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4 juillet 2010

Swappée !

Pour la petite histoire, j'ai cédé 5 de mes livres à Liyah de ma "boutique" Troc O'Books  contre remboursement des frais de port.

Voilà une semaine que j'attendais la venue dudit remboursement. Je me suis inquiétée, me demandant si, par hasard La Poste n'aurait pas égaré le courrier (jai mes raisons pour penser cela, hein!). Je contacte quand même Liyah qui me dit ne pas avoir eu le temps de poster le courrier. Je suis rassurée. Même si je trouve cela un peu étrange, c'est tout à fait plausible puisqu'elle est rentrée en France il y a peu...

Et avant-hier, a atterri dans ma boîte aux lettres une enveloppe bien dodue avec l'adresse de Liyah au dos. Etrange, étrange tout ça !

En tout cas je ne m'attendais pas à cela en ouvrant le paquet :

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005Une étole indienne magnifique, 3 crayons de papier, une trousse (me voilà équipée pour rédiger le brouillon des critiques pour le jury Elle!), un porte-monnaie également indiens

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et une kimmidoll porte-clé, qui va tenir compagnie à celle que je possède déjà ! A cela s'ajoute une gentille lettre et mon chèque

Me voici swappée à mon insu :p) !shrek_2_chat3_300x189

Ma chère Liyah on ne se connaît pas, mais tu as vu juste pour les petits cadeaux!!! Et encore  mille fois merci, tu n'étais pas obligée ! Tu es adorable ;-)

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2 juillet 2010

La fille tatouée

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4e de couverture : "Joshua Seigl, la quarantaine, écrivain estimé, riche et séduisant, se voit contraint, à cause d'une mystérieuse maladie, d'engager une assistante. Lorsqu'il rencontre par hasard Alma Busch, une jeune femme pauvre et illettrée, recouverte d'intrigants tatouages, Seigl ne peut résister à l'envie de jouer les Pygmalion. Convaincu de lui offrir la chance de sa vie, il lui propose le poste. Malheureusement pour lui, Alma Busch n'est pas la créature vulnérable qu'il croit... La Fille tatouée est un huis clos érotique qui réunit deux visages de l'Amérique : l'élite cultivée, européenne, urbaine, et les exclus du système, analphabètes, sans ressources ni perspectives. Variation magistrale sur le thème du maître et du serviteur, ce roman est sans doute le plus controversé de Joyce Carol Oates."

Tout d'abord un petit bémol concernant la 4e de couverture : je n'ai pas du tout vu dans ce livre de huis clos érotique et le personnage d'Alma (la fille tatouée) est bel et bien vulnérable. Bref, encore une 4e de couv où l'on se demande si celui qui l'a écrite a lu le livre.

Alma est une pauvre fille, défigurée par un tatouage raté (ou une tâche lie de vin sur la joue, on ne sait pas vraiment) et dont le corps est marqué de la même manière de tatouages foirés. Car Alma est une fille marquée au sens propre comme au sens figuré, par son milieu social : Alma vient de l'Enfer, autrement dit du comté d'Akron en Pennsylvannie, ("Achéron", pourrait-on entendre) ravagé. A peine arrive-t-elle a aligner 2 mots (elle ne parle pas, elle marmonne), en cavale pour de mystérieuses affaires. Alma, c'est l'Amérique des mines sinistrées et du chômage, l'Amérique des ratés.

Cette vagabonde a le malheur de croiser sur sa route un autre raté, qu'elle appelle son "amant, car elle se considère uniquement comme un objet sexuel et non une femme à part entière, et qui se prénomme Dmitri. Il la manipule comme une marionnette, lui demandant de profiter du 'sale juif" qu'est Joshua Seigl, l'écrivain et traducteur de Virgile qui emploie Alma comme assistante. Car Alma, comme Dmitri vouent une haine sans bornes aux juifs et à leurs banques qu'ils accusent de vol. Ils ont des préjugés sans bornes à ce sujet-là et le révisionnisme concernant l'Holocauste ne leur fait pas peur.

Seulement voilà, est-on forcément juif parce qu'on s'appelle Josuha Seigl ? Est-on forcément un riche, un voleur, un menteur etc parce qu'on est juif ? Questions stupides certes, mais pas pour Alma et Dmitri, qui n'en reviendront pas!

Ce roman m'a rappelé La Tache de Philipp Roth. Et ce n'est sans doute pas un hasard puisque Joyce Carol Oates dédie le livre à cet écrivain. Elle renverse de façon magistrale un état de fait et une situation qui pourtant paraissaient solides sur l'identité des personnages.

Les deux Amériques finissent par à se rencontrer, se parler. Seulement voilà... (je n'en dit pas plus!).

Joyce Carol Oates dresse là un portrait très noir de l'Amérique contemporaine. Une atmosphère étouffante enserre le lecteur du début à la fin. Jusqu'à l'épuisement, pourrais-je dire. Aucune sympathie ne se dégage des personnages. Ils sont tous aussi agaçants les uns que les autres. C'est du moins ainsi que je les ai perçus.

C'est le premier roman que je lis de cet auteur. J'en retiens une impression mitigée. J'ai eu un peu de mal avec son style d'écriture et, sans doute avec cette atmosphère étouffante et donc pas très reposante. J'ai cependant été bluffée par la façon dont elle se joue du lecteur et des personnages. Un roman riche, complexe et un zeste sulfureux, c'est clair.

25 juin 2010

Eté

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4e de couverture : "C'est l'été le plus chaud que Linköping ait jamais connu. La forêt qui borde la ville s embrase, les nuages de fumée planent dans le ciel obscurci et menacent les citadins. Les incendies n empêchent pas un pervers sexuel particulièrement sordide et cruel de faire régner la terreur dans la ville. L'enfer brûlant des flammes crée une sorte de solidarité parmi les gens, alors que la peur et l'angoisse face aux meurtres horribles du tueur font émerger des soupçons et des préjugés envers celles et ceux qui semblent différents. L'horreur devient totale, quand la propre fille de Malin Fors -l'enquêtrice des romans de Kallentoft et de Hiver - se fait enlever. Chaque minute compte, et Malin n a plus que son instinct de policier et de mère pour l'aider à sauver l'être qui lui est le plus cher au monde."

Si vous ne connaissez pas encore Mons Kallentoft, un conseil, jetez-vous sur ce nouvel écrivain suédois qui écrit des polars très bien, originaux et très bien ficelés. 12154Eté est le deuxième traduit en français.

Déjà, la Suède sous la canicule, ce n'est pas quelque chose de banal ! Ce n'est pas l'image d'Epinal que l'on attend. Et, à mon humble avis, ce n'est pas un hasard car ce livre est tout sauf un roman policier avec des idées toutes faites. Sur fond de dérèglement climatique et de pervers sexuel en goguette dans une ville brûlante, Mons Kallentoft prend la peine  de peindre le tableau de la société suédoise contemporaine. Ce n'est pas vraiment une peinture glorieuse, mais elle n'est pas pour autant en noir et blanc.

Le lecteur assiste à des méthodes policères peu orthodoxe de la part de ce Zeké aux préjugés tenaces. Très agaçant ce type souvent. Cependant, il n'est pas totalement méchant. Juste ignare. Même le monstrueux psychopathe qui tue les jeunes filles a une part d'humanité. Mais franchement, on n'a pas envie de croiser son chemin, c'est moi qui vous le dit !

Mons Kallentoft démonte les mécanismes qui ont amené cette personne à devenir ce qu'elle est : une meutrière perverse, une désaxée.

Malin, l'héroïne commissaire de police n'est pas une wonder woman, juste une citoyenne suédoise ordinaire, un zeste alcoolique parfois les soirs de cafard solitaire, puisqu'elle est seule dans la vie avec sa fille à élever. Elle se console parfois de ce vide avec un collègue journaliste, voire son ex-mari...

L'enquête qu'elle mène la conduit sur de fausses pistes, le prétexte pour l'auteur d'évoquer les préjugés sur les immigrés en Suède et sur le monde lesbien. Cependant, le rythme est hâletant, malgré les fausses pistes et le suspense va crescendo. Malgré la canicule suédoise, le lecteur frissonne par moment, surtout à la fin, avec des mises en scène d'une grande noirceur.

Autre originalité : dans ce roman, les victimes décédées, devenues des "anges d'été",  parlent ! Les personnages en vie ne les entendent pas. Mais elles dévoilent au lecteur leur point de vue et ce qui s'est passé,quand elles s'en souviennent.  Mais le romancier a la bonté de ne pas faire de toutes les victimes des décédés...

On passe un excellent moment avec ce roman policier intelligent et au style fluide. J'ai hâte de découvrir le premier volume déjà paru, Hiver,  et les deux autres qui seront disponibles en 2011 et dont vous aurez déjà deviné les titres.

Et une fois de plus, la couverture est fort sympathique !

Voir aussi le billet de Katell chez qui j'ai découvert l'existence de cet écrivain. Encore une belle découverte !

16 juin 2010

La séance

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4e de couverture : "Angleterre, fin de l'ère victorienne. Constance Langton reçoit la visite d'un avocat, John Montague. Celui-ci lui annonce qu'elle vient d'hériter d'un manoir de famille dans le Suffolk, Wraxford Hall, et lui conseille de vendre la propriété sans perdre une seconde. Wraxford Hall jouit en effet d'une sinistre réputation : ses précédents propriétaires y sont morts dans d'étranges circonstances et une jeune femme, Eleanor Unwin, y a mystérieusement disparu avec sa fille. Quels terribles secrets renferme Wraxford Hall ? Au fil du journal intime d'Eleanor et des recherches de Constance, deux femmes dont le désir d'indépendance dénote en pleine époque victorienne, se lèvent peu à peu les mystères qui entourent l'étrange demeure. Pièges machiavéliques et coups de théâtre en cascade, terreurs intimes, étranges obsessions et secrètes inconvenances, tout est réuni pour faire de cet hommage très moderne au roman gothique et victorien un chef-d'oeuvre du genre."

Attention, ce roman a de réels pouvoirs hypnotiques !! Si vous êtes insomniaque, c'est le livre qu'il vous faut ! Si vous êtes fan du roman gothique, ce livre est pour vous ! Une fois en main, impossible de le lâcher et difficile de dormir ! Je pense même qu'il a le pouvoir de re(lancer) la mode du roman à énigmes à la sauce victorienne !

Tout est réuni pour vous faire frissonner : le manoir anglais délabré - aux abords d'un bois bien peu avenant - où les différents propriétaires des lieux disparaissent tour à tour de manière bien étrange : volatilisés, disparus, à chaque fois le soir d'un orage un peu étrange, après avoir invoqué les esprits lors de séances de spiritisme.

John Harwood reprend habilement tous les topoï gothiques pour mieux en jouer et c'est ce qui fait de ce roman un livre parfaitement étonnant. L'imagination du lecteur est mise à rude épreuve : on se demande tour à tour si l'on ne devient pas fou (thème récurrent d'ailleurs dans le livre) ou plutôt quel personnage est vraiment "net". Nous sommes sans cesse promenés dans un jeu d'illusions, où rêve et réalité finissent pas s'entremêler. Une quête de la vérité se met en marche...

La véracité des faits est appuyée par une série de récits enchâssés.  Par le récit de Constance Langton, le lecteur découvre, outre son histoire,  l'existence du sinistre manoir de Wraxford dont elle vient d'hériter. Son avocat pour cette affaire, John Montague, lui envoie une série de paquets contenant différents différents témoignages dont le journal d'Eleanour Wraxford, propriétaire des lieux et épouse du sinistre Magnus, maître dans l'art de l'hypnotisme - surtout dans celui de la manipulation !

Un double jeu se met en place, tant au niveau du récit qu'au niveau des personnages : qui manipule qui ? Qui est qui ? L'identité devient de plus en plus incertaine au fil des pages. Un suspens qui va crescendo accompagne le lecteur jusqu'au dénouement. Le secret est bien gardé et tient parfaitement "la route" ! J'ai adoré cette satanée armure !

Par ailleurs, ce livre en tant qu'objet est une oeuvre d'art par le soin de sa couverture et les petits détails des premières pages.

Bref, il a vraiment tout pour plaire et il m'a vraiment beaucoup plu, comme vous l'aurez remarqué !

Je remercie vraiment Solène et les Editions du Cherche-Midi de m'avoir permis cette belle découverte !

Voir également les avis enthousiastes de Keisha et de Lou.

8 juin 2010

Candidature au Grand Prix des Lectrices de ELLE : le résultat

Une excellente nouvelle m'attendait dans ma boîte aux lettres ce soir ! Suite à ma candidature d'il y a quelques mois, j'ai le grand plaisir de vous annoncer que j'ai été sélectionnée comme jurée du Prix des Lectrices 2011 de Elle

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Une grande aventure commence pour moi, une expérience qui me tentait beaucoup. Eh bien voilà, ça va se faire !

Le Jury 2009 et 2010 a décerné un prix à deux romans que j'avais chroniqué ici même et aimé, avant même de savoir qu'ils avaient ou auraient un prix :

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Je vais recevoir les premiers livres fin juillet. En plein pendant les vacances, donc c'est sympa ! J'aimerais partager mon expérience avec d'autres qui ont été ou qui sont membres du jury cette année. N'hésitez pas à vous faire connaître !

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6 juin 2010

Le voyage de Felicia

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4e de couverture : "Elle cherche Johnny. Désespérément, c'est-à-dire - paradoxe des mots - l'espoir chevillé à l'âme et au corps. Jonhnny et Felicia se sont connus au pays, en Irlande, à la faveur d'un mariage. Brève rencontre : ils s'aiment ou croient s'aimer; lui regagne l'Angleterre où il a trouvé du travail - sans laisser d'adresse. Elle décide de franchir la mer pour le retrouver.
Felicia erre dans la grande ville noire, autrefois fleuron de l'industrie anglaise triomphante, aujourd'hui cité dévastée par la crise, le chômage, le racisme, la violence. Johnny reste introuvable. Portée par une passion qu'alimente le seul souvenir d'un instant volé, Felicia finit par s'enfermer dans son rêve, sans espoir de secours, bientôt incapable d'empoigner la réalité qui s'offre. Inapte au métier de vivre, elle ne se soutient plus que de cet amour fantôme.
Son errance l'expose à d'étranges rencontres. Ainsi croisera-t-elle la route de Hilditch, inquiétant compagnon d'infortune, âme perdue dans ses fables - assassin peut-être. Il ne pourra pas l'empêcher d'aller jusqu'au bout de sa dérive : quête sans absolu, absurde descente aux enfers fouettée par tous les mauvais vents du sort, où même l'ordinaire solidarité humaine fait défaut - sinon entre paumés... et encore.
Aucun coup de tonnerre au long de cette tempête que l'on dirait filmée au ralenti et qui débouche sur un silence sidérant: ce silence auquel le monde d'aujourd'hui, en sa folie, refuse obstinément de prêter l'oreille."

A regarder la couverture, on s'attend à un roman qui se déroule au XIXe siècle. Nous sommes pourtant dans les années 80, en Angleterre, aux environs de Birmingham. La 4e de couverture me semble beaucoup trop interprétative. Il s'agit ne s'agit pas, à mon humble avis, d'un roman sur le chômage, le racisme et la violence.

Felicia quitte son Irlande natale pour retrouver son amant. Tout simplement parce qu'elle est enceinte. Ce personnage m'a agacée tout le long du récit par son innocence poussée à l'extrême. La carricature de la pauvre fille qui débarque de sa campagne. Un effet voulu par Trevor dont on se rend compte à la fin du roman. Sur son chemin, elle croise l'inquiétant personnage de Mr Hilditch, vieux garçon, aux moeurs étranges, qui a tout du psychopathe et dont le passé est laissé à l'imagination du lecteur, ou du moins, ce dont il a fait de ses anciennes "amies". Puis notre pauvre héroïne complètement paumée manque de peu de se faire embrigadé par des illuminés d'une secte religieuse, qui, une fois qu'ils tiennent leur proie, ne la lâche plus. Elle passe ensuite du temps en compagnie d'une clocharde irlandaise, débarquée il y a des années de son île, étrange reflet d'elle-même et d'un couple de drogués.

Ce roman a tout le long des accents de thriller psychologique. J'ai souvent pensé à Hitchoch sans trop savoir pourquoi. Le personnage de Hilditch est franchement flippant. Beaucoup trop propre sur lui au quotidien pour être tout à fait honnête. Ce qu'il arrive à faire faire à Felicia vous laisse pantois. Seulement la fin du roman révèle quelques surprises. Un roman d'apprentissage d'une fille des années 80 qui n'a rien d'un roman d'amour. Même s'il en reprend les codes, c'est pour mieux les retourner. J'ai beaucoup apprécié l'analyse psychologique fine de l'écrivain pour ses personnages, au-delà des apparences. Ainsi que la peinture qu'il fait de la société : la solitude des personnages, chacun dans leur univers, égoïstes, chacun à leur manière. Peinture pessimiste mais réaliste, hélas!

J'ai vraiment aimé cette découverte de William Trevor, écrivain irlandais protestant du comté de Cork, né en 1928.
D'après ce que j'ai lu sur lui, c'est, de part et d'autres de l'Atlantique, un des écrivains majeurs de la fin du XXe siècle (toujours vivant et écrivant toujours). Il a commencé à être traduit pour les lecteurs de langue française dans les années 1990.
Le voyage de Felicia (Felicia's Journey) a été écrit en 1994 et traduit en français en 1996 par les éditions Phébus. Il a obtenu de nombreux prix, dont le Whitbread et le Sunday Express Award pour ce roman. Dommage qu'il ne soit pas si connu que ça en France, d'autant plus qu'il continue d'écrire (le dernier roman en date étant Lucy - 2003 -, je crois).

J'ai d'ores et déjà prévu de lire Le silence du jardin.

Pour en savoir plus sur (Sir) William Trevor, c'est ici

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Le cinéaste Atom Egoyan a tiré une adaptation du roman en 1999 (je ne l'ai pas vue) :

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30 mai 2010

Tête de chien

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4e de couverture :" Nous, on aimerait vraiment savoir comment il a survécu, pour être franc, on aimerait vachement le savoir. On voudrait savoir comment il s'en est sorti, ce qui explique que moi, le plus jeune, et ma soeur Stinne, l'aînée, nous sommes venus au monde. Mais Grand-Père se referme comme une huître et descend du schnaps. Il refuse de raconter ce que les Allemands lui ont fait. "La peste ou le choléra", dit-il à la place. " Entre Norvège et Danemark, des années trente à nos jours, ce récit cocasse célèbre la famille, pour le meilleur comme pour le pire. De la rencontre d'Askild et de Bjerk naît une ribambelle de personnages tous plus loufoques les uns que les autres. Morten Ramsland réussit à conjuguer bonheurs et malheurs avec une impertinence et une légèreté tout enfantine, sans oublier l'amour."

Tête de chien, c'est le surnom du narrateur (Asger, de son vrai nom) qui raconte l'histoire de sa famille, transbahutée entre la Norvège et le Danemark.

Tout commence par le grand-père Askild, échappé d'un camp de concentration en Allemagne, en échange de la vie d'un autre. Un passé dont ce grand-père, alcoolique notoire et peintre cubiste à ses heures, ne se remettra jamais et engendrera une descendance haute en couleurs. De sa rencontre avec (Grand-mère) Bjork, qui, à l'époque avait pour marque de fabrique d'avoir les gencives qui saignent, naîtra Niels Junior, autrement nommé Feuille de chou (à cause d'une paire d'oreilles digne de Jumbo l'Elphant), tête de turcs des autres gamins jusqu'au jour où son cousin Tête de Pomme lui montre comment décocher des coups de pieds à l'endroit sensible masculin pour se faire respecter et dont la voix - imaginaire - de la Dent Dure lui révèle comment faire fortune au port de Bergen grâce à la chasse aux crabes géants. Feuille de Chou est le frère aîné d'Anne Katrine l'attardée mentale, dite La Merdeuse (qui deviendra une grosse tata au quintal gélatineux, moquée par Tête de chien, son neveu, et sa nièce, Stinne, qui passe leur temps à la traiter de "grosse tomate". Anne Katrine est la grande soeur de Knut, le petit frère qui a mis les voiles pour la mer le jour de ses 14 ans en lui promettant de revenir la chercher pour l'emmener avec lui en voyage en bateau où elle pourra boire des jus de fruits à longeur de journée.

Car fiche le camp est une spécialité des enfants de cette famille : Feuille de chou disparaît dans la forêt ensorcelée du Nordland, habitée par des personnages et animaux fantastiques. Il y entre adolescent boutonneux pour en ressortir une semaine plus tard, homme, ayant rencontré 2 jeunes filles féériques, une blonde et une brune ! Seulement voilà, il aurait mangé des champignons hallucinogènes...

Le cousin Tête de Pomme a pris le large à bord d'un bateau pour fuir ses responsabilités vis-à-vis d'une jeune fille. Mais c'est pour mieux revenir, transformé en héros des temps modernes, en mec, en vrai, tatoué et tout (je ne vous dirai pas où!) aux yeux de Knut qui suivra son exemple.

Tête de chien à son tour, fuit à Amsterdam pour ses études de peinture.

Des personnages qui passent leur temps à fuir une réalité économique et familiale un peu difficile : Askild se fait virer chez tous les employeurs à cause de son alcoolisme, les affaires de Tête de chou adulte péréclitent, les grand-parents sont trop envahissants. Etre ailleurs pour être "comme des coqs en pâte", selon l'expression d'Askild. Voici donc un petit aperçu de cette famille pas tout à fait comme les autres.

Un roman dense, très drôle et bourré de tendresse, parfois triste aussi. Un saga familiale danoise que je lâche difficilement. J'espère qu'un jour Morten Ramsland écrira la suite car franchement, c'est génial. Une narration vive et franche où un chat s'appelle un chat, sans fioriture, mais d'où la poésie n'est cependant pas absente.

Une belle découverte avec cet écrivain danois dont j'ignorais jusqu'à l'existence il y a peu.

Je remercie les Editions Gallimard et Babelio pour l'envoi du livre, dans le cadre de la 8e édition de la Masse Critique.

25 mai 2010

Un bonheur de rencontre

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4e de couverture : "Fâcheries, querelles, ennui... Mary et Colin se connaissent trop. Leur amour n'en finit pas de mourir dans cette ville de canaux bordés de palais et d'églises. Tout bascule le jour où ils rencontrent Robert et son épouse, la mystérieuse Caroline.
Sous l'influence de ce couple étrange, Colin et Mary se retrouvent dans un brusque regain de sensualité. Mais s'ils se serrent l'un contre l'autre, c'est que le jeu leur échappe et que commence une descente aux enfers rigoureuse et implacable, un long cauchemar...
Une œuvre violente, forte et cruelle."

Un couple (Mary et Colin) non marié en vacances à une ville qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Venise (même si jamais citée comme telle). Ils s'ennuient, passent leur temps dans leur chambre d'hôtel, au lit ou sur le balcon. Et lorsqu'ils sortent se promener, en soirée, c'est pour faire une bien étrange rencontre et se perdre dans le dédale des rues, incapables de retrouver leur chemin avant des heures. La rencontre de Robert et Caroline va bouleverser leur séjour et leur couple.

Un roman sur l'amour-passion, ou plutôt du "jusqu'où peut-on aller par amour?" qui ne m'a pas convaincu. Je l'ai trouvé "too much" ! Une femme qui aime être battue par son mari, du sado-masochisme jusqu'à l'extrême et un dénouement que je ne comprends pas. Bref, c'est la première fois qu'un livre de Ian McEwan me déçoit. Pourtant il y a un suspens intense par moments, c'est un livre fort bien écrit. Mais la thématique et son traitement me laisse perplexe. Je ne vois pas où l'auteur veut en venir. Et en plus, ça ne donne pas envie d'aller visiter Venise ! :)

Ce livre, dont le titre VO est The Comfort of strangers qui date de 1981, a fait l'objet d'un film, que je n'ai pas vu : Etrange séduction (1991).

22 mai 2010

Sept hivers à Dublin

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4e de couverture : "Petite fille, je croyais que c'était toujours l'hiver à Dublin et que l'été ne finissait jamais dans le comté de Cork. " Enfant unique de parents anglo-irlandais, Elizabeth Bowen naquit à Dublin en juin 1899. Ce livre qu'elle publia en 1942 raconte ses sept premiers hivers dans cette ville. L'auteur évoque avec une franchise délicieuse sa famille et la vie quotidienne au 15, Herbert Place : la nursery baignée par les reflets du canal, les gouvernantes, les boutiques d'Upper Baggot Street et de Grafton Street, les cours de danse et les jours de fête. Entre 1923 et 1968, Elizabeth Bowen écrivit dix romans et près de quatre-vingt nouvelles. Son œuvre raffinée et originale la range parmi les plus grands écrivains de langue anglaise."

L'Irlande, et Dublin en particulier, vue par une petite Irlandaise d'origine anglo-irlandaise (autrement dit ses parents sont les descendants des Anglais envoyés en Irlande par Cromwell au XVIIe pour "faire la plantation" - envoyer des colons britanniques pour coloniser l'île rebelle). 

Elizabeth Bowen nous fait pénétrer dans son univers feutré, richissime. Une tout autre Irlande de celle dont on a l'habitude : "Ma mère n'était pas originaire du comté de Cork, non plus que de ceux de Tipperary ou de Limerick, comme tant d'autres épouses de la famille Bowen. La demeure ancestrale de sa famille, les Colley, établis en Irlande depuis le règne de la reine Elizabeth, était le château de Carbery, dans le comté de Kildare. (...) A l'époque du mariage de ma mère, les Colley habitaient le domaine de Mount Temple, à Clontarf."

La description aussi d'un univers guindé, où les gens disent des choses davantage parce que, dans leur milieu, il est de bon ton de penser ceci plutôt que cela. Cependant, les parents d'Elizabeth sont un peu particuliers dans cet univers osmosé : "Les familles de mes parents partageaient le même point de vue de propriétaires terriens protestants et les mêmes opinions politiques unionistes. Mon père et ma mère étaient, cependant, deux fortes personnalités qui se distinguaient de tous les autres types familiaux. On sentait, certes, derrière eux le poids de la tradition qui, pour les affaires sans importance, modelait leur façon de penser. Mais sur les sujets qui les tenaient profondément à coeur, ils arrivaient à des conclusions qui leur étaient propres".

C'est donc dans cet univers familial un peu particulier que grandit Elizabeth, entourée de nurses et de gouvernantes,dans la petite maison d'hiver de Dublin où "les tables étaient jonchées de livres" jusqu'à l'âge de ses sept ans où elle part vivre en Angleterre avec sa mère et prend conscience du monde.

J'ai pénétré là dans une Irlande qui m'est totalement étrangère, celle des Anglo-irlandais comme ils se nomment eux-mêmes. Deux peuples totalement différents sur une même île. "Ce ne fut qu'après la fin de ces sept hivers que je compris que nous autres protestants étions minoritaires (...) Mon père et ma mère évoquaient tous deux les catholiques romains avec une courtoise désinvolture qui ne leur accordait même pas la moindre dimension mythique. Leur existence me paraîssait aller de soi, mais je n'en cotoyais guère et ils ne m'intéressaient absolument pas. Ils n'étaient, en somme, que "les autres" dont l'univers existait parallèlement au nôtre, mais sans jamais le toucher".

Elizabeth raconte d'ailleurs que si on lui a parlé des fées, elle ignore tout des fées irlandaises, tout comme elle ignore tout des quartiers de la rive nord de la Liffey à Dublin. "Nul marécage, nulle jungle ne pouvait receler davantage de menaces que les quartiers tacitement interdits de votre propre ville."

De très jolies descriptions de quartiers chics de Dublin qui donne envie de faire plus attention à la prochaine visite de la ville.

Je vais bientôt entâmer la lecture de mon premier roman signé Elizabeth Bowen et je trouvais intéressant de commencer par elle-même. Cette petite (91 pages) mais dense autobiographie  m'a donné un avant-goût intéressant. J'apprécie le recul qu'elle a sur l'univers dans lequel elle a grandi. C'est prometteur pour ma découverte littéraire la concernant :-) !

19 mai 2010

Le chant des sirènes

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4e de couverture : "Il n'a pas voulu de moi. Je ne demandais qu'à lui donner de l'amour, mais il a refusé tout ce que je lui offrais. C'est à ce moment-là que les meurtres ont commencé à Bradfield. Les flics ont même demandé l'aide d'un profileur, sous prétexte qu'ils n'ont jamais rencontré un tel tueur en série... A Bradfield, personne n'avait jamais eu peur. Je ne voulais que les aimer, mais ils ont eu peur de moi, parce qu'ils ne me connaissaient pas. Ils ont eu tort. Ils ont eu tous eu tort d'hésiter."

C'est le premier volume de la série "Tony Hill et Carol Jordan", respectivement profileur du ministère de l'Intérieur - en train de monter une unité de profileurs - et inspectrice de police.

Le lecteur passe tour à tour dans la tête d'un tueur en série particulièrement pervers, maniaque et doté d'une intelligence hors norme (le parfait psychopathe) puis dans celle du profileur et de son équipière nommée pour l'affaire. L'Ecossaise Val McDermind nous balance dans l'univers de la prostitution et du monde homosexuel, dénonçant au passage l'homophobie (policière notamment) et le machisme.

Le suspens est hâletant et il est difficile de lâcher le livre une fois qu'on l'a commencé. J'ai trouvé cet épisode très réussi, même si très noir (difficile les scènes de torture, Val McDermid choque le lecteur pour le réveiller, semble-t-il). L'histoire d'amour naissante entre Tony Hill et Carol Jordan en paraît presque incongrue, surtout que le "gentil profileur" reçoit de bien étrangers coups de téléphone. Il flirte avec l'esprit du psychopathe pour tenter de comprendre ses motivations et anticiper ses prochains meurtres. L'attitude du personnage en devient parfois aussi énigmatique que celle du meurtrier, d'autant plus qu'il n'est pas aussi bien dans sa peau qu'il n'y paraît.

J'ai préféré cet épisode au deuxième, La fureur dans le sang (j'ai commencé dans le désordre) et j'ai envie de lire la suite des aventures de ces deux-là !

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