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9 août 2010

Rupture

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4e de couverture : "Samuel Szajkowski enseigne l’histoire dans une école secondaire, mais aussi d’autres matières car on manque de personnel. Par un été torride, il entre dans une salle, ouvre le feu et tue trois élèves et un collègue avant de retourner son arme contre lui.
Au fil de son enquête, l’inspecteur Lucia May se heurte à la complexité - souvenirs flous, mensonges, mauvaise volonté - des témoignages des professeurs et des élèves. Plusieurs vérités successives apparaissent. Ce drame fait désordre dans la communauté, et il importe que l’affaire soit bouclée vite fait, bien fait. Version officielle : le Polonais était un psychopathe. Mais Lucia suspecte qu’il y a davantage en jeu et tient à creuser malgré tout. Ce qu’elle va découvrir est terrifiant.
Cruauté des enfants, harcèlement d’un professeur par des gamins gâtés que soutiennent leurs parents influents, hypocrisie des pouvoirs publics et de la direction de l’établissement, petites vengeances d’enseignants frustrés et peu considérés, état déplorable du système éducatif anglais : Rupture parle d’un mal bien contemporain."

Avec Rupture, Simon Lelic nous plonge dans un roman policier anglais pas comme les autres. Le lieu du drame est celui de l'Ecole où un jeune professeur d'histoire, Samuel Szajkowski, tue quatre personnes - trois élèves et une collègue - avant de se donner la mort. L'inspecteur de police Lucia May est chargée d'établir un rapport afin que l'affaire soit classée au plus vite, à savoir que le tueur était un fou, un monstre. Mais au fur et à mesure de son enquête, ce qu'elle découvre est d'une toute autre ampleur et l'affaire ne peut être classée si facilement. Sa découverte dérange sa hiérarchie qui l'écarte alors de l'affaire. Mais l'enquêtrice en fait fi, continue et donne à voir au lecteur une vérité dérangeante.

L'enquête repose sur les enregistrements des interrogatoires menés. Celui d'enseignants, d'élèves, de parents d'élèves dont l'enfant a été tué dans le carnage, celui du directeur du collège, Mr Travis, et de sa secrétaire. Les pièces à conviction sont alignées au fur et à mesure sous les yeux du lecteur, qui découvre, comme le dit Lucia, que "ce n'est pas toujours celui qui appuie sur la détente qui est responsable".

Dans ce roman policier, Simon Lelic brosse un portrait peu reluisant de la société anglaise contemporaine et en particulier de son système éducatif où règne la loi de l'omerta.
Mr Travis est une caricature : comme le veut le système britannique, il recrute lui-même ses enseignants. Cependant, il n'a pour eux que peu d'estime, comme il a peu d'estime pour les élèves et ses compatriotes en général : "La majeure partie de la population adulte de ce pays sait à peine compter ses orteils, en admettant qu'elle soit capable de regarder plus bas que son ventre pour les localiser. (...) Les enseignants (...) ne se préoccupent que d'eux-mêmes". Pour lui, ce qui compte, ce sont les mathématiques et les chiffres. Et c'est bien là le noeud du problème. Il n'a que peu d'estime pour l'humain, ce qui n'est pas sans conséquence lorsqu'on est chef d'établissement scolaire. Il accorde nettement plus d'importance à l'argent qui rentre et qui sort de son établissement, d'autant plus que son collège est en passe de recevoir des fonds privés. Alors autant que l'affaire soit classée plutôt que d'effrayer les investisseurs. D'autant plus que le collège a déjà des antécédents : Eliott, un élève persécuté par d'autres élèves, a été sauvagement agressé et finit par se suicider. Tout comme Samuel était persécuté par ses élèves qui n'ont pas hésité à lui casser une jambe ou à lui mettre un étron dans sa malette. A cela s'ajoute l'hostilité de son collègue prof de sport, "T.J." pour un motif bien futil : Samuel l'a pris pour un prof de latin, ce qu'il a été vécu comme une insulte! Un type stupide, méchant et aussi immature que les élèves dont il a la charge. Les autres enseignants, témoins des mésaventures à répétition de leur nouveau collègue ne feront rien. Par peur de Mr Travis notamment...

Dans son enquête et son travail en général, Lucia elle aussi est persécutée, victime du machisme de ses collègues, en particulier de Walter qui tente de l'intimider en l'agressant dans un parking, mais aussi de Cole, son boss, plus préoccupé de son herpès et de sa carrière que de faire jaillir la vérité.

Dans ce roman policier, le lecteur ne découvre pas un tueur psychopathe mais terriblement banal, normal, victime d'une surdose d'humiliations, de persécution mais aussi d'indifférence dans un système qui laisse peu de place à l'humain. Un roman effrayant que l'on n'oublie pas une fois refermé. Bien plus qu'un roman policier, c'est certain...

Je pense que l'on entendra reparler de Simon Lelic, dont c'est le premier roman publié en France.

Voir aussi l'avis enthousiaste d'Ankya.

Lu dans le cadre du

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Commentaires
M
@ Ankya : oui moi aussi j'ai hâte d'avoir la suite et je vais m'inquiéter si d'ici demain ou samedi ou plus tard, ma boîte aux lettres reste vide...
A
Je reviens sur les blogs après une petite pause... Je suis super contente que tu ais aimé ce livre également, en merci pour le lien au fait !<br /> Il me tarde de recevoir les livres d'octobre :)
M
@ Aurore : moi aussi ! Il pose bien la question des responsabilités de chacun des personnages, dont le premier responsable tout de même est le directeur de l'école qui n'a rien fait, puis viennent les autres, qui n'ont pas aidé, par lâcheté et peur. Bref, ça fait froid dans le dos car c'est vraiment réaliste.<br /> Pour la fin, il n'y a pas de solution donnée, au lecteur de se faire son idée. J'aime bien les fins ouvertes comme ça ! :)
A
Jurée du Prix ELLE également, j'ai beaucoup aimé ce roman policier qui sort de l'ordinaire par sa construction et son sujet<br /> <br /> Je le recommande
M
@ la grandestef : je te le recommande chaudement ! J'ai trouvé ce livre brillant, vraiment. Je suis assez étonnée qu'on en parle si peu et qu'il suscite aussi peu d'intérêt sur la blogosphère... Peut-être qu'il fait trop peur et/ou que le sujet est trop dérangeant, je ne sais pas, je m'interroge.<br /> Même à voir le peu de commentaires à son sujet ici même... Strange ! :p
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