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Mille (et une) lectures

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Mille (et une) lectures
1 janvier 2015

Bonne année 2015

Je vous souhaite à tous une

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de belles découvertes littéraires
et
des montagnes de lectures agréables!


Je me suis amusée à un petit bilan personnel pour l'année 2014.
Cela donne :
67 livres lus (je crois que j'ai battu un record !), quelques abandons en cours de lecture (3 ou 4), de merveilleuses découvertes, quelques livres franchement agaçants, mais globalement une année littéraire incroyablement agréable, remplie de bonnes surprises en tous genres.
J'espère la même chose pour 2015 voire encore mieux !

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J'ai rédigé 71 billets.

Merci aussi à ceux qui ont effectivement participé au challenge Doris Lessing qui est tombé en désuétude en cours d'année. Bah, c'est pas grave - parce que c'est ma faute : je n'ai pas harcelé les inscrits, je n'ai pas fait de la propagande sur FB, bref en gros, c'est pas trop mon truc les challenges... Je préfère me laisser porter au gré de mes découvertes.

En tout cas, janvier 2015 s'annonce déjà palpitant. Je vous en recause bientôt !


 

 

 

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30 décembre 2014

14-14 "Centenaire de la Première Guerre mondiale, l'histoire d'une correspondance entre deux personnages de 1914 et 2014"

 

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4e de couverture : "Adrien et Hadrien ont treize ans et habitent tous les deux en Picardie. Ils ont les mêmes préoccupations : l'école, la famille, les filles... Une seule chose les sépare : Adrien vit en 2014 et Hadrien en 1914. Grâce à une boîte aux lettres mystérieuse, les deux adolescents vont s'échanger du courrier et devenir amis.
Mais la Grande Guerre est sur le point d'éclater pour Hadrien et leur correspondance pourrait bien s'interrompre de façons dramatique...".

Roman lu sans consulter la quatrième de couverture, juste inspirée par le titre et les lignes qui suivent, je pensais avoir affaire à un livre qui parlait de la guerre. Ce n'est pas tout à fait le cas, ou du moins, ce n'est pas ce qui occupe la majeure partie du texte. Il s'agit plutôt des préoccupations de deux adolescents à cent ans d'écart, avec leurs points communs et leurs différences.

Adrien a le coeur brisée par Marion qui en aime un autre. Il se met soudainement, suite à sa déprime amoureuse, à décrocher à l'école : mauvaises notes, mère inquiète etc. L'école, il se met à s'en fiche : à quoi ça sert ? . Pour Hadrien, au contraire, l'école est tout. Elle passe même avant Simone, sa "bonne amie". Il veut être ingénieur. Mais son père s'y oppose. Pas question de poursuivre des études, il a besoin de lui pour tenir la ferme. Simone finit par prendre la mouche parce qu'il la délaisse trop à son goût...

Deux garçons du même âge mais à la vie si différente et au langage si éloigné. C'est d'ailleurs le langage qui va leur mettre la puce à l'oreille sur l'anomalie de leur correspondance. Adrien ne comprend pas pourquoi à l'heure des textos, son ami s'acharne à lui envoyer des lettres ! Hadrien ne comprend pas le vocabulaire de geek employé par Adrien. Alors, quand il lui dit que son père est en Chine....
C'est la confrontation des deux mondes qui est intéressant dans ce roman pour ado. La dimension fantastique ajoute une touche de suspense et en fin de compte, la résolution de l'intrigue sera : comment éviter à Hadrien d'être tué, lui, sa famille, ses amis. Comment arriver à lui faire prendre conscience de l'imminence de la guerre, parce qu'il n'arrive pas à y croire : il vit dans un lieu si paisible...

Néanmoins, il n'est pas question de la guerre en elle-même ni même des prémisses, de ce qui amène la guerre à éclater, de l'opinion des gens en 1914, etc. C'est ce qui m'a déçue et a donné à ma lecture un tour inattendu. Ce n'est pas un mauvais roman : il est bien écrit, original, doté d'une bonne dose de suspense et de fantastique. Mais avec une annonce comme "Centenaire de la Première Guerre mondiale", on pouvait s'attendre à voir la guerre surgir dans le texte de façon plus imminente et plus profonde. Finalement, ce n'est qu'une toile de fond un peu trop lointaine. Il y est davantage question des conditions de vie en 1914, de la maladie qui emporte facilement les enfants et de comment Adrien arrivera à modifier la destinée de son ami.

 

27 décembre 2014

Sous les couvertures

 

sous les couvertures

4e de couverture : "Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s'éveillent et se racontent leurs histoires... Mais ce soir, l'heure est grave : les nouveautés viennent d'arriver, et les romans du fond de la librairie n'ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur !
Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s'unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu'ils n'ont pratiquement aucune chance...
Entre roman et conte iconoclaste, Sous les couvertures, quatrième livre de Bertrand Guillot, est une merveille d'humour et d'originalité. Où l'on découvrira, entre autres, à quoi servent les classiques, en quoi les livres ressemblent à leurs auteurs... et pourquoi, à l'habit des académiciens, on a ajouté une épée."

Une quatrième de couverture bien alléchante qui m'a fait craquer pour ce roman d'un petit éditeur parmi les dizaines proposés par Price Minister pour le Match de la Rentrée Littéraire 2014 ... Un roman passé inaperçu pendant la profusion de la rentrée littéraire, de surcroit !
Pourtant, j'ai eu du mal à m'attacher aux deux histoires menées de front dans ce roman, avec d'un côté la vie du vieux libraire qui râle tout le temps, refuse de vivre avec son temps et ne jure que par les livres du passé et, de l'autre, la narration fantastique de la vie des livres. Ceux-ci sont des personnages à part entière et se nomment Mauve, Vieille Gloire, Rouge, Grand, Ecorché, Junior... Au début, c'est amusant. Mais au fil des pages, ça devient lassant. Les livres volent de leurs propres pages, discutent entre eux et se disputent. L'ensemble finit par donner une impression de maladresse, du moins c'est la mienne !
L'histoire du libraire et de sa jeune apprentie pleine d'idées a davantage retenu mon attention. Il y est question de l'évolution de la chaîne du livre, d'un certain géant de la vente en ligne prêt à avoir la peau des librairies, du numérique, des publications toujours plus nombreuses qui entraînent irrémédiablement une durée de vie plus courte pour les livres qui ne se vendent pas assez vite, avec au bout le pilon  - malheur! horreur ! La pression des banquiers sur les libraires, envahis de cartons, le problème de la gestion des stocks induit par l'explosion éditoriale. Mais la narration tourne presque en boucle, se répète et finit aussi par ennuyer !

Quant à "la merveille d'humour" annoncée, je dois dire que je suis plutôt restée de marbre, et pourtant ce n'est pas faute d'être plutôt bon public. La seule chose qui m'a fait sourire, sans doute aux dépens de l'auteur, c'est l'anecdote sur la boîte aux lettres de l'apprentie : "Dans la boîte aux lettres, elle trouva le journal municipal, deux publicités à son nom et une enveloppe abîmée, marquée du tampon d'un éditeur parisien. Le facteur avait forcé pour glisser le paquet par la fente. Au fond de la boîte gisait aussi une invitation du bureau de poste à venir chercher un colis plus volumineux encore. Cela arrivait plusieurs fois par semaine. Sa colocataire était chroniqueuse littéraire." Sérieusement : que fait mon facteur dans ce roman ?? :)


Un lecture décevante pour moi, qui me laisse une impression de décousu. J'en suis navrée parce que l'idée était bonne, la thématique sur les problèmes rencontrés par la chaîne du livre intéressante. Dommage donc ! Je sais que d'autres ont aimé.



Je remercie toutefois Olivier Moss de Price Minister  et les Editions rue Fromentin pour l'envoi.

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Résultats du match littéraire courant janvier je crois

 

 

 

 

24 décembre 2014

Mon père est parti à la guerre

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Traduction : Catherine Gibert

Alfie fête ses cinq ans le jour du début de la Grande Guerre. Il ne comprend pas pourquoi tous les adultes sont si affolés, tristes ou excités. A l'heure où il raconte son histoire, il a neuf ans et essaie de se rappeler comment était la vie à Londres, dans sa rue, comment c'était avant que la vie de sa famille ne change radicalement.
Alfie est un petit garçon très intelligent. Il assiste médusé à son monde qui s'effondre. Il observe le petit théâtre du monde en guerre de son oeil d'enfant. Il ne comprend pas pourquoi sa meilleure amie, Kalena,  et son père, l'épicier d'origine tchèque chez qui il a l'habitude d'aller acheter des bonbons, sont soudainement chassés de sa rue par les autorités britanniques et déportés à l'île de Man. Ils ne sont pas allemands. Mr Janacek a quitté son pays par amour pour une Anglaise et les Anglais, maintenant le chassent ! Comme ils banissent sa fille qui possède la nationalité britannique. C'est absurde !

Le père d'Alfie s'est enrôlé, persuadé comme nombre de ses compatriotes, que la guerre ne durerait pas, que tout serait fini à Noël (c'est d'ailleurs ce qu''il entend à longueur d'année, pendant cette guerre, qui, pourtant, n'en finit pas !). Au début des lettres arrivent. Puis plus rien. Alfie mène l'enquête auprès de sa mère, Margie : où est son père ? Est-il mort ? Il soupçonne effectivement très fortement sa mère de lui dissimuler le décès son père. Margie lui raconte qu'il est en mission secrète et que c'est pour cela qu'il n'envoie plus de lettres.
L'ambiance à la maison se dégrade : Margie travaille dur à l'hôpital pour soigner les soldats. Mais comme ça ne suffit pas, elle fait aussi des "extras" en tous genres. Alfie décide en cachette d'aller cirer les chaussures à la gare pour ramener un peu d'argent, qu'il glisse ni vu ni connu dans le porte-monnaie de sa maman. En observant et en écoutant, il finira par découvrir la vérité. Encore plus effroyable que ce qu'il pouvait imaginer. Pourtant, intrépide, il se lance dans l'aventure, oubliant sa peur.

Un magnifique roman jeunesse qui allie suspense et documentation sur l'Angleterre de la Grande Guerre. Alfie mène l'enquête pour trouver ce qu'est devenu son père et il réussit !
John Boyne, merveilleux conteur (forcément, il est Irlandais!), arrive à faire passer le message de l'effroyable avec tact, sans pour autant dissimuler la vérité. La guerre ça tue de plusieurs façons : physiquement et psychiquement. La guerre, ça rend fou. J'ai aimé la manière dont il aborde la psychose traumatique du soldat et le message pacifique qui se cache derrière. La guerre c'est quelque chose d'effroyable au-delà de ce qu'on peut imaginer. Aflie trouvera du renfort dans sa détresse pour sauver son père auprès du meilleur ami de celui-ci : Joe Patience, objecteur de conscience, qui lui explique : "Je n'ai pas été mis au monde pour tuer mon prochain", même si on l'a jeté en prison pour cette idée-là, pour refuser d'aller à la guerre, alors que s'il tuait quelqu'un dans la rue, on l'aurait jeté en prison pour avoir tué. Même si tout le monde lui claque la porte au nez pour ses idées, lui jette des pierres etc.  Brillante démonstration de l'absurdité des choses en temps de guerre.

Un très bel hommage aux soldats de la Grande Guerre. Un jeune héros très attachant, qui croisera même Llyod George. Une trame narrative habilement menée.
Un roman coup de coeur qui sera au pied du sapin !


Joyeux Noël ! Nollaig Shona !

20 décembre 2014

Notre fin sera si douce

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Traduction : Michel Pagel

4e de couverture : " En 2023, le taux de chômage aux Etats-Unis a explosé, la crise économique bat son plein, les conflits pour l'accès à l'eau potable se multiplient, le gouvernement ne peut plus rien faire face aux gangs de tous bords. Et pourtant, pour ceux qui ont encore un travail et un toit, l'apocalypse à venir n'est qu'une menace diffuse. La crise va sûrement passer, les choses vont s'arranger, la vie va reprendre ses droits ? Jasper ne fait pas partie de ceux qui connaisent encore ce confort. Il migre de ville en ville avec sa "tribu", des jeunes issus de la classe moyenne qui n'ont jamais réussi à sinsérer dans une société devenue impénétrable. Jasper est un romantique, et dans ce monde qui refuse de lui donner une place, il s'est fixé un objectif : trouver l'âme soeur, connaître l'amour avant que tout ne s'écroule. Pendant ce temps, une nouvelle drogue fait fureur : le Dr Bonheur, censée rendre les gens heureux... Serait-ce l'ultime solution en attendant la fin du monde ?"

Autant dire tout de suite que la quatrième de couverture est mieux écrite que ce livre ! Ce n'est pas problématique de la révéler ni de la lire dans son entier. Je m'attendais à voir les effets d'une crise économique traitée avec des tenants et des aboutissants. On attend une intrigue, mais même au bout de 150 pages, elle est toujours absente. On attend une analyse du monde dans lequel vit Jasper : il n'y en pas aucune ! C'est juste un catalogue glauque, avec des virus articifiels, des gens qui meurent, des gens qui se battent, des "Saute-sauteurs" (sic!), des gens qu'on déporte (mais aucune explication sur tout ça).

Un texte que j'ai jugé mal écrit : les gros mots, voire les obscénités, ça va un peu, ça peut parfois se justifier, mais à longueur de lignes, on commence à se poser des questions... Du remplissage de pages (366 !), voilà ce qui peut résumer ce livre. Je déplore d'autant plus le manque de recherche dans l'écriture, les vulgarités, que le genre de la dystopie est très prisé par les jeunes lecteurs. On ne voit pas bien ce que cette lecture va leur apporter. Jasper tombe amoureux toutes les trente pages et quand il ne le fait pas, il a des considérations tout à fait essentielles dans la vie.... :

Voici quelques extraits :

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Voici aussi quelques vulgarités (il n'y a pas de raisons que je vous épargne ça !) :


"... Ca s'est bien passé au boulot ?
- C'était à chier." (p.16)

"Et c'est quoi, ton plan ? C'est quoi notre putain de stratégie commerciale ?" (p. 21)

"Fais voir tes nibards, chérie ! a crié  un Noir émacié aux dents pourries.
Ange lui a fait un doigt d'honneur sans se retourner.
- Hé, a lancé Jeannie pendant que la bagnole s'éloignait, comment tu sais que c'est tes nibards qu'il voulait voir ? C'est peut-être à moi qu'il parlait.
Ange a pivoté vers nous, soulevé son T-Shirt et agité ses seins. Je ne les avais encore jamais vus : ils étaient assez petits mais fabuleux, comme toute sa personne. J'ai regretté de les voir disparaître sous le vêtement avant qu'elle ne se retourne.
- Il pouvait très bien te parler à toi, ai-je assuré à Jeannie. Ils sont super tes nibards.
- Ta gueule, a lancé Colin, tandis que l'intéressée éclatait de rire.
- Non, vraiment, ai-je persisté, ils sont magnifiques. Gros, fermes, de vraies noix de coco italiennes." (p.22)

Franchement, super intéressant comme propos ! Bref, ça dépasse largement les bornes de l'admissible....

Et puis, voir citer les biscuits Oreo deux fois en moins de cinquante pages, ça vous faire reposer ce livre commercial, que je ne peux pas appeler roman.
J'avoue : je n'ai pas terminé la lecture. Il faut dire que les Oreo ça fait grossir, je ne voulais pas terminer avec 10 kilos de plus...



Je remercie néanmoins Babelio et les Editions du Fleuve pour l'envoi.

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14 décembre 2014

Prière d'achever

 

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 Traduit par Pierre Brévignon

M. Berger est un célibataire dont l'existence, vue de l'extérieure, peut paraître morne : il travaille comme préposé au Registre des comptes clôturés au service Logement d'une modeste municipalité anglaise. Son travail consiste à "recenser les bénéficiaires des logements sociaux qui, après avoir quitté ou abandonné leurs appartements, laisse[nt] des arriérés sur leur compte". Ce job pas folichon ne lui convient évidemment pas, même s'il ne l'avoue pas. Son rêve c'est d'écrire des romans parce que sa passion c'est la littérature. A un point obsessionnel. Suite à déménagement de son service dans des locaux plus modernes dessinés par Le Corbusier (nous sommes en 1968), et au décès de sa mère qui lui laisse un mini-héritage, M. Berger décide de quitter son boulot et de partir s'installer à la campagne pour écrire.
Quelques temps après son arrivée, il assiste médusé au suicide d'une jeune femme au sac rouge sous les roues d'une locomotive. Perturbé, M. Berger le sera encore davantage quand, quelques jours plus tard, il assiste de nouveau à la même scène. Il court signaler l'événement dramatique à la police locale, qui, bien évidemment, le prend pour une personne dérangée, conséquence du décès de sa mère ! M. Berger décide donc de mener seul son enquête, qui le conduira à la découverte d'une bien étrange bibliothèque oubliée de tous, la Caxton Private Lending Library & Book Depository, et de son propriétaire, M. Gedeon.

Tout d'abord, une ENORME faute de traduction sur la quatrième de couverture ou le mot Library (du titre VO) a été calqué par "librairie" : pourtant, c'est basique  : librarie en anglais c'est bookshop ! A croire que la rédaction n'a pas été faite par quelqu'un qui a réellement lu le livre... Heureusement, la traduction de la novella par Pierre Brévignon ne commet pas cet impair (quand même !).
Et heureusement, l'intrigue tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre !

J'avoue, c'est le premier livre que je lis de l'Irlandais John Connolly dont j'ai entendu dire que ses polars étaient très noirs, très glauques, très déprimants et j'en passe. Celui-ci n'est pas tout à fait un polar mais plutôt un mélange de roman policier et de conte fantastique (version novella - court roman - genre très prisé en Irlande) sur le thème de la littérature, des livres, des bibliothèques, du rapport du lecteur aux personnages. Bref, un "bibliomystery". Une histoire pétrie de jolies références et de phrases qui font sourire sans pour autant tomber dans le cliché ringard . On ne s'ennuie pas une seconde. On plonge sans problème au-delà de la notion d'espace-temps avec laquelle Connolly joue, même si ce qui se déroule sous nos yeux est tout à fait incroyable. Beaucoup d'humour aussi.

Quelques extraits :

"Le point de départ, expliqua M. Gedeon, c'était le public. Arrivait un moment où certains personnages étaient devenus tellement familiers aux lecteurs - et même à ceux qui ne lisaient pas - que leur existence devenait indépendante de leur vie sur la page."

"J'ai rencontre Hamlet à l'arrêt du bus 48B. Le pauvre vieux... Il était là depuis un bon bout de temps. Il avait laissé passer au moins huit bus" : ben oui, ça prend du temps de soliloquer :)

Un seul reproche à faire : c'est trop court ! On en redemande !  J'ai adoré. Prix Edgar Allan Poe 2014 : pas étonnant !




6 décembre 2014

Les Grinche ont des ennuis

 

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Traduction : Marie Hermet

Mme et M. Grinche sont des gens un peu "spéciaux" : ils habitent dans une roulotte faite de bric et de broc et tirée par deux ânes nommés Clip et Clop. Pour leur petit déjeuner, ils se délectent de bestioles écrabouillées sur la route, avec une préférence pour les écureuils. Même les vieux pneus sont à leur goût,avec du sel et du poivre. Le gloubiboulga à base de sciure et de graine pour oiseaux, chez eux, ça se mange aussi. Sympathique restaurant chez les Grinche, n'est-ce pas ? Vraiment, ça fait envie !
Leur fils s'appelle Sunny. Enfin, ce n'est pas tout à fait leur fils puisque M. Grinche l'a ramassé un jour sur une corde à linge. Bien que ce soit un garçon, ils ont décidé de l'habiller avec une robe bleue. Bref, pas la peine d'en ajouter davantage : vous comprendrez que Mme et M. Grinche, c'est du "lourd" ! D'autant que partout où ils passent, ils ont le don pour s'attirer des ennuis. Surtout le jour où ils arrivent à Bigg Manor et font la connaissance d'un type au haut de forme ratatiné, vêtu d'un tee-shirt avec le slogan "BIGG C'EST PAS TERRIBLE" imprimé dessus. D'un jet de pierre sur la grille du manoir débute une aventure rocambolesque, remplie de personnages loufoques. Lord Bigg habite dans un manoir complètement déglingué. Son épouse, Lady Gaga La-La ne pouvant plus supporter son mari a décidé d'aller vivre dans la porcherie (de luxe) avec la truie Poppet... Je ne vais pas tout raconter, mais le ton est donné.

Pénétrer dans l'univers des Grinche c'est un peu comme passer de l'autre côté d'un miroir, dans un univers loufoque et hilarant. Au fil des pages, on se demande ce que Philip Ardagh va encore inventer comme élément délirant dans cette aventure (quelle imagination débordante !).

Pourtant, derrière le loufoque, se trouvent des thèmes très sérieux comme l'enrichissement crapuleux (et ses limites), les conditions de travail sordides (du personnel de Bigg Manor, lié par contrat illégal et prisonnier de Lord Bigg).
Il y a vraiment des personnages bêtes et méchants dans ce roman : Mme et M. Grinche sont peu ou prou l'équivalent anglais de nos Bidochons. Lord Bigg traite mieux ses oiseaux que ses domestiques (comble de la bêtise : son perroquet adore le blesser).
Heureusement, Philip Ardagh peuple aussi son récit de personnages intelligents et attachants : Mimi le petit commis cireur de chaussures, qui, malgré le titre de sa fonction, est une fille dont le rêve est de voir du pays. Sunny, qui n'a connu que l'univers des Grinche, découvre d'autres valeurs, comme  l'amitié, grâce à Mimi (dont il semble même un peu amoureux) et la solidarité.

Un roman qui met de bonne humeur, une narration dynamique (c'est le moins qu'on puisse dire), dont l'humour est mis en valeur par les illustrations d'Axel Scheffler. J'avoue que j'ai eu un petit faible pour les disputes du couple Grinche : on dirait mes anciens voisins !! De toutes façons, les Grinche existent, les Lord Bigg & Cie aussi...

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Suite de leurs aventures en mai 2015.


2 décembre 2014

Retour sur Montreuil

 

Le Salon du livre et de la presse jeunesse vient de se clore. J'ai suivi mon programme pas trop préparé faute de temps, mais tout de même, samedi 10h, j'étais sur place. Parfait pour arpenter les allées sans la foule qui a sévi l'après-midi.

Comme par hasard, Orphans de Claire Gratias m'a d'emblée sauter dessus pour me rappeler que j'ai encore à lire le tome 3 de cette excellent thriller de science-fiction dont j'ai déjà parlé

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Et puis, un peu plus loin, mon dernier coup de coeur, Le chat qui ne mangeait pas de souris, avait l'air de se porter comme un charme... et Hôtel Summertime se rappelle aussi à mon bon souvenir puisqu'il est déjà dans ma Pile et que je n'ai toujours pas eu le temps de le lire.

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Et puis voici les Grinche qui me font de l'oeil (eh, c'est bon les gars, vous êtes prévus prévus pour mon prochain billet, pas la peine de faire ces têtes...)


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Me sentant dans le viseur d'un grand nombre de personnages, j'ai rejoint la rencontre "Peurs et frissons à l'anglaise" qui réunissait les écrivains Erin Hunter (pour la série La guerre des clans), Joseph Delanay (la série L'épouvanteur), Sally Green  et Alan Snow. Tous sont auteurs de best-sellers. Je m'attendais à quelque chose de palpitant.

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Pourtant, je suis restée sur ma faim. Seul Alan Snow a réussi à capter mon attention, avec sa saga se déroulant dans une ville anarchique sur fond de "guerre" du fromage. Pour La Guerre des Clans, qui met en scène des chats et des ours, je ne suis pas d'accord avec Erin Hunter qui considère qu'il est anormal que les ours soient présentés dans les livres pour enfants comme des "nounours", des êtres charmants : au contraire, j'aime l'image de douceur véhiculée par cet animal dans la littérature, ou celle de bestiole pataude, perdue dans l'univers impitoyable des hommes. Qui n'a pas lu Mais je suis un ours ! ? Et toutes les histoires d'ours de l'Ecole des Loisirs. Moi, c'est mon enfance et c'est avec ces histoires (déjà pas toutes neuves)  que j'ai appris à lire et à aimer la lecture. Je ne sus pas sûre que si on m'avait présenté un ours féroce (même si c'est la réalité), j'aurais eu envie de m'approcher de cet univers violent. Ses livres sont davantage destinés à des ados, mais tout de même, ce n'est pas une raison pour dégommer l'image de l'ours "gentil". Seule la dimension "écologique" qu'elle semble vouloir véhiculer dans ses livres semble intéressant. Deuxième désaccord : Erin Hunt a avoué qu'elle n'aime pas les chats ! Ca ne se discute même pas avec moi... :-).
J'ai écouté avec attention le discours du prolixe et sympathique Joseph Delanay, avec ses personnages issus du folkore et ses sorcières, mais je ne suis pas sûre d'avoir compris pourquoi il recourait à ces personnages-là, dans quel but, pour quoi faire etc... si ce n'est "peur" au jeune lecteur.
Quant à Alan Snow, sa saga de monstres (qui date de 2008) paraît amusante et j'aime son parcours. Peut-être que je tenterai la lecture

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Mais globalement, j'ai trouvé que cette rencontre a été finalement peu convaincante. Peut-être parce que le temps était court (une heure) et que l'on passait d'un écrivain à l'autre sans vrai dialogue entre eux.

Au contraire, j'ai adoré l'expo sur les illustrateurs ayant marqué la littérature jeunesse. Certaines oeuvres vous rappelleront forcément quelque chose. Mais dans quel livre les avez-vous vues ? C'est la question lancinante que je me posais en parcourant l'espèce de labyrinthe où elles étaient exposées.
Petit extrait :

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(par Philippe Corentin)

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(par Serge Bloch)

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(mais à qui sont ces charmantes souris ?)

Et puis, un Quentin Blacke récent :

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(lui-même en train de lire de la poésie française !)



Evidemment, j'ai encore quitté le salon avec un carnet bien rempli de références bibliographiques et de la doc.... 
En tout cas, vu la foule compacte qui commençait à se former en début d'après-midi, on aura du mal à me faire croire que les jeunes ne lisent plus ! Ca m'a fait prendre la fuite et "sécher" la rencontre de 15h, "Mondes connectés, mondes en dérive ?"... J'espère que je trouverai un compte rendu sur un blog !

 

 

 



28 novembre 2014

Fille de la campagne

 

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Traduction : Pierre-Emmanuel Dauzat

Ce bouquin a atterri dans ma pile par malentendu en quelque sorte : je pensais acheter le fameux Les  Filles de la campagne qui a rendu Edna O'Brien célèbre. Je me suis trompée, à un singulier (et un article) près. Mais à l'heure où les Irlandaises se battent pour le droit à l'avortement, ce livre tombe à pic pour en savoir plus sur la condition féminine de l'île verte.

Edna O'Brien, née en 1932, revient en effet ici sur sa vie (ce sont ses mémoires). Des études de pharmacie (première surprise !) qu'elle a suivies sans vraiment avoir le choix puisque c'était celui de ses parents. Néanmoins elle était déjà "convaincue qu'un jour [elle] rencontrerai[t] des poètes et qu'un jour [elle] serai[t] admise dans le monde des lettres". Des parents rigoristes et pas vraiment nets (mère névrosée, père violent)  qui l'envoient en pension où elle vit cette période comme une incarcération. Cela la poussera à obtenir son examen avec un an d'avance et dans une relation étrange avec une jeune religieuse, avant que celle-ci disparaisse mystérieusement du couvent (on imagine pourquoi). Sa rencontre avec l'écrivain tchèque Ernest Gléber, qu'elle épouse contre l'avis de ses parents. Une fuite en avant pour échapper à l'univers familial étouffant  (elle pense que ses parents vont vouloir l'enfermer suite à sa grossesse hors mariage, et le mariage contre leur avis) et un pays schizophrène. Elle s'exile à Londres en 1958.

Néanmoins, si le succès littéraire arrive facilement, le calvaire n'en est pas fini parce ce Gléber ne supporte pas d'avoir à ses côtés un écrivain féminin plus brillant que lui et il va jusqu'à lui prendre ce qu'elle gagne avec ses livres ! Jusqu'au jour où elle refuse de lui donner, s'enfuit avec ses deux enfants, et demande le divorce.

Edna O'Brien brise toutes les chaînes. Ce qui fera d'elle une sorte de paria mais la rendra célèbre. On dit qu'elle écrit de la pornographie : "Le débat s'élargit alors pour savoir s'il fallait bannir d'Irlande la pornographie hardcore. Je répondis que je n'avais jamais lu de pornographie hardcore ni en Irlande ni en Angleterre."
Les écrivains masculins ne se gênent pas pour la dénigrer : "Interrogé sur mon livre par Jack Lambet, l'écrivain L. P.  Hartley décréta qu'il s'agissait de l'histoire frivole de deux nymphomanes irlandaises." (en parlant des Filles de la campagne). Alors quel scandale quand elle écrit dans un article qu'"il convenait de réécrire les serments du mariage au bénéfice de la femme" !

De nombreuses personnalités du monde artistique et du show biz (comme Paul McCartney) hantent ce livre. Ce n'est peut-être pas la dimension la plus intéressante par moments. Il y a quelques longueurs. Néanmoins on apprécie de voir dépeint les petits défauts de Patrick Kavanagh, qu'on imagine tout sympathique et lisse, mais qui était quand même sacrément barge,  vivant avec des boîtes de sardines dans sa baignoire et un rétroviseur de camion à sa fenêtre !

Quelques chapitres aussi sur les "événements" en Irlande du Nord dans les années 80, et l'absurdité des choses.

J'ai globalement beaucoup appriécié ce livre qui permet de cerner l'oeuvre de l'écrivain qu'est Edna O'Brien autant que l'étau qui enserrait l'Irlande (et continue à serrer les femmes en niant leur droit à disposer de leur corps) . Un ouvrage pétri de poésie et d'ironie, où on a l'impression qu'Edna O'Brien ne se censure (toujours) pas et dit ce qu'elle a a dire. Je dirai qu'il faut peut-être même lire ses mémoires avant de lire ses romans. Je n'en ai lu qu'un (Crépuscule irlandais) que je n'avais pas aimé. Mais depuis, je me suis procurée le fameux Fille de la campagne (presque collector !), La maison du splendide isolement (sur le conflit nord-irlandais) et Tu ne tueras point (sur le droit à l'avortement).

 

21 novembre 2014

Irlande, nuit celtique

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Morris habite à Limerick. Morris travaille pour Compuflex, une société américaine qui a profité des avantages fiscaux offerts par ce qu'on a appelé le Tigre celtique. Seulement voilà, le Tigre, c'est fini. Il n'en reste plus que la carcasse. Et c'est l'univers de la nuit qui s'abat sur Morris, divorcé, père d'un grand enfant qui travaille pour une banque... Après quinze ans de bons et loyaux services, Compuflex licencie Morris de la manière la plus lâche qui soit : aucune information préalable au licenciement, juste une lettre, "projectile de mots bruts" qui descend Morris en plein vol. C'est trop dur à affronter pour cet homme célibataire et plutôt solitaire. Impossible de l'avouer à sa famille, encore moins à ses amis. Mais aussi celui d'un regard introspectif sur lui-même. Et une descente aux Enfers.

Je vous le dis d'emblée : oubliez l'Irlande et ses images d'Epinal : les jolis paysages, les ponies, les tourbières etc. C'est ici une Irlande de désolation économique contemporaine que brosse Dominique Le Meur. Des Irlandais floués et laminés par un gouvernement qui a mis en place un système ultra-libéral et des banques qui ont fait croire aux Irlandais qu'ils pouvaient tous devenir propriétaires, emprunter et rembourser sans problèmes. Pour un peuple qui a tant souffert, c'était trop tentant. Seulement la crise a planté ses crocs en Irlande dont l'économie a été la première à vaciller en Europe, parce que  fragile comme une bulle de savon : la grande majorité des investissements sont celles de société étrangères, américaines en particulier, appâtées par un système fiscal avantageux, le profit et bien peu de considération pour la main-d'oeuvre... Ainsi, la société informatique pour laquelle travaille Morris délocalise... en Pologne.

Comble de l'ironie, c'est avec une Polonaise que le fils de Morris s'apprête à se marier, ce fils qui lui-même travaille pour une des banques qui a floué un de ses anciens collègues qui vit maintenant dans un lotissement fantôme, abandonné, comme on en dénombre tant en Irlande depuis la crise. Un bidonville irlandais, parcouru par une route inachevée et défoncée, sans eau courante et un système électrique aléatoire. Des gens oubliés de tous, qui ne peuvent pas aller vivre ailleurs puisqu'ils ont emprunté des sommes astronomiques pour acheter leur bien. Je savais que ces lotissements existent, (j'en ai vu à Tralee). Mais j'étais à un million d'années lumière de me douter de l'état dans lequel on a laissé ces personnes. Il n'y a qu'un mot (et pas assez fort pourtant) : REVOLTANT !

La dépression dans laquelle s'enferme Morris, l'amène à repenser à son enfance, surtout les jours de cuite. Et ce sont les vieux démons qu'il a enterrés toute une vie qui remontent  : comme tous les enfants irlandais, Morris a suivi sa scolarité dans une école religieuse. Mais lui était interne. Vous le savez sans doute maintenant, car les médias ont relayé les scandales qui se sont déroulés dans ces écoles. Les prêtres pédophiles, tout ça... Dominique Le Meur ne cache rien de ce qui s'est passé dans ces instituts. On en reste estomaqué et frissonnant d'horreur !

Un roman très bien documenté sur l'Irlande contemporaine, dont il ne reste plus que de la "peau de tigre en lambeaux", où l'on traite les travailleurs qui ont permis aux sociétés étrangères de s'enrichir comme des déchets, de simples rebuts. Un livre tout à fait juste dont je partage absolument la vision des choses. Un roman qui n'est pas non plus dépourvu d'humour (à l'irlandaise !)

Un livre qui m'a émue parce que, au-delà des thèmes abordés, je connais Limerick, ville ouvrière. J'ai connu des étrangers (slovaques et tchèques) qui se sont fait exploités par Dell ("Dell, go to Hell" était la rengaine qu'ils lançaient le soir en rentrant épuisés par des journées interminables), avant que Dell déménage effectivement en Pologne, renvoyant Limerick a sa misère quasi-légendaire. Parce que je connais très bien Limerick qui est ma presque ville d'adoption et qu'en lisant je dialoguais avec un Irlandais de là-bas. Et ce que je lisais pour la partie économique, concordait avec ce qu'il me disait. Mais les Irlandais ne sont pas toujours du genre à se plaindre ouvertement, ils ont toujours ce côté optimiste que les Français n'ont pas. Malgré tout, ce n'est pas si difficile de voir sous le vernis de l'humour. Ce livre va d'ailleurs maintenant passer dans les mains de l'Irlandais de Limerick. J'attends son avis avec impatience !

Un bel hommage aux Irlandais victimes d'abus de toutes sortes.

Quelques mots sur l'auteur : Dominique Le Meur est français (et presque voisin de chez moi), vit à Limerick où il est professeur de français à l'université de la ville (que je connais aussi !). J'ai découvert  cet auteur par hasard, par les réseaux sociaux où il a créé sa page et trouvé la mienne qui relaye ce blog, je crois que c'est ça... Passionné par la littérature irlandaise, les Irlandais et ce pays autant que moi, j'ai eu envie de découvrir son regard de français sur l'Irlande par le prisme du roman.

Il a aussi un site personnel : voir ici et vous pouvez vous procurer ce livre (et les autres) en format numérique (celui-ci pour un prix dérisoire) ou en version papier.




 

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