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Mille (et une) lectures
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Mille (et une) lectures
30 septembre 2011

Fille noire, fille blanche

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4e de couverture : "Genna et Minette partagent une chambre sur le campus. Et c'est tout ce qu'elles ont en commun. Minette est aussi noire, indomptable et solitaire que Genna est blanche, timide et généreuse. Fascinée, Genna fait son possible pour fendre la cuirasse de Minette et devenir son amie. Observant la menace des violences racistes croissantes, elle est sa seule alliée. Pourra-t-elle la sauver?"

Autant vous dire tout de suite : je me rends compte que j'ai toujours du mal à avoir un avis clair avec les romans de Joyce Carol Oates, que j'ai découvert il y a un peu plus d'un an avec La fille tatouée. Elle me donne toujours un sentiment assez indéfinissable à cause de son style.  Le sujet m'a attiré : a priori le racisme aux Etats-Unis au milieu des années 70, l'amitié d'une Blanche et d'une Noire. Dans mon esprit, j'ai tout de suite eu l'écho de La couleur des sentiments, au sujet similaire qui se déroule une dizaine d'années auparavant.

Genna, étudiante blanche est presque la jumelle de Minette, étudiantê noire car elles sont nées le même mois, la même année à quelques jours d'écart. Ou plutôt, ces deux personnages sont des doubles inversés. Genna est issue d'un milieu aisé, Minette est boursière. Genna est athée et fille d'un avocat activiste dans les milieux d'extrême gauche, Minette est très croyante, presque illuminée, fille de pasteur. Genna est généreuse et sociable. Minette est égoïste et solitaire.
En fait, leur seul point commun est une admiration sans bornes pour leur père et le fait de partager le même appartement universitaire.
Genna est quasiment obsédée par la figure paternelle : à chaque fois qu'elle pense, ou presque, vient s'interférér les idées de son père, celui qu'elle appelle tantôt "Mad Max", tantôt Max Meade mais jamais "papa", paradoxalement. Mais peu à peu, on se rend compte que son admiration est aussi doublée d'un ressentiment à son égard car il a tendance à briller par son absence.
Minette affiche dans sa chambre le poster de l'église de son père.

Minette n'est pas une personne agréable à vivre et très vite, elle se fait détester par les autres résidentes du campus. Et elle est méfiante à l'égard des Blancs. Elle a du mal à faire confiance à Genna qui pourtant fait tout pour gagner son amitié. Alors, quand des événements surviennent à l'encontre de Minette, tout le monde pense d'emblée à des actes racistes...

La force de Joyce Carol Oates dans ce roman est justement de ne pas trancher dans le vif, de ne pas vraiment prendre parti, mais de laisser au lecteur se faire son avis. Les deux héroïnes sont complexes. Mais c'est peut-être aussi ce qui fait la faiblesse de cet ouvrage. Je suis restée sur ma faim. Les digressions pour tenter d'expliquer le comportement de Genna en raison de son héritage familial, prend par moments un peu trop le dessus et l'on sy perd. Il en résulte un style assez "touffu" qui ne parvient pas à éviter la lourdeur. Genna est aveuglé par les idées de son père (défenseur des Blacks Panthers, des opprimés, ex-opposant à la guerre au Viêtnam) et c'est avant tout la couleur de la peau de Minette qui la pousse à gagner son amitié à tout prix, alors que l'autre a l'air de s'en ficher éperdumment et qu'elle ne connaît pas les antécédants familiaux de Genna.

Les deux héroïnes sont agaçantes, chacune à leur manière. J'ai maudit Genna d'être aussi cruche, de s'accrocher à ce point à Minette jusqu'à l'absurde. Pourtant, elle finit par douter, notamment par rapport à l'auteur de ces mystérieux évéments. J'ai détesté Minette, ses "par-don" qui reviennent inlassablement quand elle s'exprime, sa manière de se goinfrer des douceurs que sa mère lui envoie sans jamais en proposer à sa colocataire. Mais en même temps j'ai trouvé Genna loyale et franche dans son attitude et j'ai eu de la peine pour ce qu'il va leur arriver à toutes les deux...

Ce roman a quelque chose d'intéressant par son ambiguïté même. Ce n'est cependant pas un coup de coeur en raison du style auquel j'ai eu du mal à accrocher. Cependant, je n'ai pas dit mon dernier mot avec Joyce Carol Oates, écrivaine si prolixe tout de même intéressante !

NB : une petite chose amusante page 254 de l'édition de poche : 
l'espace d'une phrase, Minette Swift se trouver nommer "Minette Johnson" (alors que Genna est en entretien avec Dana Johnson qui est l'une des responsables du campus) : "Vous n'avez aucune idée de la personne qui a pu mettre cette lettre hideuse dans la boîte de Minette Johnson."
Et par la même occasion, il manque un point d'interrogation à la fin de la phrase...

 



 

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Commentaires
M
@ Maggie : c'est pour cela même que ce livre n'est pas un mauvais roman. Juste un problème de style pour moi.
M
C'est vrai que le style n'est pas châtié dommage car souvent les thèmes qu'elle aborde sont très intéressants et j'aime bien cette noirceur, sans mièvrerie facile...
M
@ Kathel : je l'ai préféré à celui-ci, tu l'auras compris ;-). Je sais qu'avant d'attaquer un pavé écrit par elle, je vais réfléchir à deux fois même si ça me tente quand même. Elle n'est pas prioritaire cela dit.
K
Je me dis toujours que je vais continuer à lire J C Oates, après les 3 ou 4 déjà lus dont celui-ci, et d'autres lectures viennent s'intercaler, mais j'y reviendrai. La fille tatouée me tente bien.
M
@ Keisha : c'est vrai qu'il faut s'accrocher pour arriver au bout même si le roman n'est pas très épais. Oui moi aussi c'est le style qui m'empêche d'en faire un coup de coeur car sinon c'est intéressant.
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