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8 mai 2015

Mission collège - Une aventure d'Antoine Lebic

missioncollege

4e de couverture : "C'est décidé, Antoine Lebic passe à l'action. Dès la rentrée, il enquêtera sur les dangers qui guettent les élèves de 6e ! Pour remplir sa mission, il est prêt à tout : ne pas faire ses devoirs, pénétrer de nuit dans le collège, infiltrer la salle des profs...
Bientôt, grâce à lui, plus personne n'aura peur du collège."

Ca commence comme dans un film, avec "une mini-scène avant le générique pour expliquer tout de suite de quoi on va parler" . Dans cette séquence d'ouverture, Antoine Lebic "vient de vivre son dernier jour en CM2", "on voit (...) qu'il a peur d'entrer en sixième. Vraiment peur." Il faut qu'il trouve une solution pour surmonter sa "gigantesque trouille". Et puis, au premier chapitre, le gamin, en regardant Mission impossible, décide de devenir "agent secret infiltré en territoire ennemi". Il s'invente une mission: enquêter sur les dangers qui guettent les sixièmes." Sur le modèle de James Bond, Antoine monte une équipe de choc avec ses camarades et c'est parti...

Pour avoir dans mon entourage des enfants qui s'apprêtent à franchir le cap de la sixième, je me disais que ça pouvait être pile poil la lecture qui les intéresserait, d'autant plus que ça s'annonce sur le ton de la dérision et du comique. A la fin du livre, on trouve le dossier "top secret" rédigé par Antoine après sa mission.

J'avoue d'emblée que j'ai, dès le départ, tiqué. Antoine passe du statut de mort de trouille à celui de James Bond d'un coup, comme par magie, juste en regardant un fim : un peu too much, même dans le registre comique. Personnage de gamin peu crédible.
Puis ensuite, le récit de ses aventures part vraiment dans le registre du rocambolesque. Encore une fois, pourquoi pas. Mais la lecture est brouillée par la reproduction des "notes" prises par Antoine ou les autres gamins, les SMS qu'ils s'envoient, les dessins divers, jusqu'à en surcharger le récit principal. (C'est d'autant inutile pour la plupart qu'on retrouve les notes à la fin du roman, dans le dossier "Mission collège").  Parfois, on perd le fil.

Ensuite le contenu m'a parfois agacée, même si c'est supposé être une fiction sur le registre du comique.
Les gamins se cachent dans le collège après la dernière heure de cours, attendent que tout le monde s'en aillent, découvrent que la principale et son adjoint dorment sur place. Ils descendent dans les locaux de l'administration sans avoir à désamorcer aucune alarme, juste à crocheter une serrure de porte de bureau. Ils font tomber une lampe torche dont le verre, en se brisant sur le sol, alertent le gardien et la principale. Mais ces derniers pensent que la cause du bruit est la chute d'un cadre suspendu. Les élèves s'infiltrent dans le bureau de la secrétaire pour voler les codes d'accès des profs au logiciel Viescolaire.com où les parents peuvent consulter en ligne ce qu'ont mis les enseignants (dans la vraie vie, c'est Viescolaire.net). Ils arrivent à accéder au contenu de l'ordinateur du secrétariat juste en appuyant sur le bouton "on".  Dans les tiroirs du bureau ils trouvent un "bulletin vide" (un bulletin vierge j'imagine!)....
C'est bien connu,  les collèges ne sont pas dotés d'alarme se déclenchant à la moindre intrusion, on rentre dans les ordinateurs comme dans du beurre et il n'y a qu'à ouvrir les tiroirs pour trouver des documents vierges déjà signés... Un peu facile !

Enfin, dans le document "Mission collège", il y a pas mal de choses inexactes ou plutôt mal définies :
Le Conseiller Principal d'Education (dont il est beaucoup question dans ce roman) "c'est le boss des surveillants". En voilà une définition galvaudée ! Un CPE est certes le supérieur hiérarchique des surveillants, mais certainement pas un surveillant général, comme ça le laisse sous-entendre. Ca n'existe plus depuis plus de trente ans ! Depuis, les missions ont beaucoup changé. Sa mission est dans son titre de fonction.
"Si tu fais vraiment l'andouille en classe, on t'envoie chez le CPE. Si tu as plein d'absences ou de retards, on t'envoie chez le CPE. S'il y a une embrouille dans la cour, on t'envoie chez le CPE. Si tu te fais choper dans la réserve de la cantine, on t'envoie chez le CPE." Il manque quelque chose d'essentiel : "Si tu as des problèmes, tu peux aller voir le CPE pour en parler". Un CPE n'est pas là que pour réprimander mais surtout pour écouter, conseiller, détecter les problèmes et aider à les résoudre. Pour un roman jeunesse, c'est quand même important de le signaler. Dommage d'ailleurs qu'ici ce ne soit pas franchement un personnage sympathique !

Autre exemple :
"C.D.I (Centre de Documentation et d'Information)
C'est la bibliothèque du collège. Encore une preuve qu'ils compliquent tout exprès.
Quand il est ouvert (mais chez nous, c'est rare), tu y trouves des livres, des dictionnaires, des ordinateurs et des imprimantes." 
J'en connais qui seront ravi(e)s de lire ceci !! Et il y a une subtilité entre CDI et bibliothèque, entre bibliothécaire et professeur documentaliste...

Bref, un ensemble de choses qui ont fait que je n'ai pas adhéré à ce roman. J'aime bien les romans déjantés mais quand ça se tient. Je suis plutôt bon public avec les situations comiques, mais là j'avoue que je suis restée de marbre.

J'ai eu du mal à terminer ma lecture, pas franchement convaincue que ce soit le meilleur guide de survie pour aider les élèves de CM2 à franchir le pas sans crainte.
Un rendez-vous manqué donc.

Merci aux Editions Casterman !

 

 

 

 

 

 

 

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14 avril 2015

Refuges

 

index

Mila, jeune romaine de 17 ans, retourne, le temps d'un été, à Lampedusa, l'île où elle passait ses vacances enfant. Elle n'y avait pas remis les pieds depuis six ans. La maison familiale, la Pointe des Orangers, est toujours là. La famille est toujours là. Seul n'est plus là, le petit frère de Mila, mort d'une méningite alors qu'il était bébé.
La seule chose qu'elle redoute : passer quatre semaines avec ses parents, parce que juillet est depuis un mois funeste. "Depuis que Manuele était mort, c'était toujours la même chose : où qu'ils soient, Mila avait toujours l'impressionque son père cherchait à remplir le temps, de manière tellement désespérée que c'en était presque comique." La seule solution pour Mila d'échapper à l'ambiance morbide est de trouver un vélo est de partir explorer l'île. Gina, sa tante, va réaliser son voeu et lui prêter une vieille bicyclette  Bianchi, d'un vert un brin kitch.
Sa mystérieuse cousine Paola, étudiante au visage de Madone, lui révèlera les secrets de Lampedusa, île paradisiaque, surnommée l'île du Salut.

Les aventures de Mila et de Paola sont entrecoupées, au fil de la lecture, par huit voix, venant de l'autre côté de la Méditerranée, d'Erythrée plus précisément. Les voix  de jeunes de leur âge, qui décrivent le calvaire de leur vie dans leur pays natal et leur espoir de trouver une existence plus humaine en Europe. Prendre tous les risques, quitte à le payer de sa vie, ce sera toujours mieux que vivre en Erythrée. Ces huit voix, nous les retrouveront embarquées dans un Zodiaque pour une traversée de l'Enfer.

La narration joue sur le contraste entre la douceur de vivre qui émane de Lampedusa, avec son soleil, ses plages de rêve, le bleu du ciel, les fleurs partout, la langueur des habitants et l'horreur décrite par les Erythréens. Mila a une histoire familiale compliquée depuis la mort de son petit frère, une famille brisée et figée dans la douleur. Elle cherche en Lampedusa un refuge et un espoir d'un futur plus serein. Les migrants Erythréens portent cet espoir en eux également. Le lien entre les deux histoires est de cet ordre : Lampedusa, l'île du Salut, l'île des refuges.

C'est l'énigmatique Paola à la beauté quasi mystique, qui révèlera à Mila la face cachée de cette île italienne aux confins de l'Europe : l'île des migrants clandestins, fuyant un véritable camp de travail forcé dans leur pays. Une véritable gifle pour Mila, la gifle qui l'aidera à grandir, surtout quand elle apprendra par la bouche de sa cousine qu'une loi votée en 2006 (la loi Bossi-Fini) a opéré "un durcissement des conditions d'accueil des migrants en Italie". Une loi qui a "conduit à la mise en place de poursuites judiciaires pour toute personne, notamment les pêcheurs qui, recueillant un migrant, se retrouve de fait complice d'immigration illégale".

Un roman magnifiquement écrit, qu'on ne lâche plus, sur un sujet d'actualité, comme souvent avec Annelise Heurtier. On se laisse porter facilement par la poésie de Lampedusa, on est tenu en haleine par les voix des migrants et horrifié par leur condition. Une lecture où l'on ne s'ennuie pas une minute et où l'on finit outré par la loi votée par le gouvernement Berlusconi de l'époque. Heureusement, un livre qui porte l'espoir dans les dernières pages.

Une lecture que j'ai apprécié même si mon horizon d'attente était un peu différent : je m'attendais à un récit davantage centré sur les conditions de vie des migrants survivants à Lampedusa, sur l'accueil réservé, le récit d'une rencontre, ce genre de choses-là.

En tout cas, un roman qui a le mérite de rappeler l'horrible réalité des migrants fuyant leur pays : s'ils fuient, c'est pour tenter de sauver leur vie, pas pour ""profiter" des aides sociales des pays européens", comme le dit  très bien l'auteur à la fin du livre. Annelise Heurtier rappelle également que la loi Bossi-Fini "entre en contradiction avec plusieurs textes internationaux tels que la Convention des Nations unies sur les réfugiés", entre autres.

Merci aux Editions Casterman !

 

 

 

 

6 avril 2015

Le bonheur de A à Z

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Traduit par Marie Hermet

Candice Phee vit à Albright, petite ville près de Brisbane en Australie. Elle a douze ans et n'a pas d'amis dans sa classe ni en dehors. Les autres élèves la surnomme "gogolita". Pourtant Candice n'est pas du genre à se plaindre et se trouve très bien toute seule. Elle n'aime pas beaucoup parler. Elle préfère écrire des mots sur un bout de papier quand elle estime que c'est trop compliqué pour elle de s'exprimer oralement.  Un jour, un nouvel élève arrive dans la classe. Son nom : Douglas Benson. Celui qui brisera la routine de sa vie et la sortira de son isolement. C'est aussi le moment que choisit Miss Bamford, la prof de français, pour donner un devoir à la maison : "écrire un paragraphe de [sa] vie pour chaque lettre de l'alphabet. Vingt-six paragraphes au total, commençant chacun par une lettre de A à Z". Son devoir, le lecteur l'a entre les mains. Et quel devoir !

Parce que Candice est tout sauf bête. Elle a même une intelligence qui semble largement supérieure à la moyenne. Elle est juste différente et a conscience de sa différence. Elle scrute le monde qui l'entoure avec précision mais avec une perspective particulière qui n'appartient qu'à elle. Son oncle, elle ne l'appelle pas "tonton" mais systématiquement "Riche Oncle Brian" alias "ROB". Douglas est "Douglas Benson d'une Autre Dimension". Parce que Douglas est persuadé de venir d'un autre monde, un monde alternatif d'une autre dimension. Ses vrais parents seraient ailleurs. Ici, ce ne sont que des fac-similés de parents qu'il a à la maison...
Candice est d'une franchise à toute épreuve. Douglas Benson d'une Autre Dimension va pouvoir s'en rendre compte dès les premiers mots échangés :
" - Tu peux garder un secret ? a chuchoté Douglas Benson.
- Non, j'ai dit en chuchotant moi aussi.
- Oh.
J'ai repris mon travail. Un minute plus tard, nouvelles tapes sur le bras.
- Même pas un peu ?
- Non.
- Oh.
Il y a eu un troisième essai.
- Tu veux que je te dise mon secret quand même?
- Non.
- Oh."
Douglas Benson d'une Autre Dimension la trouve bizarre et pour lui ça tombe bien parce que lui aussi se considère comme bizarre. "On pourrait être amis. Des amis bizarres." Et les voilà les meilleurs amis du monde de cette histoire bourrée d'humour.

On découvre peu à peu que la famille de Candice s'est fracassée en plein vol suite à un drame dont ses parents ne parviennent pas à se remettre. On découvre que c'est aussi ce drame qui a fait de Candice ce qu'elle est actuellement. On découvre une famille où il y a de la jalousie et des rancoeurs. Une famille où le bonheur semble avoir fui pour toujours.
Douglas Benson s'est aussi fracassé la tête et depuis il n'est plus le même. Candice adore d'ailleurs son crâne pleine de bosses, qu'elle décrit très souvent.
Mais plutôt que de continuer à vivre une vie fracassée, pleine de douleur et de chagrin, la gamine se donnera comme mission de ramener le bonheur autour d'elle : "Je veux partir à la poursuite du bonheur, je veux l'attraper, le retenir par le col de sa chemise et le tirer de force jusque chez moi."

Sa vision optimiste du monde et son inconscience du danger parfois, vont l'aider et nous faire vivre des aventures pour le moins cocasses.

Deux adolescents étranges mais les plus attachants du monde ! Un livre qui vous fracassera fera mourir (de rire). C'est vraiment ce qui a failli m'arriver ! Le chapitre le plus dangereux pour moi a été celui intitulé "K comme Kacha". Méfiez-vous de Candice quand elle décide de ressouder sa famille en faisant du jambalaya (d'après une recette que lui a imprimé Douglas) :  les émissions de télé-réalité culinaire en perdraient leur audience ! C'est assez économique comme plat, version Candice : "Je ne sais pas comment c'est arrivé, mais il restait plus de choses dans leur assiette à la fin du repas qu'au début." ...
Mais de toute façon, ça la change des hamburgers où "on vous promet la lune (dans ce cas un hamburger ultrasexy) et on vous donner une crotte".
Ce n'est pas Ersatz-Poisson (son poisson rouge) en pleine crise mystique qui dira le contraire...

Une écriture qui fait mouche dans une ambiance loufoque. Ce roman est un concentré de bonne humeur. Barry Jonsberg se garde bien de nommer ce qu'a Candice et même Douglas et d'appeler ça une maladie. Au lecteur de se faire son idée.

En tout cas, le roman Young Adult le plus drôle que j'aie lu cette année ! J'en redemande...
Ce livre a d'ailleurs été récompensé en Australie pour divers prix littéraires. Pour en savoir plus, c'est Ici.

 

12 mars 2015

Sans prévenir

sansprevenir

 Traduit par Marie Hermet

4e de couverture : "A quinze ans, Francis Wootton est passionné de vieux films, de musique rock et de lectures romantiques. Mais avant tout, il ne se prend pas au sérieux. Sans prévenir, un jour, la vie bascule. On lui diagnostique une leucémie. A l'hôpital où il entre pour son traitement, il rencontre Ambre, son caractère de chien, son humour, sa vulnérabilité."

Après Un voyage à Berlin de Hugo Hamilton qui parle du dernier voyage de Nuala O'Faolain malade d'un cancer, j'ai lu un autre roman sur la maladie pendant mes vacances d'hiver, sans pourtant avoir choisi ce thème expres...
On a beaucoup comparé Sans prévenir à Nos étoiles contraires de John Green. La quatrième de couverture le stipule aussi.  Pour avoir lu John Green, je dirai qu'à part le thème de la maladie pendant l'adolescence, ces deux livres sont assez différents, tant par le ton du livre que par le caractère des deux adolescents malades. Je ne vais pas me livrer à une comparaison parce que ça ne rime à rien, mais j'ai trouvé celui-ci beaucoup plus gai.

Beaucoup de personnages peuplent ce roman. Francis nous décrit sa famille : un frère aîné qui ne s'est pas vraiment remis de la mort de Curt Cobain ; un père qui a quitté le foyer ; une soeur jumelle morte à l'âge de sept ans écrasée par un camion sous les yeux de sa mère... Et pour parfaire le tout, une leucémie qui lui tombe dessus, sans prévenir.
L'hospitalisation. Une chambre avec deux autres ados qui sont très différents de lui, moins matures. L'arrivée d'Ambre qui va bouleverser sa vie d'ado malade et le faire tomber amoureux pour la première fois alors qu'il se bat contre la maladie. Un amour réciproque, perturbé par leur cancer. Mais heureusement, le texte s'attarde pas sur la souffrance, les détails scabreux de la maladie, et si l'auteur décrit par moment les symptômes dus au traitement et les moments de grande fatigue deux adolescents, il s'attache surtout à décrire la vie et c'est ce que j'ai vraiment apprécié. Ca tourbillonne de vie, même. Beaucoup d'humour avec le franc parler de ces gamins qui continuent malgré tout de vivre leur adolescence comme (presque) tous les adolescents. Entre coups de gueule, moqueries et même une grosse bêtise qui les mènera visiter le poste de police. Le personnage d'Ambre est une vraie tête brûlée qui, en plus d'un caractère ombrageux, n'a pas peur de grand chose mais elle a le coeur sur la main. Francis, beaucoup plus discret, se réfugie dans la littérature, les vieux films, le rock. Leur film fétiche sera  Certains l'aiment chaud...

Des gamins attachants issus de milieu social différent. Deux mères hors normes toutes les deux, un peu déjantée chacune à leur manière, qui vont se regarder en chien de faience avant de devenir amies. Deux familles qui finalement seront liées à vie, au-delà de la mort.

Je dois dire que la fin m'a vraiment surprise, interloquée même. Je suis revenue en arrière pour voir si j'avais bien lu. Mais oui...

Un roman qui ne s'achève pas sur la mort - même si on doit en passer par là pendant le récit - mais sur la vie qui continue.
Un livre avec beaucoup d'humour et quelques scènes savoureuses, loin de toute mièvrerie.






 

7 mars 2015

Frangine

 

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C'est la rentrée. Joachim rentre en terminale et Pauline en classe de seconde. Ils sont frère et soeur. C'est Joachim nous raconte au quotidien ce qui s'est passé en ce début d'année scolaire dans un lycée tout ce qu'il y a de banal, ni pire ni meilleur qu'un autre. Un lycée de la France d'aujourd'hui. Lui, il est plutôt à l'aise dans ses baskets, bon élève et observateur. Surtout quand il s'agit de sa petite soeur qu'il voit se renfermer, pleurer...  Très secrète, Pauline n'ira pas d'emblée vers lui pour expliquer ce qui lui arrive.

Et quand il le découvrira, Joachim décidera de toute façon de ne pas en parler à ses parents, pour les protéger. Ses parents ce sont Julie et Maline...
Julie travaille dans une jardinerie et Maline est éducatrice dans un centre de rétention fermé pour ados en déroute. Deux femmes ce qu'il y a de plus normal. Et aux yeux de Joachim et Pauline, une famille comme les autres, avec les mêmes problèmes que n'importe quelle famille : des engueulades, des problèmes de boulot, de la fatigue, des rires, des pleurs, des grand-parents, des souvenirs, des albums photos.  Enfin deux ados avec des problèmes d'ados. Joachim en pince pour une fille de son lycée. Mais Pauline se morfond.

Parce que Pauline est harcelée par ses camarades qui ont appris qu'elle avait deux mamans. On la traite de "gouine" (ben oui, si vous avez des parents homos, forcément, vous l'êtes, dans leur tête), on insulte ses parents, on la menace sexuellement, etc. C'est le fait des élèves, mais les adultes qui apprennent la violence psychologique subie par cette gamine ne volent pas non plus forcément à son secours. Heureusement, il y a un prof de sport, à qui Joachim va se confier. Heureusement aussi Pauline est quelqu'un de courageux, qui, malgré son accablement, trouvera le moyen d'affronter ses adversaires à sa façon (bonne partie de rigolade au rendez-vous pour le lecteur !)

Un livre que je n'aurais pas ouvert si je m'en étais tenue à la couverture que je trouve très moche. Mais pour en avoir entendu largement du bien, je l'ai ouvert et je ne l'ai plus lâché, absorbée par le ton percutant de Marion Brunet qui aborde un sujet d'actualité : l'homophobie.

Un roman sur l'intolérance, les préjugés et la bêtise. Cependant, Marion Brunet n'élude pas non plus les problèmes : les deux adolescents se posent inévitablement des questions sur leur père génétique; Julie et Malin ont dû se rendre à l'étranger pour mener à bien leur projet de fonder une famille ; c'est Julie qui a porté les enfant, mais est-ce que Malin se sent moins mère pour autant ? Bref, qu'est-ce qu'un père et qu'es-ce qu'une mère ? C'est quoi une famille ?

L'auteur démontrer aussi, à travers la figure des grands parents dans ce roman, que les familles hétéroparentales ne sont pas forcément parfaites : les grands-parents sont divorcés ou alors ont rejeté leur fille quand elle leur a annoncé qu'elle était "gay" et qu'elle allait quand même fonder une famille.
Elle met en balance avec beaucoup de justesse la question de la "normalité". En fin de compte ce qui fait le plus de mal à ces ados et leurs parents, c'est l'intolérance des autres.

Un roman primé dont j'ai apprécié le ton juste (pas du tout moralisateur), le franc parler , l'écriture dynamique et l'humour qui pointe par moments.

Un autre roman est paru récemment, La gueule du loup : je sais déjà que je vais le lire.

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10 février 2015

Mentine tome 1 : Privée de réseau !

 

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Illustration : Margaux Motin

Mentine Green, douze ans et sept mois, le QI d'Einstein, passe en classe de troisième avec une moyenne de... 9,5. Depuis ses cinq ans, âge auquel un psy s'est aperçu qu'elle savait lire, elle se trimbale l'étiquette :  IEP-  enfant intellectuellement précoce (et hypersensible). "Une grosse tête au coeur d'artichaut". Elle adore faire enrager ses parents en s'obstinant à avoir de mauvaises notes. Pour elle, une manière de s'intégrer dans le monde impitoyable du collège où être trop bon, c'est pas cool.
Seulement, pour ses parents, cette fois-ci la coupe est pleine : 9,5 de moyenne pour une surdouée, c'est juste inadmissible ! Avec une tête de serial killer, son père lui annonce qu'il l'expédie pour l'été dans le Larzac, histoire de lui remettre les idées  en place.
Finie l'hyperconnexion avec les copines et les vacances branchouilles à Biarritz ! Dans le Larzac, pas de réseau, ou si peu. Et voilà Mentine en pension chez Raoul, ex-chef de file pacifiste de la révolte paysanne des années 70-80. Un caractère aussi bien trempé que celui de la gamine. Une alliance qui n'est pas gagnée d'avance et c'est le début des frasques de Mentine qui ne manque pas d'air...

Chacun va camper dans son rôle : Raoul dans celui du dur à cuire - qui avouera plus tard qu'il aurait bien renvoyé sa "livraison" en Colissimo à ses géniteurs ; Mentine dans celui de la gamine chiante à souhait. Un duo explosif au premier abord.

Un recadrage en règle se met en place, qui rabaisse le caquet de la surdouée, qui traîne son étiquette depuis son plus jeune âge, mais qui, finalement, ne cherche qu'à être considérée comme quelqu'un d'ordinaire.  Chose que les adultes ont du mal à comprendre : "Qui à douze ans et demi peut rêver de devenir économiste ?" se demande Mentine avec justesse.
Sa précocité intellectuelle est autant un avantage qu'un handicap, dans la société normée qui est la nôtre. Elle en fait la douloureuse expérience dans son coup de foudre pour Eric, le stagiaire de dix-sept ans qui aide Raoul : "J'avais envie de l'embrasser, ce garçon de dix-sept ans. De me jeter sur lui. Etais-je trop en avance ? Intellectuellement et sentimentalement ? Je n'en sais rien. Et puis, de toute façon, j'en avais marre de ces normes, de ces baromètres qui me classaient sans cesse dans des catégories. Trop. Pas assez. Merde !"

La gamine, toute surdouée qu'elle est, va se passionner pour la vie rurale et se faire de nouveaux amis. Elle revoit ses préjugés, le travail à la ferme lui donne le sentiment d'être utile et ordinaire. La campagne va la faire grandir, parce qu'elle n'a que douze ans. Des vacances aux allures de sauvetage.

Un roman d'apprentissage très récréatif, bourré d'humour, qui questionne la normalité, les préjugés, la manie de vouloir mettre les gens dans des cases. Le comportement de Mentine peut paraître farfelu, peu crédible : un surdoué, dans l'imaginaire collectif,  c'est censé être hyper sérieux, hyper mûr etc. Eh bien non, pas forcément ! Quand on est surdoué, on réussit dans la vie. Eh bien non, pas forcément !
Un portrait de "surdouée" très vraisemblable.

Une lecture sympathique, avec un seul bémol : on devine un peu trop facilement l'issue de cet été dans le Larzac. Mais je me demande ce que réserve le tome suivant.


Merci à Flammarion de m'avoir permis de découvrir cette série.

 

 

2 février 2015

Si jétais un rêve...

 

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Lina et Nour sont toutes les deux élèves de seconde. Lina vit Sofia, en Bulgarie et Nour à Saint-Denis, dans le "9-3". C'est parce que leur prof de français respectif ont décidé d'établir une correspondance postale entre les élèves de ces deux pays qu'elles vont se découvrir. A l'heure d'Internet c'est une chose totalement incongrue pour ces deux jeunes filles.
Au fil de la correspondance, les identités se révèlent, entre autres par le jeu des portraits chinois initié par Nour. Répondre à trois questions et en inventer trois autres.
Lina est fille de diplomate et va à l'école française de Sofia. La France ne lui est pas un pays inconnu car elle y a de la famille. Nour possède aussi une double culture : marocaine et française. Evidement leur correspondance les amène à évoquer leur quotidien dans leur pays respectif. Les jeunes filles se lient d'amitié au point de briser la règle de la correspondance postale quand l'une a besoin d'un soutien moral urgent ou que l'inquiétude ronge l'autre. C'est donc par moment le mail qui prend le relais, dans cette narration épistolaire.
Pourtant, quand il s'agit de se rencontrer, Nour devient soudain distante et blessante envers Lina... Une attitude qui désarçonne le lecteur autant que Lina. Un revers de situation qui intrigue. Une piste en particulier vient à l'esprit. Pourtant bien loin de la réalité ! A vous de lire si vous voulez savoir mais j'avoue que ça m'a vraiment surprise !

Lina est une jeune fille engagée et préoccupée par la situation politico-économique de la Bulgarie, par le racisme, la corruption, la montée de l'extrême droite. Elle prendra part une manifestation géante. Grâce à elle, on apprend pas mal de choses sur son pays, notamment sur le racisme envers les Tziganes et les Roms. Néanmoins, si le personnage est attachant, je l'ai trouvé trop sérieuse pour être totalement crédible pour ses quinze ans, à vrai dire. Même les propos blessants de Nour à son égard n'arrive pas à avoir le dessus. Elle est vraiment invicible et super costaud cette ado !

Nour, quant à elle, paraît plus fragile. La situation de la France, elle s'en fiche, davantage fascinée pour le Body Art et comment persuader ses parents de l'autoriser à se tatouer, se scarifier, se percer. Une obsession qui alerte Lina : elle y voit un mal-être chez son amie. L'autre passion de Nour c'est de faire des rimes et d'écouter Grand Corps Malade. Oui, encore une histoire de corps...

Les histoires d'amour et de garçons ne sont pas absentes de leur correspondance. Du moins chez Lina qui en pince pour Ilya.

Aux manifs en Bulgarie font échos les manifs homophobes en France. Mais Lina explique à Nour que "même si en France il y a des hystériques extrêmistes qui font du buzz en manifestant contre le mariage pour tous, c'est loin d'être aussi fermé qu'ici".
Nour est surprise de la situation de la Bulgarie : "Tu sais, Lina, tu ne m'ennuies pas du tout avec la politique, même si ce n'est pas vraiment ma came. J'ignorais que la situation était si difficile dans ton pays : en France, les media ne s'intéressent qu'à ce qui fait du buzz : les guerres, le sexe, les scandales people (gros titres sur Internet hier), la sécurité et les jeunes des "quartiers". Habitant à Saint-Denis, d'une certaine façon j'en fais partie. L'avantage d'être de l'autre côté du périph, c'est que tu fais éclater tous les préjugés."

L'identité, l'intolérance, la corruption, les préjugés, le droit à la différence et le mensonge sont au coeur ce roman. Une écriture qui mêle le parler ado et la poésie des rimes de Nour. Un roman épistolaire, qui vire parfois à l'échange épistolaire version 2.0 où le texte s'émaille de smileys, il fallait y penser !

J'ai bien aimé ce livre qui révèle son originalité à la fin. MAIS en même temps un peu trop à la fin justement ! Et avec le portrait de Lina, jeune fille un peu trop sérieuse pour être totalement crédible à mon goût, c'est peut-être le reproche que je ferai à ce roman pour ados : j'ai bien peur que les gamins n'arrivent pas à accrocher jusqu'au bout à cette histoire d'amitié.
Passé l'effet de surprise, on a un peu aussi l'impression d'être passé à côté de l'essentiel pendant la lecture. C'est un roman savamment construit, où les indices disséminés dans la narration force le lecteur à repenser les propos de Nour à la fin. C'est à la fois la force et la faiblesse de ce livre.


Un grand merci aux Editions Flammarion pour cet envoi.


 

 

25 janvier 2015

Les affreusement sombres histoires de Sinistreville tome 1 : Hubert très très méchant

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 Traduction : Anaïs Goacolou


4e de couverture : "Hubert naquit un mardi, dans une famille respectable qui résidait dans un recoin obscur de Sinistreville. Ses parents, qui rêvaient d'élever un génie, accueillirent avec une allégresse non dissimulée la tête aux dimensions impressionnantes et le front haut du petit Hubert.
- Je ne serais pas surpris que votre garçon devienne l'habitant le plus intelligent de notre grande ville, annonça le docteur.
Ainsi commença son histoire...
Hubert ne tarda en effet pas à le montrer d'une manière tout à fait singulière..."

Les parents d'Hubert ne peuvent pas se douter que la naissance de leur enfant va bouleverser durablement la vie de Sinistreville, où la devise est apparemment : "Fais aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse". Tout un programme !

Hubert est un génie, très très doué, tellement doué qu'il intègre l'institut très sélect où son père a lui-même échoué quand il avait son âge. Seulement, dans cet institut, il ne fait pas bon être trop intelligent et encore moins être gentil. Ca fait de l'ombre aux méchants !
Pourtant, M. Lomm, le seul professeur - secrètement- humain de cette école, pense que "seuls Hubert et Isabella ser[o]nt sélectionnés pour passer l'examen du violon de Constantin (...) persuadé qu'eux seuls [o]nt une chance de se sortir du piège de l'examen", qui consiste en une série de questions d'une difficulté tellement machiavélique que la plupart des candidats ne parviennent pas à répondre à une seule question !
Et le professeur Lom a raison : Hubert décroche le score maxium. Ce qui déclenche non l'enthousiasme du directeur mais sa fureur et le début des malheurs d'Hubert et de sa famille. Des malheurs qui déclencheront une avalanche de meurtres par trop plein d'injustices : le Saigneur de Sinistreville se met à sévir !

Accrochez-vous à votre oreiller si vous lisez ce roman pour ados qui n'ont plus peur du noir parce que, je vous préviens : ça décoiffe !
L'univers dans lequel évolue Hubert est d'une injustice crasse. Les méchants sont vraiment de sales individus, des terroristes, qui écrasent tout ce qu'ils peuvent sans le moindre remord. Mais ce sont des faibles qui ne savent pas résister. Et qui, ça va sans dire, ne sont pas du tout intelligent.

Pourtant, ce roman réunit l'exploit d'être affreusement sinsitre et follement drôle ! Inquiétant aussi. On se demande si Hubert n'a finalement pas perdu la boule à son tour pour être devenu aussi cruel que ses tortionnaires.
Néanmoins, on ne peut pas lui donner tort non plus dans cet univers où le mot "justice" semble être banni. Il va tenter de l'établir, la justice, à sa façon bien particulière et pour le moins expéditive !
Si par hasard vous croisez une usine à strudels abandonnée, méfiez-vous (moment particulièrement savoureux ce cette lecture !), faites aussi attention aux cordes de violon qui trainent...

Hubert devient vraiment très très méchant, semant la psychose à Sinistreville.  Hubert, la terreur géniale qui n'a pourtant que douze ans,  apprendra à ses dépends que la vengeance ne fait pas tout. Que l'amour rend aveugle et la jalousie aussi...

La fin du roman donne immédiatement envie de savoir ce qui va se passer dans le tome 2 (parution en juin) et ça promet son pesant de cacahuètes !

Un humour grinçant et décapant, à prendre au 150e degré, qui fait vraiment sourire.
Un petit pavé de 300 pages cruellement drôles. Un univers gothique allemand d'un écrivain britannique que je découvre.
Si ça vous dit de  visiter un jour Sinistreville, il y a un plan en début d'ouvrage. Attention de ne pas vous perdre !

Merci aux Editions Flammarion pour cet envoi décoiffant !




 

 

 

23 janvier 2015

Le tangram magique tome 2 : L'énigme du pékinois

le tangram magique

Ilustration : Amandine Laprun

Li-Na vit à Hangzhou, en Chine, avec sa grand-mère Dong. Nous sommes en hiver, il neige et c'est par un froid glacial que l'on prépare le Nouvel An chinois. Tout irait bien si Do-Dou, le petit pékinois de Ma-Ku, la fleuriste, n'avait pas mystérieusement disparu, au moment même où sa maîtresse voulait l'inscrire pour le prix de la Timbale d'argent, qui récompense le plus beau d'entre eux.

La détresse de Ma-Ku ne laisse pas Li-Na indifférente. Celle-ci a la particularité de posséder un tangram magique qu'elle peut questionner en composant des figures. Seul Cheng, son meilleur ami, est au courant. Et c'est parti pour une nouvelle enquête de Li-Na qui ne manquera pas d'être ardue et pleine de suspense quant au devenir du petit chien. En effet, un homme au gros ventre pas franchement commode, attire l'attention de la petite fille...

Au-delà de l'enquête, c'est l'occasion pour le lecteur de suivre les pas de Li-Na pour découvrir l'ambiance du Nouvel An et les plats préparés à cette occasion, dont les  noms sont assez mystérieux  : pâtés de cocons de vers à soie, riz des cinq éléments et surtout le gâteau aux huits trésors, qui est LE gâteau traditionnel de cette fête :

"J'ai déjà fait tremper le riz gluant et la pâte de haricots est prête. Tu vas m'aider à dénoyauter les jujubes. Passe-les une minute sous l'eau bouillante.
- Mais pourquoi, Grand-Mère ?
- Cela leur enlève l'amertume. Pendant ce temps je vais enduire le plat de saindoux.
Li-Na s'applique. Elle est si absorbée par sa tâche qu'elle en oublie qu'elle devra ensuite apporter ce dessert à monsieur Yé. Ses doigts agiles découpent les fruits avec application pour en extraire le noyayu ovale caché à l'intérieur. Sa grand-mère, pendant ce temps, réunit sur la table des raisins secs, des baies de goji, quelques graines de lotus et de melon ainsi que de la pulpe de longane. Elle va prendre ensuite dans un panier plusieurs kumquats et cinq pruneaux.
Une fois ces préparatifs achevés, elle s'immobilise, d'un air très sérieux...
- Un, deux, trois, quatre... murmure-t-elle avec application, en désignant chaque ingrédient du bout de son index. Cinq, six, sept... Et, avec les jujubes, cela fait huit. Nous avons bien le compte de nos trésors."

Une immersion dans les rues de la ville vous fera découvrir les cruels combats de coqs, mais aussi le trafic des bêtes et la maltraitance animale, quand ce n'est pas la maltraitance humaine.

Heureusement, le tangram magique aidera Li-Na dans sa quête (et le jeune lecteur peut reproduire les figures que dessine Li-Na au fil des pages par le tangram disponible avec le livre, dont les solutions pour les constituer sont données à la fin du livre).
Le voeu le plus cher de la jeune héroïne est cependant qu'un jour, le tangram l'aide à retrouver ses parents... Peut-être dans le tome 3 ?

Un bon livre pour initier de manière ludique et originale les enfants à la culture chinoise. Une petite fille attachante, un roman joliment illustré par Amandine Laprun.
On peut tout à fait lire ce deuxième tome sans avoir lu le premier car ce qui s'est passé y est brièvement résumé.

Un roman jeunesse qui fait passer un bon moment à l'autre bout de la Terre et qui plaira à tous les amateurs de culture asiatique.

Merci aux Editions Casterman !





 

 

 

16 janvier 2015

Le sort en est jeté

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Traduction : Marie Hermet

Septembre 2009, Joey, 16 ans et 8 jours,  fait sa rentrée à Stradbrook College, son nouveau lycée, après avoir été victime de harcèlement dans le précédent. C'est un adolescent fragilisé et pas très à l'aise dans ses baskets qui pénètre dans la classe, bien décidé à se fondre dans la masse, à devenir le plus invisible possible. Pourtant, il ne pourra éviter la rencontre avec le magnétique Shane O'Driscoll, nouvel élève qui arrive le même jour que lui. Et c'est aussi sans compter pour son attirance vers Aisling, la belle fille aux cheveux noirs presque bleus.

Joey a perdu son père quand il était encore bébé. Musicien perfectionniste, il cherchait le son qui le rendrait immortel. Mais il se tue dans un accident de voiture devant les ruines du Hellfire Club, où autrefois des joueurs débauchés se saoûlaient de whisky de contrebande adouci au beurre fondu, en portant un toast à la santé du diable... Ce lieu traîne également une légende sulfureuse (que je ne vous raconterai pas mais qui vous fiche des frissons).
1932 : Thomas découvre le jazz . Pour le père O'Connor c'est la musique du diable parce que c'est une musique qui vole les âmes. A cette évocation, le médecin de Thomas éclate de rire et lui explique ce qu'est un changeling : une créature maléfique ni morte ni vivante que les mauvais esprits déposent dans un berceau, à la place d'un bébé...

Et puis il y a cette maison en ruine, que tout le monde pense inhabitée...

Nous sommes en Irlande, à Blackrock et ses environs, à quelques encablures de Dublin. Dans un contexte très contemporain et réaliste. Pourtant Dermot Bolger tricote un récit qui vous fera plonger, de manière vertigineuse dans un autre univers. Celui du fantastique mais néanmoins tout en semant le doute dans votre conscience de lecteur. En tout cas, tout au long de ce récit qui se partage entre les années 30 et 2009, de manière non chronologique, je me suis vraiment posé des questions et demandé comment l'écrivain allait arriver à retomber sur ses pieds.

Joey, Shane et Aisling ont comme point commun d'être fragilisé par la vie à un moment clé de leur existence. Ce sont également des êtres solitaires, timides et sauvages qui ont du mal à nouer des contacts avec les autres. Même chose pour Thomas. Leur histoire respective est dévoilée au fur et à mesure, de manière fragmentée. Elles résonnent comme des échos vertigineux, comme un sortilège dont on ne peut se défaire. C'est du moins ce qu'on essaie de leur faire croire.  Mais justement, qui est vraiment Thomas ? Qui est vraiment Shane ? Qui ment ? Qui tire les ficelles de la manipulation ? Qui sera assez fort pour s'en sortir et devenir libre ? "Parfois, il faut partir loin de chez soi pour découvrir qui l'on est vraiment. Il y a très longtemps, quelqu'un m'a dit qu'en chacun de nous se cachent plusieurs personnalités, des bonnes et des mauvaises, qui attendent l'occasion de se manifester."

Un suspense intenable va vous mettre la tête à l'envers avant de vous la retourner à l'endroit. La solution se trouve dans les toutes dernières pages du roman, tout en laissant votre part d'imaginaire faire un choix.

Un beau roman sur l'identité, les âmes errantes qui se cherchent. Un roman qui sonde les psychés adolescentes de manière incroyable mais aussi un sacré thriller à la fois fantastique et psychologique qui révèle l'étendue du talent de Dermot Bolger.
Un livre différent de ceux que j'ai lus de lui jusqu'à présent (mais on retrouve son goût pour le fantastique et le gothique, comme dans  Toute la famille sur la jetée du Paradis). Son premier roman "ado/jeune adulte" mais qui pour moi dépasse largement cette catégorie.

Avis aux amateurs de frissons et de littérature irlandaise : quel que soit votre âge, vous allez adorer ! Je le classe "1er coup de coeur 2015".
Je vous reparle de Dermot Bolger bientôt car j'ai aussi Le ruisseau de cristal dans ma Pile. Et tout un autre tas de nouveautés irlandaises dont je n'ai pas encore eu le temps de parler !

Merci à Flammarion Jeunesse.





 

 

 

 

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