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15 novembre 2014

Salon du livre et de la presse de jeunesse de Seine-Saint-Denis (Montreuil)

 

Dans quelques jours, du 26 novembre au 1er décembre se tiendra le Salon de tout ce qui concerne les publications pour la jeunesse (mais il n'y a pas d'âge pour être jeune !) qui fêtera cette année ses 30 ans.

Le pire est à craindre pour ma pile Jeunesse/Young Adult qui ne cesse de croître de manière quasi-exponentielle mais je serai au salon (et par la grande porte, avec accréditation! Autant dire que je suis très contente !).

La chasse aux pépites est donc ouverte et je ne pense pas spécialement à moi dans cette histoire, mais à des petits monstres qui grandissent et qui commencent à me piquer directement mes vieux Harry Potter quand ils n'ont pas le nez dans Je Bouquine ou de bons romans innocemment réclamés, suggérés ou offerts... La bibliothèque ne suffit plus tout à fait et la vitesse supérieure a été enclenchée depuis quelques mois : ça dévore sec !

Côté programme, samedi 29 novembre, je ne me vois pas rater "Frissons à l'anglaise" à 11h, même si je ne connais pas les auteurs invités.
Et puis à 15h "Anticipation et manipulation : le monde en dérive? " parce que je lis la série Typos, écrite par plusieurs personnes.

Je me laisse aussi une bonne part d'improvisation selon l'humeur du moment, tout en traînant vers les stands avec mon oeil de lynx ( :-p )

Pour le programme tout est

Bientôt je vais vous parler des Grinche (de l'Anglais Philip Ardagh), du dernier John Boyne (Mon père est parti à la guerre) , du tome 1 de Hotel Summertime, du tome 2 du Maître des livres et puis début janvier d'un Dermot-Chouchou-Bolger. Bon, c'est sans compter sur ce que je vais dénicher à Montreuil...

En tout cas les deux prochains billets seront irlandais et "adultes" :-)


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10 novembre 2014

Le chat qui ne mangeait pas de souris

 

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Illustration : Barry Moser
Traduction : Marie Hermet

Skilley est un chat des rues de Londres : un bon gros matou bien égratigné, la queue définitvement tordue par une porte. Son plus farouche adversaire est... un autre chat londonien, une racaille rousse et borgne au nom explosif : Pinch.
Dans Fleet Street, il y a l'auberge la plus réputée de toute l'Angleterre victorienne : Ye Olde Cheshire Cheese. Comme son nom l'indique, on peut y déguster le fameux Cheshire. On y croise aussi un fameux écrivain, M. Charles Dickens, qui a l'habitude de venir y gribouiller les premières pages de ses romans qu'il n'arrive jamais à commencer (mais aussi Thakeray ou Wilkie Collins)...
C'est aussi là qu'a élu domicile tout un escadron de souris, au grand désespoir de M. Henry, le propriétaire de l'auberge. Il est en quête d'un chat qui pourra chasser toutes ces dévoreuses de fromage. Skilley, SDF très intelligent, se débrouille pour se faire sa place de chat (chasseur de souris) au Ye Olde Cheshire Cheese. Seulement Skilley cache un lourd secret qui lui fait honte, que Pip, une petite souris intello et orpheline devinera sans peine. Et c'est le début d'aventures aussi fabuleuses que farfelues, qui, je vous le garantis, fera votre bonheur de lecteur, quel que soit votre âge !

J'ai découvert ce livre par hasard, au gré de mes pérégrinations en librairie. En quête d'un cadeau. La couverture m'a tout de suite attirée à cause du chat (j'aime les chats! ). J'ai ouvert le roman et mes yeux ont dû s'arrondir de surprise. En feuilletant je suis tombée sur de jolies illustrations so english. J'ai lu le résumé qui évoque une histoire de chat. Il ne m'en n'a pas fallu plus pour embarquer le bouquin.

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Un roman où les héros sont des animaux doués de parole et de raison. Et pas qu'un peu. Il va leur falloir une sacrée dose d'ingéniosité pour cacher le secret de l'un et trouver un stratagème pour aider une créature emblématique de la Tour de Londres (mais je ne peux pas vous révéler son identité sous peine de spoiler). Leur ennemi commun ne sera pas tant les hommes que l'affreux Pinch, prêt à tout pour arriver à ses fins : manger des souris et se débarrasser de Skilley. La seule chose que tout ce petit monde animalier n'a pas remarqué (ou si peu), c'est cet écrivain barbu en quête d'inspiration... Cela leur réservera une surprise de taille. Et au lecteur aussi !

On ne rate pas une miette (de fromage) de tout le petit manège qui se déroule sous nos yeux : on s'en délecte ! Je suis tombée raide dingue de cette histoire, racontée avec beaucoup d'humour, au texte soigné et ciselé mais aussi joliment illustré. Une histoire d'amitié (soi-disant) impossible entre un chat et une souris, où parfois tout part "complètement en quenouille", dans un suspense haletant. Puis ça rebondit. Dans la typographie et dans les mots (apprêtez-vous à tordre le cou parce que les auteurs se sont beaucoup amusés).  Il y a des rumeurs de fantômes, il y a le Londres des bas-fonds victoriens, dans ce roman hanté par Dickens tant dans l'auberge que dans le texte. Un roman à plusieurs niveaux de lecture que les fans de Dickens repéreront rapidement..
En tout cas, vous ne regarderez jamais plus votre chat de la même manière et si une souris court à travers la maison, il y a de fortes chances que les deux soient des amis pour la vie...

Sincèrement, je nourris de grandes espérances quant au devenir de ce livre !
Un petit bijou et un coup de coeur.

 

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1 novembre 2014

Le maître des livres - tome 1

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Traduction : Fabien Nabhan

Présentation : "A la bibliothèque pour enfant "La rose trémière" vous êtes acueillis et conseillés par Mikoshiba un bibliothécaire binoclare célèbre pour son caractère bien trempé. Mais contrairement à ce qu'il peut laisser paraître, c'est un professionnel de premier ordre. Aujourd'hui encore adultes comme enfants perdus dans leur vie viennent à lui en espérant qu'il leur trouvera le livre salvateur.
Une histoire passionnante centrée sur la littérature et Mikoshiba, le "sommelier du livre pour enfant"".

Ce n'est pas tous les jours que j'ouvre un manga. Cela faisait d'ailleurs tellement longtemps que je ne l'avais pas fait qu'il m'est impossible de me souvenir de la dernière fois...
Mais quand mes yeux tombent par hasard sur celui-ci, je n'ai pas hésité une seconde : les tribulations d'un bibliothécaire en manga, en voilà quelque chose d'original ! 190 pages de bulles sur l'univers du livre et des lecteurs, et plus particulièrement des livres pour enfants.
Et hop ! Me voici partie à la rencontre de Mikoshiba, un bibliothécaire tout ce qu'il y a de bourru, mais qui connaît ses références livresques sur le bout des étagères.
Au fil des pages, Umiharu Shinohara dévoile ce qui fait la magie du livre et de la lecture. On rencontre un adulte qui n'a jamais mis les pieds dans une bibliothèque et encore moins dans une bibliothèque pour enfants. Comme beaucoup d'adultes, il s'imagine que la littérature de jeunesse est une sous-littérature, seulement destinée aux gamins. Evidemment cela provoquera la colère de Mikoshiba qui va lui prouver le contraire...
Cela commençait très très fort. Et tout au long du manga, on sourit des nombreuses considérations de Mikoshiba, dans lesquelles chaque amoureux des livres se retrouvera .

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(même si parfois, ça frôle la caricature...).



On croise une foule de personnages dans cette bibliothèque de jeunesse, dont une mère hystérique qui pense que la bibliothèque est mal fréquentée. On découvre le passé de Mikoshiba et ce qui l'a amené à devenir bibliothécaire pour enfants. On relit des classiques de la littérature enfantine de nombreux pays (on parle même de Stevenson et de son Ile au trésor; une allusion à Oscar Wilde aussi). On adore quand Mikoshiba ronchonne sur les bouquins martyrisés par les gamins qu'il faut rabibocher...

Mais (parce que malheureusement il y a un "mais") cela manque de fil narratif réellement construit. On a plus une impression de catalogue de tous les plaisirs apportés par la lecture et du rôle des bibliothécaire dans ce domaine. En fait, il manque une intrigue solide qui fait que, finalement, on se lasse un peu, faute de suspense.

Enfin, les dessins sont parfois déroutants : du très soigné au style brouillon, qui fait que parfois on a du mal à reconnaître les personnages.

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(et encore, je n'ai pas choisi le meilleur exemple...)

Mais je le répète, cela fait très longtemps que je n'ai pas lu de manga, donc j'ai un peu du mal à évaluer à ce niveau-là. Cela m'a juste surprise.

Comme tout manga qui se respecte, il y a une suite. Le tome 2 est publié. Affaire à suivre.

 

 

27 octobre 2014

La condition pavillonnaire

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4e de couverture : "La condition pavillonnaire nous plonge dans la vie parfaite de M.-A., avec son mari et ses enfants, dans sa petite maison. Tout va bien et, cependant, il lui manque quelque chose. l'insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les exutoires: l'adultère, l'humanitaire, le yoga, ou quelques autres loisirs proposés par notre société, tous vite abandonnés. Le temps passe, rien ne change. L'héroîne est une velléitaire, une inassouvie, une Bovary...Mais pouvons-nous trouver jamais ce qui nous comble? Un roman profond, moderne, sensible et ironique sur la condition féminine, la condition humaine."

La quatrième de couverture dit tout. Mais il faut dire que dans ce roman, il ne se passe rien de surprernant ! C'est d'une platitude incroyable, écrit tout en pâté très serré de surcroît. Seul le tutoiement du narrateur envers le personnage tout au long du récit peut surprendre. Je ne me suis attachée ni au personnage principal, cette banale M.A-. qui s'ennuie dans sa vie et ne trouve comme échappatoire que de tromper son mari. Ouais, bof.... Il faut vraiment manquer d'imagination !

Récit de la vie d'une femme qui ne s'intéresse à rien. Si ce n'est (par ordre chronologique) : se trouver un mari ; devenir propriétaire ; fonder une famille. Pourtant, elle n'a pas l'air sotte, elle a fait des études, elle est cadre. Mais apparemment aucune sensibilité artistique et culturelle. M.-A. est un être désincarné. Elle a tout du zombie. Elle finit comme tel : rien de tel qu'une bonne petite dépression et le tour est joué !  Elle manque d'imagination et de curiosité. Ce n'est pas une Bovary ou du moins une pâle copie sans originalité.

Un roman qui manque de piquant, sans vraiment de surprise : on pressent tout ce qui va arriver. Je me suis profondément ennuyée et je regrette que l'analyse de la société contemporaine soit inexistante. Une histoire triste qui laisse néanmoins de marbre.


 

17 octobre 2014

Les légendes noires - Anthologie des personnages détestés de l'Histoire

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Très certainement qu'il a déjà été écrit dans anthologies des héros historiques. Mais Sophie Lamoureux nous propose quelque chose de plus original : une "anthologie des personnages détestés de l'Histoire" : fichtre ! J'avoue que cela a tout de suite attiré mon attention. Même sans savoir qui j'allais exactement y trouver. En cette période d'Halloween (et de monstres en tous genres), je me suis donc plongée dans ces Légendes noires, quitte à me faire peur juste avant d'aller dormir...

Cette anthologie ne présente pas les personnages détestés par ordre alphabétique mais par chronologie, en partant de l'Antiquité égyptienne (avec Akhenaton), jusqu'aux années 1950 (avec McCarthy. Une double page illustrée par Virginie Berthemet est consacrée à chacun des trente-quatre personnages évoqués : on a sa carte d'identité, ses "oeuvres", ce qu'on disait de lui à l'époque, une remise en contexte parfois et un éclairage à la lumière des dernières recherches historiques sur les intéressés. La fin de l'ouvrage évoque brièvement quelques "légendes noires contemporaines" sans développer leur étude puisque le recul historique n'est pas encore assez important.

Voici un florilège de mes pages préférées :

Dracula, le vrai, celui qui empalait ses ennemis et qui par la suite a inspiré l'Irlandais Bram Stocker
Attila, dont on disait que "là où son cheval passait, l'herbe de repoussait plus" et qui a été enterré dans un triple cercueil et dont les esclaves qui ont creusé sa tombe ont été tués afin qu'elle ne soit jamais découverte
Judas  dont la légendaire trahison est en fin de compte mise en balance.
Henry VIII, le roi qui a inspiré plus tard le personnage de Barbe bleue
Jean Sans Terre : tout simplement parce qu'il y a son château à Limerick et que là-bas on ne dit pas qu'il était un "affreux" aux visiteurs (alors qu'il l'était vraiment). On dit simplement qu'il était le frère de Richard Coeur de Lion. Ca m'a sourire mais c'est très personnel !

Aux côtés de ces personnages archi-célèbres, on en trouve d'autres, sans doute moins connus du grand public comme Pierre Gauchon (responsable de l'exécution de Jeanne d'Arc), Genis Khan, Charlotte Corday, Custer le massacreur d'Indiens...

Je passe sur les figures d'Hitler, Franco, Staline, Lenine, Himmler, Mussolini, Mao...

Un livre très complet et très fouillé sur chacun des personnages évoqués. Néanmoins, je doute que cet ouvrage soit accessible à partir de 12 ans. Je dirai plutôt à partir de 14 ans et en fonction des personnages évoqués. Parce que c'est quand même complexe. A utiliser en complètement d'une leçon d'Histoire sur une époque ou un événement. Parce qu'autrement, par exemple, la Révolution française pourrait bien apparaître au jeune lecteur comme un évenement tout sauf positif, un événement réduit à la Terreur de Robespierre, la traitrise de Talleyrand, l'assassinat de Marat...

J'ai apprécié cet ouvrage étonnant qui est également adapté aux adultes qui veulent se cultiver ou "réviser" leur Histoire.
Je vous conseille juste d'éviter cette lecture avant d'aller vous coucher : c'est un peu éprouvant ! :-) Mais parfait comme lecture d'Halloween !



Merci aux Editions Casterman pour ce beau bouquin !







 

 

 

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12 octobre 2014

Une vie d'emprunt

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traduit par Stéphane Roques

4e de couverture : "Slava, jeune juif russe de New York, est un modèle d'intégration. Fuyant sa communauté, sa langue maternelle et le poids du destin familial, il s'est installé à Manathan où, à défaut de réaliser ses rêves d'écrivain, il a dégoté un poste de larbin pour la prestigieuse revue Century avec, en prime, une petite amie américaine branchée et sexy. Mais la mort de sa grand-mère le ramène brutalement parmi les siens, à Brooklyn, et plus précisément chez son grand-père. Le vieux Guelman a souffert dans la vie parce qu'il était juif, parce qu'il était citoyen de seconde zone en Union soviétique, puis immigré russe en proie au mépris d'une Amérique triomphante - et voudrait bien, aujourd'hui, obtenir réparation. Mais il n'est éligible à aucun programme d'indemnisation. Qu'à ne cela ne tienne, Slava est écrivain, il sait raconter des histoires..."

Je n'avais jamais entendu parler de Boris Fishman avant d'aller à Festival America et d'assister à un débat sur l'Histoire dans la fiction. Cet écrivain à l'humour corrosif et au discours intéressant m'a intriguée et j'ai eu envie de découvrir son roman, qui est de plus son premier. Ce fut une aubaine quand Babelio l'a mis en lot dans sa Masse critique de rentrée.
Boris Fishman est américain mais il est né en Biélorussie en 1979 et il est à présent journaliste. Le roman était prometteur : la vie plutôt compliquée d'un Américain d'origine russe, juif de surcroit et l'idée fumante (et immorale) qui lui vient à l'esprit pour que son grand-père touche une indemnisation était alléchante. L'idée de Fishman est audacieuse (elle n'est pas révélée par la quatrième de couverture mais il l'a révélé lors du débat à Festival America donc je la connaissais avant même d'avoir lu le livre) Seulement voilà...

On comprend bien, dès les premières pages que la famille de Slava est du genre pénible et accaparante  (même morte la grand-mère en impose encore et le grand-père, malgré ses quatre-vingts ans, ne perd pas le Nord). On nous raconte comment les petites magouilles entre immigrés, juifs,  sur le sol américain leur ont permis de se simplifier la vie. Le tableau est d'un humour corrosif et sans concessions. Puis la vie d'assistant de rédaction de Slava prend le relais et son idylle avec sa collègue, Arianna elle aussi juive et américaine, précédée par des considérations sur les fringues de deux Américains qui fréquentent un bouge appelé Le Kaboul, les fringues des collègues de Slava au Century, des considérations sur les articles qu'il a écrits...

... Le livre m'est tombé des mains au bout d'environ 150 pages. Trop de digressions, trop de détails encombre la narration : on en perd le fil. Peut-être est-ce parce que je voulais à tout prix être dans le vif sur sujet (que je connaissais). Mais sans le connaître, on se demande où l'écrivain veut en venir. Le coeur de l'intrigue tarde trop à venir. J'ai eu du mal aussi, avec son style assez alambiqué. Pas que les longues phrases me rebutent a priori, mais là, parfois, on ne sait plus trop de quoi il cause. A moins que j'ai manqué d'attention, ce qui est aussi possible !

Bref, je suis d'autant plus déçue que j'ai apprécié les interventions de l'auteur lors du débat à Festival America où il avait un discours tout à fait intéressant, doublé d'un humour que l'on retrouve dans ce livre : malgré tout, j'ai réussi à sourire par moments lors de la lecture. Même si ce roman est finalement une déception.

Je remercie Babelio et les Editions Buchet Chastel pour l'envoi du livre.

 

 

10 octobre 2014

L'homme de la montagne

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 Traduction : Françoise Adelstain

Nous sommes en 1979, en Caroline du Nord, plus précisément dans le Parc national de Golden Gate, dans une résidence superbement nommée "Cité de la splendeur matinale (!). Rachel a treize ans et sa soeur Patty en a onze. Leur père est le flamboyant inspecteur Torricelli, divorcé pour cause d'être aussi un flamboyant coureur de jupons. Néanmoins, il adore ses filles, qui, livrée à elles-mêmes (pour cause de mère dépressive), ont comme activités favorites les balades dans la montagne et regarder leurs séries TV préférées installées sur une couverture dans le jardin de leur voisin (tant pis si elles n'ont pas le son, l'image leur suffit, elles font elles-mêmes les dialogues !). C'est bien calme le Golden Gate National Park, un peu trop quand on a treize ans et onze ans. Mais voici qu'une série de meurtres va venir pimenter leur existence et leur réserver bien des surprises.

Ce roman s'est retrouvé de façon totalement inattendu dans ma Pile à lire suite à mes pérégrinations à Festival America. C'est parce que j'ai entendu Joyce Maynard en parler dans un débat et qu'elle a su susciter ma curiosité quand elle a parlé de ce roman en disant que ses héroïnes sont des personnages forts. Et que c'était l'une des choses qui lui importaient le plus. Et puis, il y avait l'issue de l'intrigue (non révélée, évidemment) qui avait l'air d'être un peu hors du commun.
Eh bien je dois dire que je ne m'y suis pas trompée : moi qui ne lit pas si souvent que ça des romans américains, je n'ai pas lâché celui-ci. Et c'est le premier que je lis de Joyce Maynard...

C'est tout d'abord, pour nous, lecteurs français, une sacrée plongée dans l'Ouest américain, un vrai dépaysement, dans cette bourgade à l'ombre du mont Tamalpais - où rodent, en plus des coyotes, ce serial killer qui va terrifier la population pendant des mois et des mois.

C'est aussi une plongée dans les années 70-80, avec en écho la série Drôles de Dames (Farrah est d'ailleurs le surnom que donne l'inspecteur Torricelli à sa fille Rachel). Drôles de dames, c'est en effet ce que sont ces gamines qui jouent les enquêtrices pour aider leur père à trouver le coupable. Parce que, au fil du temps, l'inspecteur Torricelli va perdre de sa superbe face aux medias et à la population car il ne parvient pas à arrêter le meurtrier. Seulement, à 13 et 11 ans, on est inconscients du danger. Les deux gamines vont échafauder un plan, qui évidemment ne se passera pas du tout comme prévu. Mais l'une d'elle aura une idée aussi géniale que burlesque pour les sauver d'un face-à-face qui prend une allure inattendue (ne vous apprêtez pas à pleurer mais plutôt à rire et à trouver, qu'effectivement, ces deux gamines sont de drôles de dames !).
D'ailleurs, Patty faire remarquer à sa soeur qu'"on est tous des drôles de zèbres. Chez certaines personnes, on ne remarque pas leur bizarrerie, mais on en a tous une".

Ensuite, c'est l'âge de 13 ans qu'explore sous toutes ses formes Joyce Maynard. Je ne me rappelle pas de comment j'étais à cet âge-là exactement mais j'ai trouvé que le personnage de Rachel était à la fois très gamine et très mature pour son âge. Du moins, elle évolue au fil des pages dans sa vie d'ado, n'hésitant pas à larguer manu militari son premier  boyfriend qui la prend pour un objet. On s'attache rapidement aux deux gamines au caractère bien trempé, dont on sent que dans la vie, elles ne se laisseront jamais marcher sur les pieds. C'est un trait de caractère qui m'a beaucoup plu, notamment dans sa dimension féministe.

Parce que c'est aussi ce qu'est ce roman aux multiples facettes : un polar qui tient en haleine et un roman d'apprentissage féminin et féministe.

Enfin, la fin n'est pas convenue. Si ce n'est pas tout à fait une happy end (il y aura des morts), c'est toutefois une fin comme je les aime :habile, inattendue, émouvante, mais sans pathos larmoyant. Autrement dit : la vie reprend ses droits.

Et pour vous mettre dans l'ambiance de ce roman,  écouter le titre qui hante le roman:)

The Knack-My Sharona





 

 

4 octobre 2014

Typos tome 2 : "Poison noir"

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Traduction : Faustina Fiore

Nous retrouvons les quatre étudiants en journalisme (Gipsy, Morph, Dusker et Arlequin)  dont le premier volume relatait leur lutte contre un scandale humanitaire dans un pays africain de 2043.

A présent voilà qu'une crise alimentaire et économique sans précédent s'abat sur Maximum City, due à un mystérieux champignon noir qui a ravagé toutes les récoltes. Comme par miracle, la puissance société AgroGen a trouvé un anti-virus. Cela paraît évidement totalement suspect à l'équipe d'apprenti-journalistes, qui mènent une enquête jusqu'à mettre leur propre sécurité en péril.

Guido Sgardoli choisit ici de montrer comment l'on peut fabriquer une famine de toutes pièces, comment, dans une société totalement corrompue et malfaisante comme celle de ce roman, l'économique et le politique sont complices au nom de deux maîtres mots : le profit et le pouvoir. Il suffit que des multinationales, où les gens travaillent pour leur compte, créent volontairement des catastrophes et ensuite se présentent avec l'antidote élaborée d'avance. C'est tout bénéfice pour eux, d'autant qu'elles ont "la plus haute organisation internationale pour le contrôle et le développement alimentaire" (le Fonds alimentaire mondial), dans la poche. Le pouvoir de vie et de mort sur les individus est alors à portée de main.

Autant j'avais un avis mitigé sur le premier volume de cette série, autant on ne s'ennuie pas une seule seconde dans celui-ci, qui plonge directement au coeur du problème, à un rythme haletant. Une petite virée dans le désert qui borde Maximum City et la rencontre surprenante avec une vieille dame, que l'on imagine un peu sortie d'un roman anglais (elle se nomme Sara Bells) qui se prend d'amitié sincère pour les quatre jeunes qu'elle va héberger chez elle, est l'une des surprises de cette histoire.
Autant dans le premier volume j'avais eu du mal à m'attacher aux jeunes héros parce qu'ils n'étaient pas suffisamment approfondis à mon goût, autant ici on en apprend davantage sur eux par le biais de l'histoire de leurs parents. On comprend pourquoi Morph est un être protéiforme et pourquoi Gipsy dispose de bronchies. Les particularités physiques de chacun font aussi partie du puzzle de l'intrigue, que l'on découvre au fur et à mesure.

Pourtant, le lecteur n'est pas au bout de ses surprises : un coup de théâtre totalement inattendu l'attend à la dernière page et ce n'est pas une bonne nouvelle ! Ce qui me fait conclure en disant : avec Typos, noir, c'est noir !

J'espère tout de même un peu d'espoir dans le tome suivant. Affaire à suivre...


Je remercie Flammarion Jeunesse pour l'envoi de ce livre !

 

 

28 septembre 2014

Debout-payé

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4e de couverture : "Debout-payé est le roman d'Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papiers à Paris en 1990.
C'est un chant en l'honneur d'une famille où, de père en fils, on devient vigile à Paris, mais aussi en l'honneur de la communauté africaine avec ses travers, ses souffrances et ses différences.
C'est l'histoire politique d'un immigré et du regard qu'il porte sur notre pays, à travers l'évolution du métier de vigile depuis la Françafrique triomphante jusqu'à l'après 11-septembre.
C'est enfin le recueil, sous forme d'interlude, des choses vues et entendues par l'auteur lorsqu'il travaillait comme vigile au Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Elysées.
Une satire à la fibre sociale et au regard aigu sur les dérives du monde marchand contemporain, saisies dans ce qu'elles ont de plus anodin - et de plus universel."

Sortie d'abord discrète début septembre (aucun media professionnel n'en a parlé, dans tout le tintoin de la rentrée littéraire), ce bouquin a connu un succès fulgurant au point d'être en rupture de stock un peu plus d'une semaine après sa sortie. C'est suite à une interview de l'auteur sur France Inter et quelques éloges sur Facebook que j'ai décidé de le lire. Pourtant j'ai cru que je n'y arriverais pas : j'ai écumé 3 librairies, une grande surface (ok, on peut rêver!) et râtissé le web : c'était : "niet, y'a plus" ou alors des petits malins qui essayaient de se faire du fric sur le dos des lecteurs. Je dois mon salut à un libraire de Rennes mais si j'avais patienté une semaine de plus, j'aurais pu le trouver à peu près partout. Parce que maintenant toute la presse en parle  et il a fait l'objet d'un nouveau tirage. Il a été dit tellement tout que je ne vois pas bien ce que je vais pouvoir ajouter, surtout que la quatrième de couverture dit l'essentiel...

Je vais dire que c'est caustique, poil à gratter à souhait, truculent. On lit ce livre avec des sourires et des rires francs. La société de consommation et la communauté ivoirienne de Paris sont décortiquées par le regard acide d'un vigile qui n'a pas les yeux dans sa poche ni les oreilles d'un sourd. L'écriture est vive et inventive, parsemée de parler ivoirien ("Moi je n'achète pas les jeans wôrô-wôrô qui vont se gâter vite là!") . On se délecte des observations décapantes d'Ossiri. Elle sont entrecoupées par le récit de l'immigration africaine en France des années 60 à l'après-11 septembre : on assite à la création du statut de "sans-papiers" due à la création de la carte de séjour par un certain Poniatowski ; au petit "trafic" entre Ivoiriens pour le métier de vigile en France jusqu'à son éradication due indirectement à la tragédie du 11-Septembre et à la montée de la paranoïa; on revit même la très médiatique occupation de l'église Saint-Bernard représentée par ce qui sera l'icône du sans-papier : un Sénégalais, un certain Mamadou qui "s'appelait Diop en réalité mais un négro, ça s'appelle Mamadou, c'est plus simple et plus facile à prononcer. Il avait une bonne tête le Mamadou, et il parlait français sans un trop fort accent et beaucoup mieux que la plupart des analphabètes avec lesquels il s'était fourré dans la chapelle". "Depuis lors, à chaque nouvelle expulsion médiatisée, tout le monde rêvait d'être The Mamadou : syndrome MSB, Syndrome Mamadou de Saint Bernard", parce que l'histoire de Mamadou se "conte-de-fée-isa" : il obtint des papiers comme par magie et "gagna des millions de francs bien français dans une étrange histoire de plagiat de nom de domaine avec Vivendi Universal".
Une petite pensée pour les habitants d'une certaine ville pas si loin de chez moi et je sais maintenant qu'on n'a pas idée d'avoir les yeux verts parce que certains monstres des contes africains ont les yeux verts !

Un livre qui sort de l'ordinaire en pleine rentrée littéraire.
La seule chose qui m'a déplue c'est la jaquette (oui, je sais, je suis pénible !) mais j'ai apprécié toute l'originalité de la couverture couverte de texte et le verso de la jaquette,

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ainsi que "l'achevé d'imprimé" :


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:-)
(Ed. Le Nouvel Attila)

 






 

23 septembre 2014

L'amour et les forêts

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Bénédicte Ombredanne est agrégée de lettres et enseigne dans un lycée. Parce qu'elle n'est pas retenue pour être membre du jury d'un prix littéraire, elle décide d'écrire à Eric Reinhardt pour lui dire que si elle avait été retenue, elle aurait défendu son dernier roman qu'elle a adoré. Eric Reinhardt lui répond et s'ensuit, non sans hésitation et réflexion de la part de l'écrivain (les écrivains ayant "la réputation d'être des croqueurs de lectrices"), une correspondance email suivie de deux rencontres. L'écrivain est rapidement intrigué par cette jeune femme, habillée avec recherche, à la manière d'une dandy toute droit sortie du XIXe siècle (veste en pane de velours, bottines lacées, bague ancienne...). Il se confie sur son travail d'écrivain (l'angoisse d'écrire un prochain roman plus mauvais que celui qui l'a rendu célèbre) et cette confidence (un zeste manipulatrice, mais pas totalement) incite à son tour Bénédicte à la confidence : elle avoue être victime de harcèlement conjugal. L'écrivain, indigné, se prend d'amitié pour cette femme. De son côté, Bénédicte tente de changer sa vie : sur un coup de tête et de colère, elle s'inscrit sur Meetic.

C'est le premier roman que je lis d'Eric Reinhardt. J'avoue que j'ai été bluffée par la qualité de son écriture et les divers niveaux narratifs que contient ce roman. L'écrivain est d'abord narrateur puis s'efface pour laisser la plume à Bénédicte qui raconte son calvaire. On change souvent de registre de langue. On passe d'une écriture très soignée, aux longues phrases proustiennes, à un style très cru qui vous met des coups de poing dans les yeux, une écriture 2.0 qui vous plonge dans la jungle plutôt mal-famée de Meetic comme qui vous y étiez vous-même en direct (mais en même temps, c'était comique). On a l'impression de vraiment se faire harceler et insulter par le mari de Bénédicte. Enfin, la dernière partie du roman se fait presque polar : l'écrivain revient sur scène pour enquêter sur le passé de Bénédicte.

Autant le dire tout de suite : malgré tout le malheur de Bénédicte, j'ai eu du mal à avoir totalement de l'empathie pour elle. Pas que je ne trouve pas que ce qu'elle vit est insupportable (ça l'est vraiment totalement !), mais j'ai eu envie de la secouer à longueur de pages, de lui dire : "Mais purée, barre-toi ! Ne reste pas avec ce cinglé. Pour moins que ça d'autres l'ont fait ! En plus tu es agrégée, tu as les moyens financiers de te barrer !" Bref, Bénédicte est un personnage très agaçant parce qu'elle ne va pas au bout de ce qu'elle décide. Elle fait les choses sous le coup de la colère, de sursauts, puis n'assume pas et retourne dans ses pénates.
Voilà un exemple presque "soft" de la manière dont lui parle son mari : "Regarde-moi dans les yeux au lieu d'interroger la moquette, on dirait une demeurée. Ce n'est pas en adoptant cette attitude de contrition que tu vas t'en sortir, hypocrite, salope." Et quand je dis que ça c'est "soft", ça l'est vraiment. C'est quand il est "gentil" qu'il lui parle ainsi. Je ne parle même pas du reste qui va au-delà de ce qu'on peut imaginer. Ce type est un pervers narcissique et sa femme tombe dans les pièges qu'il lui tend (il pleure, il supplie, il promet) à tous les coups (sans jeux de mots!). Pourtant cette femme n'est pas une demeurée et elle le sait.  Elle entreprend des choses (la rencontre sur Meetic d'un homme bien qui la rend plus heureuse en une demi-journée que son mari en x années de mariage) mais elle rêve sa vie plutôt que de passer à l'action. Elle s'imagine un avenir : "Elle arrêterait l'enseignement : elle sortirait de cette prison-là (...). Elle en avait assez, en somme, de se dévouer quasi exclusivement, dans l'ordre, à son mari, à ses enfants, et aux enfants des autres, sans aucun retour constructif. Elle suivrait une formation pour travailler dans l'édition : après tout, elle était agrégée de lettres, ce n'était pas rien, sans doute pourrait-elle devenir correctrice, ou bien lectrice, ou bien encore, un jour, qui sait, une éditrice appréciée par ses auteurs, pourquoi pas ?"

Déjà le lecteur a son compte d'émotion devant cette histoire. Mais il n'est pas au bout de ses surprises. On imagine totalement que Bénédicte va finir assassinée par son époux. Eh bien non ! Et là attention je suis obligée de raconter la fin alors SPOILERS :
Bénédicte meurt d'un deuxième cancer (parce qu'elle en a eu un premier !). Mais avant de mourir, elle est encore accablée par son mari (et dénigrée par ses enfants). Bénédicte, mourante, souhaite qu'on la laisse seule et surtout que son mari ne dorme pas au bout de son lit d'hôpital. Evidemment c'est ce qu'il fait ! Et finit par lui faire comprendre qu'elle ne crève pas assez vite !!  A peine morte, sa fille dégage toutes les affaires de sa mère de la maison.
Alors là, pour tout ça j'ai dit : STOP. C'est "too much" ! J'ai trouvé que ça perdait en crédibilité par excès de malheurs. J'ai peut-être tort mais c'est mon ressenti. Limite il y a de quoi se pendre à la fin !

C'est d'autant dommage que l'idée du rebondissement qui fait de l'écrivain un enquêteur "familial" après la mort de Bénédicte est originale. L'idée de la jumelle de Bénédicte surprenante. Le contenu des révélations de la jumelle peut-être un peu moins, en fin de compte (j'avais en partie deviné).

En tout état de cause, malgré la dernière partie du livre qui m'a déçue par excès de malheurs, ce roman est vraiment un bouquin marquant et bluffant qui reste dans la mémoire même quinze jours après l'avoir refermé.

Ce roman a été écrit sur la base de témoignage de lectrices qui ont écrit à Eric Reinhardt pour témoigner de leur calvaire. L'une d'entre elles lui a même demandé d'écrire sa vie. Témoignage pour celles qui souffrent en silence. Comme je l'ai pensé dès le début : il ne faut sans doute pas aller très bien pour confier sa vie à ce point à un écrivain.

Eric Reinhardt brosse le portrait d'une femme en souffrance mais non sans quelques piques bien senties. Ce livre est en sélection pour le Prix Goncourt 2014, ça ne m'étonnerait pas tout à fait qu'il le remporte. Wait and see.

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