande hâchée et mangées. "Une scène du crime comparable à un charnier du Kosovo après purification ethnique, à Ground Zero...". Ou encore qu'une seule femme blanche soit assassinée sur l'Autoroute des Larmes pour que les medias se déchaînent, alors que 29 Indiennes y avaient péri ou disparu.

Dans ce récit tiré d'un fait divers réel, Elise Fontenaille dénonce sans détour les conséquences du laxisme des autorités canadiennes vis-à-vis des filles du Downtown Eastside et l'indifférence générale des "autres" citoyens canadiens : le génocide des Indiens par le meurtre de femmes. Pour elle, l'affaire Pickton n'est que la partie émergée d'un iceberg sanglant. Une affaire qui a ébranlé tout le Canada mais ne le rend pas moins coupable, une souillure honteuse . On ne tue pas 69 Indiennes parce que le climat est humide...
Un récit-choc, au style fluide et simple, très documenté, sur les conditions sociales des Indiennes. Un livre dérangeant, qui donne la parole aux victimes, aux rescapées, aux amis et à leurs parents et qui sensibilise le lecteur à une réalité méconnue, à travers une affaire dont on a peu entendu parler en Europe, sauf erreur de notre part. Un livre dédié à la mémoire de Claude Levi-Strauss - et à toutes les Indiennes disparues - qui n'est évidemment pas un hasard. Un bel hommage à ces femmes que l'on n'entend pas.

Livre lu dans le cadre du

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21 juillet 2010

Blog en vacances

L'heure a sonné pour moi d'aller m'aérer l'esprit sous d'autres cieux !
(du moins si j'arrive à décoller car, comme j'ai toujours beaucoup de chance, il y a grève des aiguilleurs du ciel, donc ce n'est pas gagné !)

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J'embarque avec moi l'hilarant Colin Batemanarton1479_e6489

l'Indienne Anita Nair 53162848_p

et l'Irlandaise Elizabeth Bowen

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Je vous donne rendez-vous début août ! Bonnes vacances à toutes et à tous !
(mais peut-être me reverrez-vous dès demain pour cause de pays où l'on n'est jamais sûr de pouvoir partir en vacances ! )

17 juillet 2010

Hiver

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4e de couverture : "Mardi 31 janvier, 7 h 22. Il fait encore nuit à Ostergotland. Cet hiver est l'un des plus froids que l'on ait connus en Suède. Ce matin-là, Malin Fors et ses collègues de la criminelle découvrent un cadavre, nu et gelé, pendu à une branche d'arbre. Mais comment diable cet homme a-t-il atterri ici ? Meurtre ? Suicide ? Et d'où viennent ces étranges blessures qui recouvrent son corps ? D'indice en indice, de nouveaux personnages apparaissent : les trois frères d'une certaine Maria, suspectés de viol ; Joakim et Markus, deux adolescents pas très nets ; Valkyria et Rickard Skoglôf, deux marginaux adeptes de cultes vikings. Les policiers sont perplexes. Pour la première fois en France, le public est invité à faire la connaissance de la célèbre Malin Fors, qui compte déjà des millions de fans en Scandinavie."

Que dire de plus si ce n'est que ce livre est tout simplement génial !
Le secret est bien gardé, jusqu'au bout. Et c'est du solide. Jusqu'au bout le lecteur, comme la commissaire Mal Fors et son acolyte Zakarias Martinsson (dit "Zeke") doutent devant les différentes pistes qui s'offrent à eux : le meurtre de "Bengt le Ballon" est-il l'oeuvre de petites graines de racailles en puissance ne supportant pas les personnes obèses ? Mais voilà également que le meurtre ressemble absolument à un rite du solciste d'hiver des adeptes des Ases, dieux ancestraux vikings. Et la famille Murvall, marginale "brut de décoffrage" est-elle simplement coupable de port d'armes illégal et de braconnage ? Tout se tient et tout est possible.

Comme dans Eté (le volume suivant que j'ai déjà lu), Mons Kallentoft démonte les ficelles d'un meurtre certes, mais aussi sur les événements d'une vie qui font que l'on peut devenir complètement fou, jusqu'à devenir un meurtrier.
Ici l'écrivain suédois fait la part belle à l'enfance maltraitée et aux enfants abandonnés à eux-mêmes. Il pointe du doigt les vrais responsables du désastre qui en découle. Et c'est ce qui est génial chez Kallentoft : même les meurtriers ont une part d'humanité.

Un superbe roman sur l'intoléranceégalement, dont chacun peut faire preuve à un moment ou un autre de sa vie, pour des raisons qui lui sont propres.
Mal Fors, devant le mode de vie des Murvall déclare : "Qu'on puisse vivre comme ça de nos jours en Suède [...] complètement en dehors de toute normalité. C'est étrange. Complètement anachronique."
Et Zeke de répondre : "Les allocations [...]. C'est la faute à ses maudites allocations. Je parie que tout le clan bénéficie des allocations chômage et de l'aide sociale, et Dieu sait de quoi encore. Et les allocations familiales pour tout ce troupeau, ça doit se monter à une petite fortune chaque mois" Puis de réfléchir un peu plus : "Dans notre société, il y a plus de marginaux que l'on croit. Ce n'est pas si inhabituel. Rappelle-toi le groupe à Borlange, la secte Knutby, les adeptes de Sheike, la putain de moitié nord de ce pays. Bien sûr qu'il y en a aussi chez nous, et tant qu'ils ne troublent pas l'ordre public, personne ne s'y intéresse. Laisse-les vivre leur vie misérable en paix, les gens normaux aussi ne s'occupent que de leurs propres soucis. Les pauvres, les fous, les immigrés, les handicapés. Tout le monde se fiche d'eux. Sauf quand il s'agit de se prouver à quel point sa propre vie est normale. Et qui sommes-nous pour juger la vie des autres ? Peut-être sont-ils mêmes plus heureux que nous."

Les personnages de ce roman, en particulier les deux héros' sont très attachants (même si on a parfois envie de coller des claques à Zeke). Mal Fors aime toujours l'alcool (la tequila a sa préférence) et regarde sa fille devenir une jeune adolescente amoureuse (j'adore ses réactions de "maman-poule"). Une héroïne toujours aussi seule dans la vie, naviguant entre un journaliste un peu pourave et le père de sa fille.

Bref, on passe un superbe moment avec ce roman. Pour moi c'est une des séries policière de l'été à lire ABSOLUMENT !
Vous voilà prévenus :) !

11 juillet 2010

Les disparus de Dublin

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4e de couverture : "C'est là, dans son repaire, un soir d'ivresse, que le cadavre d'une inconnue déclarée morte dans de troublantes circonstances va obliger Quirke à sortir de l'ombre - à se lancer dans une enquête que tous cherchent à lui faire abandonner. Car cette enquête, qui met en cause l'Eglise toute-puissante des années 1950, menace de dynamiter la haute société catholique, de Dublin à Boston. Et de gangrener l'âme de sa propre famille, en réveillant ses blessures les plus enfouies.
Il est médecin légiste, veuf, misanthrope, souvent soûl - bref, pas très catholique. Avec Quirke, John Banville a créé un héros que vous allez adorer.
Derrière le nom de Benjamin Black, se cache le grand romancier irlandais John Banville, Booker Prize 2005 pour
La Mer"

Whaou ! Une fois le livre refermé, on reste sonné par ce roman noir ! Un vrai brûlot pas très catholique, en effet au regard du sujet auquel il s'attaque.  Bien davantage qu'un simple roman policier, Benjamin Black, pseudonyme volontaire de John Banville (dont il ne s'est jamais caché) écrit un livre bien ficelé qui démonte l'Eglise toute puissante des années 50 en Irlande et la haute société irlando-américaine. Un roman d'amours tragiques, sur fond de trafic de bébés,  de meurtres, d'histoires de "famille" bien alambiquées à l'irlandaise .

Quirke est un héros attachant. Il n'est pas policier mais médecin légiste.  C'est l'anti-héros par excellent. Un picoleur au grand coeur, mais un coeur blessé et pas trop fier de son passé. Un Irlandais orphelin de surcroît, comme beaucoup de gosses de sa génération. Il a épousé Délia au lieu d'épouser Sarah, la femme qui s'est finalement donné à Malachy, son faux frère, médecin des vivants, alors que lui est le médecin des morts... Pourtant il va faire ressurigir le passé pas très glorieux d'une certaine Irlande des années 50...

1224259218921_1Au fil des pages, le lecteur croise des personnages abîmés par la vie,  les femmes du peuple en particulier : cette pauvre Claire Stafford, infertile et malheureuse mère adoptive de la petite Christine au triste sort, la pauvre Moran qui finira mal également, cet abruti d'Andy Stafford qui ne sait pas consoler bébé Christine qui pleure... Et c'est justement par ce mystérieux bébé qu'est hanté tout le livre. Quirke et le lecteur sont entrainés par une spirale infernale et irrémédiable. La condition féminine en Irlande, le rôle de l'Eglise et de la haute société catholique  sont étalés au grand jour et ce n'est pas joli à voir. De plus, même la justice est pourrie... alors où va-t-on ? C'est la question que l'on se pose en refermant le roman alors que Quirke remet à l'inspecteur Hackett le journal secret tenu par la Moran, témoin gênant pour la haute société : "Ca va produire beaucoup de poussière si on abat les piliers de cette société. Beaucoup de poussière, de briques et de gravats. Il serait sage de se tenir à distance." déclare le policier. Ca promet...

Heureusement qu'il y a Phoebe, la pseudo-nièce de Quirke (oui, parce que rien n'est simple) : elle représente la jeunesse, l'avenir et la modernité. Une jeune femme de 20 ans qui pose un regard dur sur la génération de ses parents (qui l'ont empêché d'épouser son protestant d'amoureux alors qu'eux ont fait des choses pas franchement "clean").

Ce roman, paru en France fin 2009 mais écrit en 2006 attend une suite en cours de traduction, que personnellement j'attends avec impatience (encore un série à lire !). Merci à John Banville d'avoir eu l'idée de cette excellente série qui ne mâche pas ses mots (un style brut et sans détour pourtant élégant) et ne lâche pas le lecteur. Je le remercie également pour les quelques mots que nous avons échangés, un grand écrivain d'une simplicité et d'une modestie étonnantes.

Il s'est documenté auprès de Paul Williams, journaliste irlandais un expert du milieu, qui l'a conseillé.

Mon seul reproche concerne la traduction du titre (une fois de plus !). Le titre VO est Christine Falls et il a tout son sens.
Mais John Banville n'y est pour rien, c'est l'éditeur qui choisi les titres traduits.

5 juillet 2010

La reine des lectrices

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4e de couverture : "Que se passerait-il outre-Manche si Sa Majesté la Reine se découvrait une passion potin la lecture? Si, d'un coup, rien n'arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu'elle en vienne. à négliger ses engagements royaux? C'est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les soeurs Brontë, Jean Genet et bien d'autres défilent sous l'oeil implacable d'Elizabeth, cependant que le monde so British de Buckingham Palace s'inquiète. Du valet de chambre au prince Philip, tous grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l'implacable protocole de la maison Windsor. Un succès mondial a récompensé cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture."

Deux questions bizarroïdes que je me suis posées en refermant ce livre : "Et ce que la Reine a lu le roman ? Et si oui, qu'en a-t-elle pensé ?" :p.

Un joli petit roman (122 pages) qui ne donne pas mal à la tête et qui ne peut que plaire à tous les lecteurs assidus qui se reconnaîtront.

benn250108_13912tLorsque Sa Majesté découvre le plaisir de lire, c'est tout le protocole qui est ébranlé. Des stratagèmes diaboliques se mettent en place pour tenter de détourner la vieille dame (79 ans bien sonnés) de sa passion toute nouvelle pour la lecture : détournement de caisses de livres de leur trajectoire lors d'un voyage officiel au Canada, disparition mystérieuse de Norman Seakins, son "coursier" de lecture, qu'elle a débauché des cuisines tout exprès. Bref, Sir Kévin et le 1er ministre sont épouvantables...

On sourit très souvent à la lecture de ce roman :

"Si Sa Majesté avait dû elle-même faire les courses, préparer les repas ou - plus inconcevable encore - passer l'aspirateur et la serpillère, la famille n'aurait guère tardé à percevoir une baisse de qualité sensible concernant ces diverses prestations domestiques."  Hum !!

Rappelez vous :les femmes qui lisent son dangereuses ! :p Et la Reine va jusqu'au bout de ses idées à la fin du roman...

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