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6 juin 2010

Le voyage de Felicia

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4e de couverture : "Elle cherche Johnny. Désespérément, c'est-à-dire - paradoxe des mots - l'espoir chevillé à l'âme et au corps. Jonhnny et Felicia se sont connus au pays, en Irlande, à la faveur d'un mariage. Brève rencontre : ils s'aiment ou croient s'aimer; lui regagne l'Angleterre où il a trouvé du travail - sans laisser d'adresse. Elle décide de franchir la mer pour le retrouver.
Felicia erre dans la grande ville noire, autrefois fleuron de l'industrie anglaise triomphante, aujourd'hui cité dévastée par la crise, le chômage, le racisme, la violence. Johnny reste introuvable. Portée par une passion qu'alimente le seul souvenir d'un instant volé, Felicia finit par s'enfermer dans son rêve, sans espoir de secours, bientôt incapable d'empoigner la réalité qui s'offre. Inapte au métier de vivre, elle ne se soutient plus que de cet amour fantôme.
Son errance l'expose à d'étranges rencontres. Ainsi croisera-t-elle la route de Hilditch, inquiétant compagnon d'infortune, âme perdue dans ses fables - assassin peut-être. Il ne pourra pas l'empêcher d'aller jusqu'au bout de sa dérive : quête sans absolu, absurde descente aux enfers fouettée par tous les mauvais vents du sort, où même l'ordinaire solidarité humaine fait défaut - sinon entre paumés... et encore.
Aucun coup de tonnerre au long de cette tempête que l'on dirait filmée au ralenti et qui débouche sur un silence sidérant: ce silence auquel le monde d'aujourd'hui, en sa folie, refuse obstinément de prêter l'oreille."

A regarder la couverture, on s'attend à un roman qui se déroule au XIXe siècle. Nous sommes pourtant dans les années 80, en Angleterre, aux environs de Birmingham. La 4e de couverture me semble beaucoup trop interprétative. Il s'agit ne s'agit pas, à mon humble avis, d'un roman sur le chômage, le racisme et la violence.

Felicia quitte son Irlande natale pour retrouver son amant. Tout simplement parce qu'elle est enceinte. Ce personnage m'a agacée tout le long du récit par son innocence poussée à l'extrême. La carricature de la pauvre fille qui débarque de sa campagne. Un effet voulu par Trevor dont on se rend compte à la fin du roman. Sur son chemin, elle croise l'inquiétant personnage de Mr Hilditch, vieux garçon, aux moeurs étranges, qui a tout du psychopathe et dont le passé est laissé à l'imagination du lecteur, ou du moins, ce dont il a fait de ses anciennes "amies". Puis notre pauvre héroïne complètement paumée manque de peu de se faire embrigadé par des illuminés d'une secte religieuse, qui, une fois qu'ils tiennent leur proie, ne la lâche plus. Elle passe ensuite du temps en compagnie d'une clocharde irlandaise, débarquée il y a des années de son île, étrange reflet d'elle-même et d'un couple de drogués.

Ce roman a tout le long des accents de thriller psychologique. J'ai souvent pensé à Hitchoch sans trop savoir pourquoi. Le personnage de Hilditch est franchement flippant. Beaucoup trop propre sur lui au quotidien pour être tout à fait honnête. Ce qu'il arrive à faire faire à Felicia vous laisse pantois. Seulement la fin du roman révèle quelques surprises. Un roman d'apprentissage d'une fille des années 80 qui n'a rien d'un roman d'amour. Même s'il en reprend les codes, c'est pour mieux les retourner. J'ai beaucoup apprécié l'analyse psychologique fine de l'écrivain pour ses personnages, au-delà des apparences. Ainsi que la peinture qu'il fait de la société : la solitude des personnages, chacun dans leur univers, égoïstes, chacun à leur manière. Peinture pessimiste mais réaliste, hélas!

J'ai vraiment aimé cette découverte de William Trevor, écrivain irlandais protestant du comté de Cork, né en 1928.
D'après ce que j'ai lu sur lui, c'est, de part et d'autres de l'Atlantique, un des écrivains majeurs de la fin du XXe siècle (toujours vivant et écrivant toujours). Il a commencé à être traduit pour les lecteurs de langue française dans les années 1990.
Le voyage de Felicia (Felicia's Journey) a été écrit en 1994 et traduit en français en 1996 par les éditions Phébus. Il a obtenu de nombreux prix, dont le Whitbread et le Sunday Express Award pour ce roman. Dommage qu'il ne soit pas si connu que ça en France, d'autant plus qu'il continue d'écrire (le dernier roman en date étant Lucy - 2003 -, je crois).

J'ai d'ores et déjà prévu de lire Le silence du jardin.

Pour en savoir plus sur (Sir) William Trevor, c'est ici

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Le cinéaste Atom Egoyan a tiré une adaptation du roman en 1999 (je ne l'ai pas vue) :

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Commentaires
M
@ Ys : ça dépend. Il y a souvent beaucoup d'humour dans la littérature irlandaise (cf. Joseph O'Connor, Roddy Doyle, pour ne citez qu'eux). Ici je conçois que ce n'est pas un livre gai, mais prenant cependant.<br /> <br /> Effectivement l'histoire pourrait se passer au XIXe siècle (je n'ai pas dit le contraire) mis à part que les tondeuses à gazon électriques ne devaient pas exister à cette époque :p ! Nan parce que le darling de l'héroïne est censé travailler dans une usine qui fabrique ça...<br /> C'est vrai que Felicia, Irlandaise, est considérée comme une "cul terreuse" d'un pays arriéré dans le livre. Cela dit, retournement de situation...<br /> <br /> J'ai juste regretté que le couv' ne soit pas trop attrayante, important pour vendre un livre ! Je trouve que les éditeurs font de gros efforts en ce moment pour ça(ce n'était pas le cas jusqu'à très récemment et encore moins dans les années 90).
Y
Même si ça se passe dans les années 80, ton résumé ressemble à une histoire qui aurait pu se passer au XIXe siècle. Je n'ai jamais lu cet écrivain, bien que j'aie des livres de lui à la bib, mais parfois, j'ai un peu de mal avec la littérature irlandaise, c'est souvent très plombé...
M
@ Maggie : William Trevor est prolifique, tu as l'embarras du choix.<br /> <br /> @ Marie : le caractère du personnage ne gâche rien à la lecture, je te rassure. Ca n'a rien d'un roman "préformaté".
M
Ce livre me tente bien, mais en même temps, si l'héroïne est aussi nunuche que tu le laisses penser, elle va m'agacer......
M
Je ne sais pas si e choisirai ce titre pour découvrir cet auteur mais je note son nom...
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