Les tribulations d'une caissière
4e de couverture : "Elle s’appelle Anna, elle a vingt-huit ans, un diplôme universitaire de littérature et huit ans d’expérience derrière une caisse de supermarché. Un métier peu propice aux échanges, ponctué de gestes automatiques…
Anna aurait pu se sentir devenir un robot si elle n’avait eu l’idée de raconter son travail, jour après jour.
Elle vous a vu passer à la caisse. Vous avez été des clients faciles ou des emmerdeurs, riches ou pauvres, complexés de la consommation ou frimeurs. Vous l’avez confondue avec une plante verte ou vous lui avez dit bonjour, vous avez trépigné à l’ouverture du magasin ou avez été l’habitué nonchalant des fermetures. Anna, vous l’avez draguée, méprisée, insultée.
Il ne se passe rien dans la vie d’une caissière ? Maintenant, prenez votre chariot et suivez Anna jusqu’à sa caisse."
En septembre dernier, je m'étais délectée avec Debout-Payé d'Armand Gauz, qui raconte les tribulations d'un vigile ivoirien à Paris. J'avais depuis un moment ce bouquin, issu d'un troc entre lectrice, qui en semble le pendant. A la recherche d'une lecture légère et rapide avant de partir en vacances, je me lance donc dans les tribulations d'une caissière.
Anna Sam est une blogueuse à qui il arrive quelque chose de peu banal alors qu'elle raconte par le biais de petites histoires la vie du supermarché : "(...) un jour, sans vraiment savoir pourquoi, un journaliste lui fait les honneurs de la presse régionale, un article qui va tout déclencher... Du blog perdu parmi des centaines de milliers d'autres, celui-ci va accrocher, intriguer, surprendre. Les médias vont s'en emparer et il va faire le tour de France puis du monde quelques semaines plus tard.
Le hasard de la vie a voulu que cette médiatisation coïncide avec la démission de la caissière qui, à ce moment-là, voulait tenter sa chance ailleurs.
Le hasard de la vie lui a ouvert une route dont la caissière avait seulement rêvé.
Le hasard de la vie lui a permis de rencontrer des éditeurs et de pouvoir transposer ses tickets de caisses virtuels en ticket de caisse sur papier."
Le but d'Anna Sam à travers son blog et son livre est de réhabiliter le métier de caissière (pour faire "chic", de nos jours, on dit "hôtesse de caisse"), de sensibiliser les clients des supermarchés à la femme-tronc à qui ils balancent leurs achats sur le tapis roulant en la prenant souvent pour une bonne à rien, ou tout simplement en oubliant qu'elle est là.
De plus, sa position à la caisse lui permet d'observer les clients. Son oeil de lynx ne rate rien, sa langue bien pendue non plus et sa plume fait le reste.
Anna Sam considère le lecteur comme quelq'un qui veut devenir caissière et lui prodigue ses conseils. Elle s'adresse à lui à la deuxième personne du pluriel.
Mon avis va être rapide : ce livre se lit bien, mais il est inégal. Par moment, j'ai ri mais par moments je suis restée de marbre devant des scènes qui se voulaient drôles. Rien à voir avec la plume de Gauz ! C'est peut-être ma lecture précédente qui a fait de l'ombre à Anna Sam. L'impression globale est finalement celle d'un livre un peu répétitif.
Le point positif est sans doute, qu'en raison de son succès, le livre a sensibilisé le grand public à l'être humain que personne ne voit et dont personne ne reconnaît le travail, mais qui pourrait être n'importe qui, de nos jours, dans une France en état de crise.
Un livre qui a fait du bien aux caissiers et caissières, comme en témoigne les extraits de courrier de lecteurs à la fin de l'ouvrage.
Une belle intention, même si la qualité littéraire n'a pas été à la hauteur de mes attentes.
Anna Sam a écrit une suite à ce livre paru en 2008 : Conseil d'amie à la clientèle.