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litterature americaine
8 août 2013

Au lieu dit Noir-Etang

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4e de couverture : "Dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre en 1926, le jeune Henry découvre la relation adultérine qu'entretiennent deux de ses professeurs. La solitude de M. Reed, marié et père de famille, l'intrigue ; tout comme le fascinent la beauté et le caractère passionné de Mlle Channing. Henry va être témoin complice et muet de la tragédie qui se noue au lieu maudit appelé Noir-Etang..."

Tadam ! C'est un roman noir bien echevelé que je viens de lire là mais non moins palpitant ! Dès le début, le lecteur connaît le dénouement dramatique de l'histoire : Thomas H. Cook prend soin de lui faire entrer ça dans le crâne pendant un certain nombre de pages par la voix du narrateur, Henry, devenu vieil homme. Néanmoins, le suspense reste entier et il faut vraiment lire ce livre jusqu'à la dernière page et avec attention car la révélation n'aura pas lieu avant. Un coup de théâtre vous y attend mais là j'en ai déjà presque trop dit...

Thomas H. Cook reprend le topos de l'amour passionnel et interdit, le plante dans le décor de Cap Cod à la fin des années 20. On aurait pu craindre qu'il tombe dans le piège du récit type Harlequin mais ce n'est pas le cas. Il s'attache avant tout à décrire l'atomsphère suffocante de la petite ville où se trouve Chatham School, école où étudie Henry et dont le père est le directeur et le bouleversement que va provoquer l'arrivée d'une belle femme émancipée, cultivée et artiste. Mlle Channing, embauchée comme professeur de dessin, a parcouru le monde avec son père quand elle était enfant. Un vent de liberté l'habite toujours et elle saura l'insuffler à Henry, mais également à son collègue Mr Reed. L'effet de ce vent de liberté emmènera ces trois personnages vers le drame. C'est l'étau qui se resserre autour d'eux peu à peu que décrit Thomas H. Cook, ou comment les ragots, les suppositions, les petites histoires que chaque habitant va se raconter finira par noircir la réalité, brisant les plus fragiles.

L'écrivain traite à merveille du sentiment de culpabilité et du thème de la liberté qui file tout au long du roman. Nous plongeons avec le narrateur dans le passé de cette petite ville de la Nouvelle-Angleterre des années 20 qui  fait froid dans le dos. Un roman noir bien caustique à dévorer sans modération.

Je vais me fixer d'autres rendez-vous avec Thomas H. Cook, c'est certain !

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28 février 2012

84, Charing Cross Road

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4e de couverture : "Par un beau jour d'octobre 1949, Helene Hanff s'adresse depuis New York à la librairie Marks & Co., sise 84, Charing Cross Road à Londres. Passionnée, maniaque, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame à Frank Doel les livres introuvables qui assouviront son insatiable soif de découvertes.
Vingt ans plus tard, ils s'écrivent toujours et la familiarité a laissé place à l'intime, presque à l'amour. Drôle et pleine de charme, cette correspondance est un petit joyau qui rappelle avec une délicatesse infinie toute la place que prennent, dans notre vie, les livres et les librairies."

 Une Américaine, écrivaine, sans fortune, passe commande le 5 octobre 1949, auprès d'un libraire de Londres, spécialisé dans les livres épuisés: "J"aime les livres anciens et tous ceux que je voudrais avoir sont introuvab les ici en Amérique, sfaut dans des éditions rares et très chères, ou bien chez Barnes & Noble, qui vend à des prix abusifs des exemplaires très défraîchis et ayant appartenu à des écoliers".

 C'est un échange de plus de vingt ans qui va s'établir là, entre Helene, l'Américaine et Frank, le libraire. Au-delà de lettres charmantes, c'est au choc de deux civilisations qu' à affaire le lecteur. En effet, en 1949, les Etats-Unis sont complètement sortis de la guerre, dans le sens où l'on trouve de tout, que ce soit pour manger ou se cultiver (à condition d'avoir de l'argent dans ce dernier cas). Au contraire, dans l'Angleterre soumise aux restrictions alimentaires, on crève la dalle ! Mais on trouve assez facilement, de beaux spécimens de livres pour trois fois rien. Helene, au fil des lettres, va joindre à ses courriers des colis de viande et d'oeufs, en échange... de nourriture de l'esprit. Cet aspect m'a sauté aux yeux dès le début. Et c'est par cette générosité, au-delà de sa passion pour les livres, qu'elle va établir un réel lien d'amitié avec tous les employés de la librairie, même si Frank est son principal interlocuteur.

On se régale de son humour, parfois sarcastique (mais jamais méchant) qui cherche à percer le flegme tout britannique. Franchement, il met un certain temps à se détendre le Frankie... Et encore, il sera toujours beaucoup plus réservé dans ses propos que notre excentrique américaine amoureuses des livres dans des éditions épuisées. On se régale des descripitions qu'elle en fait. Et à l'heure du livre électronique, ça fait vraiment réfléchir.... En tout cas, moi, ça me fait réfléchir. Un objet electronique ne donnera sans doute jamais autant de plaisir que les éditions  papier que maniuple Helene. " Le Stevenson est tellement beau qu'il fait honte à mes étagères bricolées avec des caisses à oranges, j'ai presque peur de manipuler ces pages en vélin crème, lisse et épais. (...) Je ne savais pas que toucher un livre pouvait donner tant de joie". Je suis tout à fait de son avis, je m'y retrouve parfaitement...
Un petit bémol sur la 4e de couverture (encore !) : je n'ai pas trouvé d'amour dans cette histoire, seulement une indéfectible et grande amitié.

De ce qui est devenu un livre à succès depuis les années 70 outre Manche et outre Atlantique, il a été tiré un film (et une pièce de théâtre). Un ouvrage propice à créer du lien - et ça c'est du vécu ! ;-).

 

14 janvier 2012

Mississippi

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4e de couverture : "Dans le Vieux Sud sauvage des années 40, Laura et Henry luttent pour élever leurs enfants sur une terre ingrate. Laura sait qu'elle ne sera jamais heureuse dans cette ferme isolée et sans confort. Lorsque deux soldats rentrent du front, elle se sent renaître peu à peu. Empoisonné par le racisme, cet univers de boue, de désirs et de mort verra la sauvagerie tout emporter... Un premier roman magistral sur fond de bruit et de fureur."

Décidément, en ce début d'année, j'enchaîne les livres épatants ! C'est chez Canel que j'avais repéré ce roman il y a un bon moment. Eh bien, quelle belle découverte bloguesque - une fois encore !
Nous sommes dans le Mississippi, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Laura, qui a épousé Henry sur le tard et un peu en désespoir de cause, lâche son boulot, quitte Memphis, pour le suivre dans le Mississippi profond, celui des fermiers cultivateurs de coton, avec, déjà, comme un mauvais pressentiment. Et elle avait raison de s'inquiéter Laura. Déjà, la belle maison promise n'était qu'un attrappe-nigaud à mari un peu trop confiant. Peu importe, elle accepte, d'aller vivre à la ferme elle-meme, vite nommée "La Bourbière". Dès le premier jour, pas de chance, ses deux petites filles attrappent la coqueluche. Henry demande à la famille de metayers noirs occupant les terres à cultiver, de leur venir en aide. En effet, Florence Hap, sage-femme, s'y connaît en remèdes.

La vie de ses deux familles vont être inexorablement liées. Toutes les deux ont un gars parti à la guerre. Chez les Jackson, c'est Ronsel qui a été envoyé au front en Allemagne, comme tankiste ; chez les McCallan, c'est Jamie, le frère de Henry, qui a servi dans l'aviation. Pendant la guerre, en Europe, Noirs et Blancs étaient égaux devant l'ennemi. De retour au bercail, les deux jeunes gens, qui ne se connaissaient pas mais vont devenir amis, vont se prendre de plein fouet la rusticité et le racisme qui sévit toujours au Mississippi. Comme le dit Ronsel, en Europe, il était un libérateur, un sauveur. Dans le Mississippi, il n'est qu'un nègre qui pousse sa charrue, comme tant d'autres...

J'ai souvent eu l'impression de lire des scènes dignes du XVIIIe ou XIXe siècle et non du lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais c'était oublier que le Ku Kux Klan et ses idées moyennageuses sévissait encore dans cet Etat américain.Il y a de vrais méchants dans ce roman, comme Pappy - personnage qui n'a d'ailleurs pas d'autre nom -, le père de Jamie et Henry. Mais aussi de vrais héros, Ronsel et Jamie, mais aussi Laura, qui tente de surnager au milieu de tout ça. Henry est un personnage plus trouble. Florence fait parfois peur, même si on comprend parfaitement sa défiance à l'égard des Blancs - et l'issue de l'histoire lui donnera raison.

Cependant des amitiés et amours clandestines vont se lier (je ne vous dirai pas entre qui !) dans ce roman riche en rebondissements et où sont magnifiquement restituées l'âpreté et l'ingratitude de cet Etat. Chaque personnage prend à tour de rôle la parole plusieurs fois, pour raconter son histoire. J'ai été totalement prise d'effroi devant certaines scènes qui m'ont fait littéralement bondir.

Un livre, dont on n'a pas beaucoup parlé, mais qui pourtant est de la même veine et a la même force que La couleur des sentiments - qui lui, se déroule vingt ans plus tard. Ca ne donne pas trop envie de se perdre dans les coins perdus du Mississippi, même aujourd'hui ! A découvrir ABSOLUMENT !



 

7 janvier 2012

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates

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4e de couverture : "Tandis que Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale, Juliet Ashton, jeune écrivain, compte ses admirateurs par milliers. Parmi eux, un certain Dawsey, habitant de l'île de Guernesey, qui évoque au hasard de son courrier l'existence d'un club de lecture au nom étranger : "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates"... Passionnée par le destin de cette île coupée du monde, Juliet entame une correspondance intime avec les membres de cette communauté. Et découvre les myens fantaisistes grâce auxquels ces amis bibliophiles ont résisté à l'invasion et à la tragédie. Jusqu'au jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey. Pour Juliet, la page d'un nouveau roman vient de s'ouvrir, peut-être celle d'une nouvelle vie..."

La quatrième de couverture est légèrement trompeuse : Juliet n'est pas contactée parce que Dawsey est un de ses admirateurs mais parce qu'il a trouvé un vieux livre qui lui a jadis appartenu (il le sait parce qu'il a trouvé son nom dessus), Les essais d'Elia, morceaux choisis de Charles Lamb. Sur ce livre, il y avait le nom et l'adresse de Juliet. (p.19). Il lui explique qu'il adore cet évricain mais qu'il n'y a aucune librairie à Guernesey. Il lui demande, si elle pourrait lui donner le nom d'une d'entre elle à Londres car il souhaite lire d'autre livres de son écrivain préféré. Tout commence ainsi et une belle amitié se lie entre ces deux êtres.
Ensuite, le nom du cercle littéraire tel qu'il est nommé dans ce roman traduit est Le cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates. (titre vo : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society)
Bref...

A vrai dire, j'ai hésité à faire paraître ce billet dans le cadre du Mois anglais, parce que les deux auteurs de ce roman ne sont pas anglaises mais américaines et que l'action se déroule en grande partie sur l'île de Guernesey. Mais ce livre est pétri de culture so english et j'ai souvent eu l'impression d'avoir sous les yeux une lecture victorienne (heureusement que le fond historique de fin de Seconde Guerre mondiale était là pour me désillusionner), avec également un gros clin d'oeil à Agatha Christie !! J'ai vraiment bien ri, parce qu'en plus c'est fait avec beaucoup d'humour !
Ce qui est également excellent, c'est que Juliet est biographe d'Anne Brontë, et ça va sans dire qu'elle évoque souvent les trois soeurs dans ses lettres, ce qui provoque l'admiration d'Isola, l'une de ses correspondantes de Guernesey, qui a aussi pour référence littéraire Jane Austen.
"J'aime les histoires de rencontres passionnées. N'en ayant jamais vécu moi-même, je peux à présent m'en faire une idée. Au début, je n'ai pas aimé Les hauts de Hurlevents, mais à la minute où le spectre de Cathy s'est mis à gratter à la vitre de ses doigts osseux, j'ai senti ma gorge se nouer, et le noeud ne m'a pas relâché avant la fin du livre. J'avais l'impression d'entendre les sanglots déchirants d'Heathcliff à travers la lande. Je ne crois pas avoir lu un auteur d'aussi grand talent d'Emily Brontë".

Comme un écho à cette histoire victorienne d'amour tragique, Juliet va en découvrir une tout aussi dramatique, bien ancrée dans son époque et se lancer à la recherche de son fantôme, qui sera l'objet de son prochain roman.

Pour l'histoire, il est difficile d'en parler sans dévoiler l'essentiel. Je me contenterai donc de dire qu'elle est très savoureuse ! Sur un fond historique tragique, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows parviennent à distraire énormément le lecteur et à aller au-delà des a priori (les Allemands n'étaient pas tous des nazis, même les soldats envoyés sur l'île, juste des hommes pris dans les tourments de l'Histoire).
Ce roman est aussi un bel hommage aux livres et à la lecture avec d'innombrables clins d'oeil ! Si je vous dis, qu'on y rencontre aussi notre sacré coquin d'Oscar Wilde, je ne sais pas trop si vous allez me croire ! Et encore moins, si je vous dis que Juliet se trouve un bien embarassant et obscur prétendant (du nom de Mark Reynolds) spécialiste de Wilkie Collins, qui lui apprend que ce cher Wilkie "entreten[ait] deux foyers avec deux maîtresses et deux nichées d'enfants" (rhooo !!).
Franchement, je me suis régalée !!!

Pour les âmes sensibles, je précise tout de même que ce roman a une fin toute américaine parce qu'il finit... bien. Un peu trop d'ailleurs, mais c'est sans doute le seul tout petit reproche qu'on peut lui faire.

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 dans le cadre du Mois anglais, organisé par Titine, Cyrssilda et Lou

30 septembre 2011

Fille noire, fille blanche

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4e de couverture : "Genna et Minette partagent une chambre sur le campus. Et c'est tout ce qu'elles ont en commun. Minette est aussi noire, indomptable et solitaire que Genna est blanche, timide et généreuse. Fascinée, Genna fait son possible pour fendre la cuirasse de Minette et devenir son amie. Observant la menace des violences racistes croissantes, elle est sa seule alliée. Pourra-t-elle la sauver?"

Autant vous dire tout de suite : je me rends compte que j'ai toujours du mal à avoir un avis clair avec les romans de Joyce Carol Oates, que j'ai découvert il y a un peu plus d'un an avec La fille tatouée. Elle me donne toujours un sentiment assez indéfinissable à cause de son style.  Le sujet m'a attiré : a priori le racisme aux Etats-Unis au milieu des années 70, l'amitié d'une Blanche et d'une Noire. Dans mon esprit, j'ai tout de suite eu l'écho de La couleur des sentiments, au sujet similaire qui se déroule une dizaine d'années auparavant.

Genna, étudiante blanche est presque la jumelle de Minette, étudiantê noire car elles sont nées le même mois, la même année à quelques jours d'écart. Ou plutôt, ces deux personnages sont des doubles inversés. Genna est issue d'un milieu aisé, Minette est boursière. Genna est athée et fille d'un avocat activiste dans les milieux d'extrême gauche, Minette est très croyante, presque illuminée, fille de pasteur. Genna est généreuse et sociable. Minette est égoïste et solitaire.
En fait, leur seul point commun est une admiration sans bornes pour leur père et le fait de partager le même appartement universitaire.
Genna est quasiment obsédée par la figure paternelle : à chaque fois qu'elle pense, ou presque, vient s'interférér les idées de son père, celui qu'elle appelle tantôt "Mad Max", tantôt Max Meade mais jamais "papa", paradoxalement. Mais peu à peu, on se rend compte que son admiration est aussi doublée d'un ressentiment à son égard car il a tendance à briller par son absence.
Minette affiche dans sa chambre le poster de l'église de son père.

Minette n'est pas une personne agréable à vivre et très vite, elle se fait détester par les autres résidentes du campus. Et elle est méfiante à l'égard des Blancs. Elle a du mal à faire confiance à Genna qui pourtant fait tout pour gagner son amitié. Alors, quand des événements surviennent à l'encontre de Minette, tout le monde pense d'emblée à des actes racistes...

La force de Joyce Carol Oates dans ce roman est justement de ne pas trancher dans le vif, de ne pas vraiment prendre parti, mais de laisser au lecteur se faire son avis. Les deux héroïnes sont complexes. Mais c'est peut-être aussi ce qui fait la faiblesse de cet ouvrage. Je suis restée sur ma faim. Les digressions pour tenter d'expliquer le comportement de Genna en raison de son héritage familial, prend par moments un peu trop le dessus et l'on sy perd. Il en résulte un style assez "touffu" qui ne parvient pas à éviter la lourdeur. Genna est aveuglé par les idées de son père (défenseur des Blacks Panthers, des opprimés, ex-opposant à la guerre au Viêtnam) et c'est avant tout la couleur de la peau de Minette qui la pousse à gagner son amitié à tout prix, alors que l'autre a l'air de s'en ficher éperdumment et qu'elle ne connaît pas les antécédants familiaux de Genna.

Les deux héroïnes sont agaçantes, chacune à leur manière. J'ai maudit Genna d'être aussi cruche, de s'accrocher à ce point à Minette jusqu'à l'absurde. Pourtant, elle finit par douter, notamment par rapport à l'auteur de ces mystérieux évéments. J'ai détesté Minette, ses "par-don" qui reviennent inlassablement quand elle s'exprime, sa manière de se goinfrer des douceurs que sa mère lui envoie sans jamais en proposer à sa colocataire. Mais en même temps j'ai trouvé Genna loyale et franche dans son attitude et j'ai eu de la peine pour ce qu'il va leur arriver à toutes les deux...

Ce roman a quelque chose d'intéressant par son ambiguïté même. Ce n'est cependant pas un coup de coeur en raison du style auquel j'ai eu du mal à accrocher. Cependant, je n'ai pas dit mon dernier mot avec Joyce Carol Oates, écrivaine si prolixe tout de même intéressante !

NB : une petite chose amusante page 254 de l'édition de poche : 
l'espace d'une phrase, Minette Swift se trouver nommer "Minette Johnson" (alors que Genna est en entretien avec Dana Johnson qui est l'une des responsables du campus) : "Vous n'avez aucune idée de la personne qui a pu mettre cette lettre hideuse dans la boîte de Minette Johnson."
Et par la même occasion, il manque un point d'interrogation à la fin de la phrase...

 



 

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27 août 2011

Une femme simple et honnête

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4e de couverture : "Winsconsin, 1907. Ralph Truitt attend, fébrile, sur le quai de la gare. Dans sa main, la photo d'une femme. Malgré ses 54 ans et sa fortune, l'homme d'affaires est troublé comme un adolescent. Après 20 ans de veuvage, il a enfin décidé de se remarier. Et Catherine Land a répondu à son annonce. Une femme simple et honnête, bien plus jeune que lui, qui vient vivre dans cette petite ville de campagne. Mais un échange de lettres peut receler bien des secrets. Lorsqu'elle descend du train, Truitt découvre qu'elle n'est pas la femme de la photo. Que vaut donc une relation qui commence par un mensonge ?"

Je vous préviens :  je pense que je ne vais pas me faire des amies : ce livre est généralement encensé par la blogosphère littéraire qui l'a dévoré. Alléchée, cela faisait à peu près un an que je voulais le lire. La sortie en poche a été l'occasion.

Ca commence comme un roman Harlequin (et c'est d'ailleurs ce que présage la couverture) mais ça finit dans le sang. Et au milieu de tout ça, de l'amour, de l'érotisme, du sexe, des morts, du sang, de la crasse, du luxe. A petite dose, ça irait encore. Mais là rien n'est vraiment dans la mesure. C'est sans doute ce qui m'a énervée un zeste, et ennuyée de plus en plus. Pour moi, cela a trop le goût du livre commercial à souhait. Reste la splendeur du grand ouest américain merveilleusement décrit. Mais c'est une qualité un peu trop légère qui ne compense pas le reste.

attention je raconte un peu trop histoire pour montrer ce qui m'a déplu :

Certes, on découvre des secrets de famille au fur et à mesure, l'histoire qui fait que les personnages sont ce qu'ils sont. Mais c'est la manière dont cela est tourné qui manque de charme. Ralph Truitt a renoncé à l'amour depuis plusieurs dizaines d'années quand il se décide à passer une annonce matrimoniale. Il est riche. Une jeune femme y répond en stipulant qu'elle est juste une "femme simple et honnête". Déjà, là, ça sent l'arnaque, pour toute personne normalement constituée. Mais Truitt mord à l'hameçon (oh !!!) Et toc, la femme, qui se prénome Catherine est bien une arnaqueuse, une catin qui a bourlingué, alléchée par l'odeur de l'argent (oh!!!). Son but ultime c'est celui-ci : tuer Ralph et avoir son argent (oh, my godness, mon petit coeur va lâcher !!). Son projet initial se voit contrarié parce qu'elle finit pas tomber amoureuse de sa victime (oh!!!!). Pourtant on est loin d'un amour sirupeux, certes, mais les ficelles sont un peu grosses.
Ralph a perdu sa première épouse Emilia, qui le trompait avec tout ce qu'elle trouvait à se mettre sous la main (oh!!!). Il a aussi perdu sa petite fille (handicapée mentale de surcroît). Pour se venger de ce que lui a fait subir cette première épouse, il a battu comme plâtre pendant toute son enfance son fils, Tony - qui en fait n'était pas son fils (ben ouais !!!)... Seulement le monde est petit. Et Tony connaît Catherine, la belle intriguante qu'il a envoyé auprès de son père pour qu'elle le tue...

Arrivée à ce stade, j'ai commencé à me poser des questions... L'auteur dit devoir beaucoup à Michael Lesly et son Wisconsin Death Trip qui décrit "le portrait fascinant et cinématographique d'une petite ville du Wisconsin dans les spasmes de la fin du XIXe siècle". Je ne connais pas cet ouvrage mais je pense qu'ici ce n'est pas franchement ce qui retient le plus l'attention, c'est juste une toile de fond à peine effleurée et pas vraiment étudiée. Un copier-coller raté.

Pour moi ce roman est juste un livre de vacances, d'un érotisme parfois souvent échevelé, oublié sitôt refermé. Un style qui n'a pas su me convaincre. Des personnages pas spécialement attachants. Première et dernière tentative des romans de Robert Goolrick.

 

 

26 février 2011

La couleur des sentiments

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4e de couverture : "Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture."

Un immense coup de coeur pour ce roman ! Pourtant, au regard des dernières lignes de la 4e de couverture, ce n'était pas gagné d'avance dans ma tête, sachant que je me méfie de ce genre d'effet d'annonce.

Et pourtant. Quelle merveille ! Un récit envoûtant qui entraîne le lecteur à Jackson, dans le Mississippi entre 1962 et 1964, où sévissent encore les lois raciales, interdisant aux Noirs et aux Blancs de se mélanger, et même de se marier entre eux,et  où le Ku Kux Klan sévit encore pour punir les récalcitrants noirs...

Les trois personnages principaux, Aibileen, Minnie et Skeeter sont particulièrement attachants. Minnie m'a fait mourir de rire plus d'une fois - un grand coeur derrière une carapace en fer - en particulier lorsqu'elle dévoile la fameuse Chose Abominable Epouvantable qu'elle a fait à sa patronne blanche, Miss Hilly. Celle-ci est vraiment une grosse truie (c'est le mot qui m'est venu à l'esprit à la fin, en lisant ce qu'elle essaie de faire à Aibileen) ! La pire de toutes les femmes de Jackson, prisonnière de sa bêtise et d'une méchanceté incroyable.  Aibileen, 53 ans, bonne depuis 40 ans, est d'une philosophie à toute épreuve - ou presque - face aux événements. Skeeter (surnom parce qu'elle a un profil qui rappelle quelque chose comme un moustique) est une jeune femme qui apprend à dépasser les carcans familiaux, raciaux et sociaux pour gagner sa liberté. La vie toute tracée qui s'annonce à elle ne l'intéresse pas car dans cet univers elle devra soit mentir, soit se censurer en permanence. Une vraie amitié naît entre ces trois personnages qui prennent des risques considérables pour venir à bout de leur projet, malgré un chemin pavé d'embûches. Et ça en valait la peine. Même si la fin n'est pas tout à fait une happy end. Mais c'est aussi la force du roman, qui est, de plus, une page de l'histoire des Etats-Unis. Une part de vécu aussi.

Un récit subtil qui évite les écueils, une écriture dynamique et très agréable à lire, beaucoup d'humour malgré un sujet grave, mais aussi des moments d'émotion intense. On laisse vraiment à regret les personnages quand on referme le livre, pourtant c'est un pavé de plus de 500 pages ! Un conseil : jetez-vous dessus, vous ne pourrez plus le lâcher !

Sans doute le meilleur roman que j'ai lu depuis longtemps mais aussi jusqu'à présent pour le

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10 février 2011

On dirait vraiment le paradis

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4e de couverture : "Lemuel Sears mène une existence paisible à Manhattan. Conscient de son vieillissement, il vit dans la crainte de ne plus connaître l'amour avant de disparaître. Un jour, il se rend dans la petite ville de Janice pour patiner sur l'étang, et découvre que celui-ci est utilisé comme dépotoir. Révolté, il décide de tout mettre en oeuvre pour rendre à Janice son paysage bucolique. Amené à côtoyer les riverains, il rencontrera certaines figures du crime organisé, des politiciens véreux ainsi que quelques bonnes âmes prêtes à t'aider qui utilisent pour ce faire des méthodes pour le moins radicales... Parmi ces personnes, Sears fera la connaissance d'une jeune femme dont il tombera amoureux. On dirait vraiment le paradis, paru aux États-Unis en 1982, inédit en français, est le dernier roman de John Cheever. On y retrouve l'élégance de son style, l'humour omniprésent et l'immense tendresse qu'il porte à ses personnages".

Le livre commence par la phrase suivante : "Cette histoire est destinée à être lue au lit dans une vieille maison par une soirée pluvieuse". Ca me paraissaît fort alléchant.  Mais, hélas!, je ne suis pas parvenue à entrer réellement dans le récit. Certes, les conditions n'étaient que partiellement respectées : je n'étais pas dans une vieille maison mais la météo était celle remcommandée !! La quatrième de couverture annonce ce livre comme "un plaidoyer inédit en faveur d'une nature préservée". C'était peut-être l'intention de John Cheever, avec ce roman écrit en 1982 (un précurseur, un visionnaire du XXIe siècle donc), mais les nombreuses digressions noient le lecteur, qui finit par se demander où veut en venir l'écrivain. L'écriture est poétique et donc agréable à lire mais en refermant ce livre on est incapable d'en résumer le sujet réel.

Cette lecture est donc une déception pour moi car j'ai fini par m'ennuyer.

Je tiens néanmoins Babelio et les éditions Folio de m'avoir envoyé le livre, dans le cadre de l'opération Masse Critique de décembre dernier.

5 novembre 2010

En un monde parfait

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4e de couverture : "Jiselle, trentenaire et toujours célibataire. croit vivre un véritable conte de fées lorsque Mark Dorn, un superbe pilote veuf et père de trois enfants, la demande en mariage. Sa proposition paraît tellement idyllique qu'elle accepte aussitôt, quittant les tracasseries de sa vie d'hôtesse de l'air pour celle, a priori plus apaisante, de femme au foyer. C'est compter sans les absences répétées de Mark, les perpétuelles récriminations des enfants et la mystérieuse épidémie qui frappe les Etats-Unis. lui donnant des allures de pays en état de guerre. Tandis que les événements s'accélèrent autour d'elle, l'existence de Jiselle prend un tour dramatique. l'obligeant à puiser dans ses ressources pour affronter cette situation inédite... "

Dès le début , avec Mark Dorn, ce pilote de ligne sorti tout droit d'une publicité pour "Ultra bright", on sent l'entourloupe. Pourtant, Jiselle, trentenaire toujours célibataire accepte aussitôt sa demande en mariage, qui pourtant semble un peu trop rapide pour être tout à fait honnête, et renonce à sa vie d'hôtesse de l'air pour s'occuper des trois enfants de Monsieur... Ce conte de fée est une manière pour elle de fuir un univers professionnel stressant et de céder à la pression sociale au regard de son célibat. Pourtant une crise énergétique et sanitaire sans précédent (plus d'essence, plus d'électricité, une pandémie dite "grippe de Phoenix" ) va bouleverser ses projets alors que Jiselle, trop obnubilée par son mariage, n'y prête pas une oreille attentive. Pourtant, la réalité du monde extérieur rattrappe au fur et à mesure l'univers feutré de la jeune-femme, qui se rétrécit comme peau de chagrin.

J'ai trouvé intéressante la tentative de mélange des genres (conte de fée/fantastique gothique/science-fiction). Pourtant, trop de "grosses ficelles", trop de clichés pas vraiment rompus et des invraisemblances : par exemple, comment une petite peste comme Sara peut-elle devenir subitement un angelot ? Et je ne parle même pas de la mystérieuse disparition de Mark Dorn, retenu en quarantaine en Allemagne, qui disparaît sans que cela n'inquiète pas plus le reste de la famille... : on a l'impression que l'auteur s'est débarrassé du personnage ne sachant qu'en faire.

Par moments, le roman prend des allures de "thriller écologique". C'est à ce niveau-là que l'intensité dramatique est la plus forte et l'aspect du roman le plus intéressant. Les hommes sont réduits à vivre comme il y a des centaines d'années en arrière, renonçant, contraints et forcés, au confort moderne et à la société de consommation, obligés de tout économiser et de réfléchir avant d'agir et de dépenser.

C'est l'occasion pour l'écrivain de jouer avec la frontière du fantastique : des glapissements lointains et inquiétants surgissent dans la nuit sans que leur nature ne soit vraiment élucidée, la nature végétale reprend ses droits, transformant la ville en jungle dangereuse, les fantômes (ou hallucinations ?) apparaissent...

Pourtant, on a l'impression que Laura Kasischke ne va pas au bout de ses idées et du coup, le ton général du roman reste tiède voire mièvre.Le coup de griffe que l'on sentait ne vient pas. Le lecteur reste sur sa faim. C'est dommage, d'autant que ce roman, écrit dans un style fluide très agréable. Mais je suis restée sur ma faim.

Donc avis mitigé pour moi.  C'est le premier roman que je lis de l'auteur. Voir aussi l'avis de Canel.

Lu dans le cadre du

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20 août 2010

Prodigieuses créatures

9782710331643

4e de couverture : "La foudre m'a frappée toute ma vie. Mais une seule fois pour de vrai" Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces "prodigieuses créatures" dont l'existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d'un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique, exclusivement composée d'hommes, qui la cantonne dans un rôle de figuration. Mary Anning trouve heureusement en Elizabeth Philpot une alliée inattendue. Celte vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l'accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d'une rivalité, elle reste, face à l'hostilité générale, leur meilleure arme. Avec une finesse qui rappelle fane Austen, Tracy Chevalier raconte, dans Prodigieuses Créatures, l'histoire d'une femme qui, bravant sa condition et sa classe sociale, fait l'une des plus grandes découvertes du XIXe siècle."

A vrai dire, je ne m'attendais pas du tout à un tel récit. Je n'imaginais pas que les deux héroïnes étaient ce qu'elles étaient, à savoir une vieille fille bourgeoise (Elizabeth Philpot) et une paysanne (Mary Anning). En fait, je m'attendais à être directement en contact avec des femmes scientifiques, à être plongée dans le monde de la science. Que Nenni !

L'immense mérite de ce roman est de faire connaître la condition - scientifique - des femmes au début du XIXe siècle. Dans un monde d'hommes, elles voient leurs découvertes réappropriées par ces derniers. Mary et Elizabeth devront, plus d'une fois monter au créneau pour qu'une certaine vérité soit rétablie. C'est d'autant plus difficile pour Mary qu'elle est issue d'un milieu très modeste et habite dans un village perdu bien différent de l'univers londonien. Cependant, au fil du temps, elle arrivera à se faire connaître et à être reconnue.

Ce roman est aussi une histoire d'amitié entre deux femmes que vingt ans d'âge séparent et un milieu social. Une amitié plus forte que tout, même si ce n'est pas un long fleuve tranquille...

J'ai vraiment été happée par le récit dès les premières pages. Le lecteur se retrouve aux côtés de Mary et Elizabeth sur la plage par tous les temps, à fouiller le sable, la glaise et les rochers. C'est incroyable. Un récit prenant donc.
Cependant, j'ai fini par m'ennuyer un petit peu au bout d'un moment. Et j'ai trouvé quelques faits invraisemblables (surtout au début), comme le fait que l'un des éboulements de la falaise, qui a anéanti l'espoir de Mary de dégager son premier "croco", se trouve miraculeusement balayé par une tempête...

Ce livre n'est donc pas un coup de coeur mais un roman que j'ai bien aimé malgré tout, bien écrit et bien documenté.

Voir aussi l'avis de Lou et de Lilly

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