Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mille (et une) lectures
Visiteurs
Depuis la création 87 475
Derniers commentaires
Archives
Mille (et une) lectures
7 janvier 2012

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates

 5142dh2nobL__SL500_AA300_

4e de couverture : "Tandis que Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale, Juliet Ashton, jeune écrivain, compte ses admirateurs par milliers. Parmi eux, un certain Dawsey, habitant de l'île de Guernesey, qui évoque au hasard de son courrier l'existence d'un club de lecture au nom étranger : "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates"... Passionnée par le destin de cette île coupée du monde, Juliet entame une correspondance intime avec les membres de cette communauté. Et découvre les myens fantaisistes grâce auxquels ces amis bibliophiles ont résisté à l'invasion et à la tragédie. Jusqu'au jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey. Pour Juliet, la page d'un nouveau roman vient de s'ouvrir, peut-être celle d'une nouvelle vie..."

La quatrième de couverture est légèrement trompeuse : Juliet n'est pas contactée parce que Dawsey est un de ses admirateurs mais parce qu'il a trouvé un vieux livre qui lui a jadis appartenu (il le sait parce qu'il a trouvé son nom dessus), Les essais d'Elia, morceaux choisis de Charles Lamb. Sur ce livre, il y avait le nom et l'adresse de Juliet. (p.19). Il lui explique qu'il adore cet évricain mais qu'il n'y a aucune librairie à Guernesey. Il lui demande, si elle pourrait lui donner le nom d'une d'entre elle à Londres car il souhaite lire d'autre livres de son écrivain préféré. Tout commence ainsi et une belle amitié se lie entre ces deux êtres.
Ensuite, le nom du cercle littéraire tel qu'il est nommé dans ce roman traduit est Le cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates. (titre vo : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society)
Bref...

A vrai dire, j'ai hésité à faire paraître ce billet dans le cadre du Mois anglais, parce que les deux auteurs de ce roman ne sont pas anglaises mais américaines et que l'action se déroule en grande partie sur l'île de Guernesey. Mais ce livre est pétri de culture so english et j'ai souvent eu l'impression d'avoir sous les yeux une lecture victorienne (heureusement que le fond historique de fin de Seconde Guerre mondiale était là pour me désillusionner), avec également un gros clin d'oeil à Agatha Christie !! J'ai vraiment bien ri, parce qu'en plus c'est fait avec beaucoup d'humour !
Ce qui est également excellent, c'est que Juliet est biographe d'Anne Brontë, et ça va sans dire qu'elle évoque souvent les trois soeurs dans ses lettres, ce qui provoque l'admiration d'Isola, l'une de ses correspondantes de Guernesey, qui a aussi pour référence littéraire Jane Austen.
"J'aime les histoires de rencontres passionnées. N'en ayant jamais vécu moi-même, je peux à présent m'en faire une idée. Au début, je n'ai pas aimé Les hauts de Hurlevents, mais à la minute où le spectre de Cathy s'est mis à gratter à la vitre de ses doigts osseux, j'ai senti ma gorge se nouer, et le noeud ne m'a pas relâché avant la fin du livre. J'avais l'impression d'entendre les sanglots déchirants d'Heathcliff à travers la lande. Je ne crois pas avoir lu un auteur d'aussi grand talent d'Emily Brontë".

Comme un écho à cette histoire victorienne d'amour tragique, Juliet va en découvrir une tout aussi dramatique, bien ancrée dans son époque et se lancer à la recherche de son fantôme, qui sera l'objet de son prochain roman.

Pour l'histoire, il est difficile d'en parler sans dévoiler l'essentiel. Je me contenterai donc de dire qu'elle est très savoureuse ! Sur un fond historique tragique, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows parviennent à distraire énormément le lecteur et à aller au-delà des a priori (les Allemands n'étaient pas tous des nazis, même les soldats envoyés sur l'île, juste des hommes pris dans les tourments de l'Histoire).
Ce roman est aussi un bel hommage aux livres et à la lecture avec d'innombrables clins d'oeil ! Si je vous dis, qu'on y rencontre aussi notre sacré coquin d'Oscar Wilde, je ne sais pas trop si vous allez me croire ! Et encore moins, si je vous dis que Juliet se trouve un bien embarassant et obscur prétendant (du nom de Mark Reynolds) spécialiste de Wilkie Collins, qui lui apprend que ce cher Wilkie "entreten[ait] deux foyers avec deux maîtresses et deux nichées d'enfants" (rhooo !!).
Franchement, je me suis régalée !!!

Pour les âmes sensibles, je précise tout de même que ce roman a une fin toute américaine parce qu'il finit... bien. Un peu trop d'ailleurs, mais c'est sans doute le seul tout petit reproche qu'on peut lui faire.

 69923653

 dans le cadre du Mois anglais, organisé par Titine, Cyrssilda et Lou

Publicité
30 septembre 2011

Fille noire, fille blanche

51krCxx2qUL__SL500_AA300_

4e de couverture : "Genna et Minette partagent une chambre sur le campus. Et c'est tout ce qu'elles ont en commun. Minette est aussi noire, indomptable et solitaire que Genna est blanche, timide et généreuse. Fascinée, Genna fait son possible pour fendre la cuirasse de Minette et devenir son amie. Observant la menace des violences racistes croissantes, elle est sa seule alliée. Pourra-t-elle la sauver?"

Autant vous dire tout de suite : je me rends compte que j'ai toujours du mal à avoir un avis clair avec les romans de Joyce Carol Oates, que j'ai découvert il y a un peu plus d'un an avec La fille tatouée. Elle me donne toujours un sentiment assez indéfinissable à cause de son style.  Le sujet m'a attiré : a priori le racisme aux Etats-Unis au milieu des années 70, l'amitié d'une Blanche et d'une Noire. Dans mon esprit, j'ai tout de suite eu l'écho de La couleur des sentiments, au sujet similaire qui se déroule une dizaine d'années auparavant.

Genna, étudiante blanche est presque la jumelle de Minette, étudiantê noire car elles sont nées le même mois, la même année à quelques jours d'écart. Ou plutôt, ces deux personnages sont des doubles inversés. Genna est issue d'un milieu aisé, Minette est boursière. Genna est athée et fille d'un avocat activiste dans les milieux d'extrême gauche, Minette est très croyante, presque illuminée, fille de pasteur. Genna est généreuse et sociable. Minette est égoïste et solitaire.
En fait, leur seul point commun est une admiration sans bornes pour leur père et le fait de partager le même appartement universitaire.
Genna est quasiment obsédée par la figure paternelle : à chaque fois qu'elle pense, ou presque, vient s'interférér les idées de son père, celui qu'elle appelle tantôt "Mad Max", tantôt Max Meade mais jamais "papa", paradoxalement. Mais peu à peu, on se rend compte que son admiration est aussi doublée d'un ressentiment à son égard car il a tendance à briller par son absence.
Minette affiche dans sa chambre le poster de l'église de son père.

Minette n'est pas une personne agréable à vivre et très vite, elle se fait détester par les autres résidentes du campus. Et elle est méfiante à l'égard des Blancs. Elle a du mal à faire confiance à Genna qui pourtant fait tout pour gagner son amitié. Alors, quand des événements surviennent à l'encontre de Minette, tout le monde pense d'emblée à des actes racistes...

La force de Joyce Carol Oates dans ce roman est justement de ne pas trancher dans le vif, de ne pas vraiment prendre parti, mais de laisser au lecteur se faire son avis. Les deux héroïnes sont complexes. Mais c'est peut-être aussi ce qui fait la faiblesse de cet ouvrage. Je suis restée sur ma faim. Les digressions pour tenter d'expliquer le comportement de Genna en raison de son héritage familial, prend par moments un peu trop le dessus et l'on sy perd. Il en résulte un style assez "touffu" qui ne parvient pas à éviter la lourdeur. Genna est aveuglé par les idées de son père (défenseur des Blacks Panthers, des opprimés, ex-opposant à la guerre au Viêtnam) et c'est avant tout la couleur de la peau de Minette qui la pousse à gagner son amitié à tout prix, alors que l'autre a l'air de s'en ficher éperdumment et qu'elle ne connaît pas les antécédants familiaux de Genna.

Les deux héroïnes sont agaçantes, chacune à leur manière. J'ai maudit Genna d'être aussi cruche, de s'accrocher à ce point à Minette jusqu'à l'absurde. Pourtant, elle finit par douter, notamment par rapport à l'auteur de ces mystérieux évéments. J'ai détesté Minette, ses "par-don" qui reviennent inlassablement quand elle s'exprime, sa manière de se goinfrer des douceurs que sa mère lui envoie sans jamais en proposer à sa colocataire. Mais en même temps j'ai trouvé Genna loyale et franche dans son attitude et j'ai eu de la peine pour ce qu'il va leur arriver à toutes les deux...

Ce roman a quelque chose d'intéressant par son ambiguïté même. Ce n'est cependant pas un coup de coeur en raison du style auquel j'ai eu du mal à accrocher. Cependant, je n'ai pas dit mon dernier mot avec Joyce Carol Oates, écrivaine si prolixe tout de même intéressante !

NB : une petite chose amusante page 254 de l'édition de poche : 
l'espace d'une phrase, Minette Swift se trouver nommer "Minette Johnson" (alors que Genna est en entretien avec Dana Johnson qui est l'une des responsables du campus) : "Vous n'avez aucune idée de la personne qui a pu mettre cette lettre hideuse dans la boîte de Minette Johnson."
Et par la même occasion, il manque un point d'interrogation à la fin de la phrase...

 



 

27 août 2011

Une femme simple et honnête

51CkspOVh1L__SL500_AA300_

4e de couverture : "Winsconsin, 1907. Ralph Truitt attend, fébrile, sur le quai de la gare. Dans sa main, la photo d'une femme. Malgré ses 54 ans et sa fortune, l'homme d'affaires est troublé comme un adolescent. Après 20 ans de veuvage, il a enfin décidé de se remarier. Et Catherine Land a répondu à son annonce. Une femme simple et honnête, bien plus jeune que lui, qui vient vivre dans cette petite ville de campagne. Mais un échange de lettres peut receler bien des secrets. Lorsqu'elle descend du train, Truitt découvre qu'elle n'est pas la femme de la photo. Que vaut donc une relation qui commence par un mensonge ?"

Je vous préviens :  je pense que je ne vais pas me faire des amies : ce livre est généralement encensé par la blogosphère littéraire qui l'a dévoré. Alléchée, cela faisait à peu près un an que je voulais le lire. La sortie en poche a été l'occasion.

Ca commence comme un roman Harlequin (et c'est d'ailleurs ce que présage la couverture) mais ça finit dans le sang. Et au milieu de tout ça, de l'amour, de l'érotisme, du sexe, des morts, du sang, de la crasse, du luxe. A petite dose, ça irait encore. Mais là rien n'est vraiment dans la mesure. C'est sans doute ce qui m'a énervée un zeste, et ennuyée de plus en plus. Pour moi, cela a trop le goût du livre commercial à souhait. Reste la splendeur du grand ouest américain merveilleusement décrit. Mais c'est une qualité un peu trop légère qui ne compense pas le reste.

attention je raconte un peu trop histoire pour montrer ce qui m'a déplu :

Certes, on découvre des secrets de famille au fur et à mesure, l'histoire qui fait que les personnages sont ce qu'ils sont. Mais c'est la manière dont cela est tourné qui manque de charme. Ralph Truitt a renoncé à l'amour depuis plusieurs dizaines d'années quand il se décide à passer une annonce matrimoniale. Il est riche. Une jeune femme y répond en stipulant qu'elle est juste une "femme simple et honnête". Déjà, là, ça sent l'arnaque, pour toute personne normalement constituée. Mais Truitt mord à l'hameçon (oh !!!) Et toc, la femme, qui se prénome Catherine est bien une arnaqueuse, une catin qui a bourlingué, alléchée par l'odeur de l'argent (oh!!!). Son but ultime c'est celui-ci : tuer Ralph et avoir son argent (oh, my godness, mon petit coeur va lâcher !!). Son projet initial se voit contrarié parce qu'elle finit pas tomber amoureuse de sa victime (oh!!!!). Pourtant on est loin d'un amour sirupeux, certes, mais les ficelles sont un peu grosses.
Ralph a perdu sa première épouse Emilia, qui le trompait avec tout ce qu'elle trouvait à se mettre sous la main (oh!!!). Il a aussi perdu sa petite fille (handicapée mentale de surcroît). Pour se venger de ce que lui a fait subir cette première épouse, il a battu comme plâtre pendant toute son enfance son fils, Tony - qui en fait n'était pas son fils (ben ouais !!!)... Seulement le monde est petit. Et Tony connaît Catherine, la belle intriguante qu'il a envoyé auprès de son père pour qu'elle le tue...

Arrivée à ce stade, j'ai commencé à me poser des questions... L'auteur dit devoir beaucoup à Michael Lesly et son Wisconsin Death Trip qui décrit "le portrait fascinant et cinématographique d'une petite ville du Wisconsin dans les spasmes de la fin du XIXe siècle". Je ne connais pas cet ouvrage mais je pense qu'ici ce n'est pas franchement ce qui retient le plus l'attention, c'est juste une toile de fond à peine effleurée et pas vraiment étudiée. Un copier-coller raté.

Pour moi ce roman est juste un livre de vacances, d'un érotisme parfois souvent échevelé, oublié sitôt refermé. Un style qui n'a pas su me convaincre. Des personnages pas spécialement attachants. Première et dernière tentative des romans de Robert Goolrick.

 

 

26 février 2011

La couleur des sentiments

 51lwBRPwgIL__SS400_

4e de couverture : "Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture."

Un immense coup de coeur pour ce roman ! Pourtant, au regard des dernières lignes de la 4e de couverture, ce n'était pas gagné d'avance dans ma tête, sachant que je me méfie de ce genre d'effet d'annonce.

Et pourtant. Quelle merveille ! Un récit envoûtant qui entraîne le lecteur à Jackson, dans le Mississippi entre 1962 et 1964, où sévissent encore les lois raciales, interdisant aux Noirs et aux Blancs de se mélanger, et même de se marier entre eux,et  où le Ku Kux Klan sévit encore pour punir les récalcitrants noirs...

Les trois personnages principaux, Aibileen, Minnie et Skeeter sont particulièrement attachants. Minnie m'a fait mourir de rire plus d'une fois - un grand coeur derrière une carapace en fer - en particulier lorsqu'elle dévoile la fameuse Chose Abominable Epouvantable qu'elle a fait à sa patronne blanche, Miss Hilly. Celle-ci est vraiment une grosse truie (c'est le mot qui m'est venu à l'esprit à la fin, en lisant ce qu'elle essaie de faire à Aibileen) ! La pire de toutes les femmes de Jackson, prisonnière de sa bêtise et d'une méchanceté incroyable.  Aibileen, 53 ans, bonne depuis 40 ans, est d'une philosophie à toute épreuve - ou presque - face aux événements. Skeeter (surnom parce qu'elle a un profil qui rappelle quelque chose comme un moustique) est une jeune femme qui apprend à dépasser les carcans familiaux, raciaux et sociaux pour gagner sa liberté. La vie toute tracée qui s'annonce à elle ne l'intéresse pas car dans cet univers elle devra soit mentir, soit se censurer en permanence. Une vraie amitié naît entre ces trois personnages qui prennent des risques considérables pour venir à bout de leur projet, malgré un chemin pavé d'embûches. Et ça en valait la peine. Même si la fin n'est pas tout à fait une happy end. Mais c'est aussi la force du roman, qui est, de plus, une page de l'histoire des Etats-Unis. Une part de vécu aussi.

Un récit subtil qui évite les écueils, une écriture dynamique et très agréable à lire, beaucoup d'humour malgré un sujet grave, mais aussi des moments d'émotion intense. On laisse vraiment à regret les personnages quand on referme le livre, pourtant c'est un pavé de plus de 500 pages ! Un conseil : jetez-vous dessus, vous ne pourrez plus le lâcher !

Sans doute le meilleur roman que j'ai lu depuis longtemps mais aussi jusqu'à présent pour le

54020855_p

10 février 2011

On dirait vraiment le paradis

51COgY59cLL__SL500_AA300_

4e de couverture : "Lemuel Sears mène une existence paisible à Manhattan. Conscient de son vieillissement, il vit dans la crainte de ne plus connaître l'amour avant de disparaître. Un jour, il se rend dans la petite ville de Janice pour patiner sur l'étang, et découvre que celui-ci est utilisé comme dépotoir. Révolté, il décide de tout mettre en oeuvre pour rendre à Janice son paysage bucolique. Amené à côtoyer les riverains, il rencontrera certaines figures du crime organisé, des politiciens véreux ainsi que quelques bonnes âmes prêtes à t'aider qui utilisent pour ce faire des méthodes pour le moins radicales... Parmi ces personnes, Sears fera la connaissance d'une jeune femme dont il tombera amoureux. On dirait vraiment le paradis, paru aux États-Unis en 1982, inédit en français, est le dernier roman de John Cheever. On y retrouve l'élégance de son style, l'humour omniprésent et l'immense tendresse qu'il porte à ses personnages".

Le livre commence par la phrase suivante : "Cette histoire est destinée à être lue au lit dans une vieille maison par une soirée pluvieuse". Ca me paraissaît fort alléchant.  Mais, hélas!, je ne suis pas parvenue à entrer réellement dans le récit. Certes, les conditions n'étaient que partiellement respectées : je n'étais pas dans une vieille maison mais la météo était celle remcommandée !! La quatrième de couverture annonce ce livre comme "un plaidoyer inédit en faveur d'une nature préservée". C'était peut-être l'intention de John Cheever, avec ce roman écrit en 1982 (un précurseur, un visionnaire du XXIe siècle donc), mais les nombreuses digressions noient le lecteur, qui finit par se demander où veut en venir l'écrivain. L'écriture est poétique et donc agréable à lire mais en refermant ce livre on est incapable d'en résumer le sujet réel.

Cette lecture est donc une déception pour moi car j'ai fini par m'ennuyer.

Je tiens néanmoins Babelio et les éditions Folio de m'avoir envoyé le livre, dans le cadre de l'opération Masse Critique de décembre dernier.

Publicité
5 novembre 2010

En un monde parfait

41XuqfpRI9L__SL500_AA300_

4e de couverture : "Jiselle, trentenaire et toujours célibataire. croit vivre un véritable conte de fées lorsque Mark Dorn, un superbe pilote veuf et père de trois enfants, la demande en mariage. Sa proposition paraît tellement idyllique qu'elle accepte aussitôt, quittant les tracasseries de sa vie d'hôtesse de l'air pour celle, a priori plus apaisante, de femme au foyer. C'est compter sans les absences répétées de Mark, les perpétuelles récriminations des enfants et la mystérieuse épidémie qui frappe les Etats-Unis. lui donnant des allures de pays en état de guerre. Tandis que les événements s'accélèrent autour d'elle, l'existence de Jiselle prend un tour dramatique. l'obligeant à puiser dans ses ressources pour affronter cette situation inédite... "

Dès le début , avec Mark Dorn, ce pilote de ligne sorti tout droit d'une publicité pour "Ultra bright", on sent l'entourloupe. Pourtant, Jiselle, trentenaire toujours célibataire accepte aussitôt sa demande en mariage, qui pourtant semble un peu trop rapide pour être tout à fait honnête, et renonce à sa vie d'hôtesse de l'air pour s'occuper des trois enfants de Monsieur... Ce conte de fée est une manière pour elle de fuir un univers professionnel stressant et de céder à la pression sociale au regard de son célibat. Pourtant une crise énergétique et sanitaire sans précédent (plus d'essence, plus d'électricité, une pandémie dite "grippe de Phoenix" ) va bouleverser ses projets alors que Jiselle, trop obnubilée par son mariage, n'y prête pas une oreille attentive. Pourtant, la réalité du monde extérieur rattrappe au fur et à mesure l'univers feutré de la jeune-femme, qui se rétrécit comme peau de chagrin.

J'ai trouvé intéressante la tentative de mélange des genres (conte de fée/fantastique gothique/science-fiction). Pourtant, trop de "grosses ficelles", trop de clichés pas vraiment rompus et des invraisemblances : par exemple, comment une petite peste comme Sara peut-elle devenir subitement un angelot ? Et je ne parle même pas de la mystérieuse disparition de Mark Dorn, retenu en quarantaine en Allemagne, qui disparaît sans que cela n'inquiète pas plus le reste de la famille... : on a l'impression que l'auteur s'est débarrassé du personnage ne sachant qu'en faire.

Par moments, le roman prend des allures de "thriller écologique". C'est à ce niveau-là que l'intensité dramatique est la plus forte et l'aspect du roman le plus intéressant. Les hommes sont réduits à vivre comme il y a des centaines d'années en arrière, renonçant, contraints et forcés, au confort moderne et à la société de consommation, obligés de tout économiser et de réfléchir avant d'agir et de dépenser.

C'est l'occasion pour l'écrivain de jouer avec la frontière du fantastique : des glapissements lointains et inquiétants surgissent dans la nuit sans que leur nature ne soit vraiment élucidée, la nature végétale reprend ses droits, transformant la ville en jungle dangereuse, les fantômes (ou hallucinations ?) apparaissent...

Pourtant, on a l'impression que Laura Kasischke ne va pas au bout de ses idées et du coup, le ton général du roman reste tiède voire mièvre.Le coup de griffe que l'on sentait ne vient pas. Le lecteur reste sur sa faim. C'est dommage, d'autant que ce roman, écrit dans un style fluide très agréable. Mais je suis restée sur ma faim.

Donc avis mitigé pour moi.  C'est le premier roman que je lis de l'auteur. Voir aussi l'avis de Canel.

Lu dans le cadre du

54020855_p

22 septembre 2010

La moitié du ciel

514Xz8_bVdL__SL500_AA300_

4e de couverture : "Ce livre est un choc. Il nous raconte ce que vivent des millions de femmes au-delà de nos frontières : l'esclavage sexuel, les crimes d'honneur, les mutilations, les viols. Selon Amatyra Sen, prix Nobel d'économie, il manque aujourd'hui cent millions de femmes dans le monde, parce que des centaines de milliers de petites filles meurent avant un an faute de soins. Pendant cinq ans, deux grans reporters américains ont sillonné les campagnes et les taudis d'Asie, d'Afrique et du Moyen-Orient. Ils ont rencontré des centaines de femmes qui refusent l'oppression. (...) Chaque fois c'est une leçon de courage et de dignité qui nous galvanise. Un livre époustouflant qui nous montre que l'oppression des femmes n'es"t pas une fatalité. Best seller international."

Nicholas D. Kristof et Shreyl WuDunn, journalistes américains souhaitent par ce documentaire attirer l'attention sur la situation des femmes : "Nous tentons dans ce livre d'établir un ordre du jour pour les femmes du monde en nous concentrons sur trois abus précis : la traite sexuelle et la prostitution forcée; la violence à l'égard des femmes, dont les crimes d'honneur et les viols de masse; et la mortalité maternelle qui continue de tuer inutilement une femme toutes les minutes. Nous proposerons des solutions qui fonctionnent déjà, telles l'éducation des filles et la microfinance". Dans ce livre il n'est pourtant pas question des femmes du monde mais bien évidemment seulement de celles des pays sous-développés ou en voie de développement, c'est-à-dire des pays où elles sont le plus martyrisées notamment parce que les sytèmes politiques y sont en général peu fiables, la pauvreté endémique et la culture machiste.

Afin de sensibiliser le public, le documentaire relate tour à tour les histoires terribles de femmes cambodgiennes, indiennes, africaines ou afghanes. La prositution forcée et la traite sexuelle font des femmes les esclaves du XXIe siècle : Rath, adolescente cambodgienne, envoyée en Thailande où on lui avait promis du travail se retrouve dans un bordel, forcée à se prostituer, battue, et violée maintes fois. En Inde, on laisse les Népalaises passer la frontière indienne sans problème car elles sont appréciées pour la blancheur de leur peau et leur beauté. Les garde-frontières, pourtant au courant de ce qui attend ces femmes (enlevement par des bandes organisées qui les venderont à des bordels d'où elles seront prisonnières) ne sont pas touchés par leur sort car, selon eux, "la prostitution est inévitable (...)Ces filles sont sacrifiées pour que l'harmonie règne dans la société. Pour que les Indiennes respectables soient en sécurité", rétorque un garde-frontière au journaliste qui l'interroge. Des propos qui choquent, bien évidemment, tout comme en Afrique les crimes d'honneur (où les femmes sont utilisées comme arme de guerre par les pays en conflit), les cas de fistule, les sidéennes, ou encore l'excision...

Et le livre répéte à l'envie des témoignages, plus horribles les uns que les autres sur près de 322 pages, en alternant avec les exemples de solutions proposées. La "sponsorisation" par l'école : l' American Assistance for Cambodia qui s'attache à éduquer les enfants des campagnes cambodgiennes, en particulier les filles, ou comment une école privée américaine a récolté de l'argent par les actions des élèves pour construire une école au Cambodge et a organisé un échange pour mieux sensibiliser les jeunes à la réalité de ce pays. Il y a aussi l'entreprise louable de l'Américaine Harper McConnell, partie au Congo pour se rendre réellement compte de la réalité sur place, "voie à laquelle beaucoup de jeunes amériains devraiens songer - partir pour les pays en voie de développement afin de "donner" auxc gens quiont désespérément besoin d'aide", selon les auteurs du livre. L'exemple suédois qui, en 1999, a purement et simplement criminialisé "l'achat plutôt que la vente de services sexuels" et a vu le nombre de passes diminuer et donc la prostitution aussi.

Nicholas D. Kristof et Sheryl WuDunn veulent vraiment convaincre leurs lecteurs de s'engager pour la cause des femmes martyrisées (et donnent d'ailleurs en annexe la liste des organisations et associations américaines qui s'en occupent). Les témoignages de celles-ci sont vraiment touchants et leur situation révoltante. Mais j'ai trouvé ce livre maladroit et très "américain". Le lecteur croûle sous le poids de ces témoignages plus poignants les uns que les autres, mais souvent redondants, et finit par avoir le sentiment de lire un catalogue de la misère féminine. Toutes ces femmes disent plus ou moins la même chose : elles ont été battues, violées, brûlées, ou excisées, en somme MALTRAITEES de manière particulièrement atroce. Peut-être que ces deux journalistes auraient également dû s'intéresser aux initiatives des pays européens. En tout cas, même si "George Clooney et Angelina Jolie se sont enflamés pour ce livre", comme l'annonce la préface, je dois dire que je suis beaucoup plus modérée dans mon élan et je ne suis pas vraiment convaincue que ce livre contribuera réellement à "l'émergence d'un mouvement d'émancipation des femmes dans le monde" même si ces journalistes nous invite à nous connecter sur des sites d'organisations et d'associations diverses (anglophones) pour notamment être "directement en contact avec une personne nécessiteuse à l'étranger".

Un livre pavé de bonnes intentions mais maladroit et redondant dans sa construction. Bref, j'ai été déçue.

Lu dans le cadre du

54020855_p

 

20 août 2010

Prodigieuses créatures

9782710331643

4e de couverture : "La foudre m'a frappée toute ma vie. Mais une seule fois pour de vrai" Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces "prodigieuses créatures" dont l'existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d'un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique, exclusivement composée d'hommes, qui la cantonne dans un rôle de figuration. Mary Anning trouve heureusement en Elizabeth Philpot une alliée inattendue. Celte vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l'accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d'une rivalité, elle reste, face à l'hostilité générale, leur meilleure arme. Avec une finesse qui rappelle fane Austen, Tracy Chevalier raconte, dans Prodigieuses Créatures, l'histoire d'une femme qui, bravant sa condition et sa classe sociale, fait l'une des plus grandes découvertes du XIXe siècle."

A vrai dire, je ne m'attendais pas du tout à un tel récit. Je n'imaginais pas que les deux héroïnes étaient ce qu'elles étaient, à savoir une vieille fille bourgeoise (Elizabeth Philpot) et une paysanne (Mary Anning). En fait, je m'attendais à être directement en contact avec des femmes scientifiques, à être plongée dans le monde de la science. Que Nenni !

L'immense mérite de ce roman est de faire connaître la condition - scientifique - des femmes au début du XIXe siècle. Dans un monde d'hommes, elles voient leurs découvertes réappropriées par ces derniers. Mary et Elizabeth devront, plus d'une fois monter au créneau pour qu'une certaine vérité soit rétablie. C'est d'autant plus difficile pour Mary qu'elle est issue d'un milieu très modeste et habite dans un village perdu bien différent de l'univers londonien. Cependant, au fil du temps, elle arrivera à se faire connaître et à être reconnue.

Ce roman est aussi une histoire d'amitié entre deux femmes que vingt ans d'âge séparent et un milieu social. Une amitié plus forte que tout, même si ce n'est pas un long fleuve tranquille...

J'ai vraiment été happée par le récit dès les premières pages. Le lecteur se retrouve aux côtés de Mary et Elizabeth sur la plage par tous les temps, à fouiller le sable, la glaise et les rochers. C'est incroyable. Un récit prenant donc.
Cependant, j'ai fini par m'ennuyer un petit peu au bout d'un moment. Et j'ai trouvé quelques faits invraisemblables (surtout au début), comme le fait que l'un des éboulements de la falaise, qui a anéanti l'espoir de Mary de dégager son premier "croco", se trouve miraculeusement balayé par une tempête...

Ce livre n'est donc pas un coup de coeur mais un roman que j'ai bien aimé malgré tout, bien écrit et bien documenté.

Voir aussi l'avis de Lou et de Lilly

2 juillet 2010

La fille tatouée

51g_98CKn8L__SL500_AA300_

4e de couverture : "Joshua Seigl, la quarantaine, écrivain estimé, riche et séduisant, se voit contraint, à cause d'une mystérieuse maladie, d'engager une assistante. Lorsqu'il rencontre par hasard Alma Busch, une jeune femme pauvre et illettrée, recouverte d'intrigants tatouages, Seigl ne peut résister à l'envie de jouer les Pygmalion. Convaincu de lui offrir la chance de sa vie, il lui propose le poste. Malheureusement pour lui, Alma Busch n'est pas la créature vulnérable qu'il croit... La Fille tatouée est un huis clos érotique qui réunit deux visages de l'Amérique : l'élite cultivée, européenne, urbaine, et les exclus du système, analphabètes, sans ressources ni perspectives. Variation magistrale sur le thème du maître et du serviteur, ce roman est sans doute le plus controversé de Joyce Carol Oates."

Tout d'abord un petit bémol concernant la 4e de couverture : je n'ai pas du tout vu dans ce livre de huis clos érotique et le personnage d'Alma (la fille tatouée) est bel et bien vulnérable. Bref, encore une 4e de couv où l'on se demande si celui qui l'a écrite a lu le livre.

Alma est une pauvre fille, défigurée par un tatouage raté (ou une tâche lie de vin sur la joue, on ne sait pas vraiment) et dont le corps est marqué de la même manière de tatouages foirés. Car Alma est une fille marquée au sens propre comme au sens figuré, par son milieu social : Alma vient de l'Enfer, autrement dit du comté d'Akron en Pennsylvannie, ("Achéron", pourrait-on entendre) ravagé. A peine arrive-t-elle a aligner 2 mots (elle ne parle pas, elle marmonne), en cavale pour de mystérieuses affaires. Alma, c'est l'Amérique des mines sinistrées et du chômage, l'Amérique des ratés.

Cette vagabonde a le malheur de croiser sur sa route un autre raté, qu'elle appelle son "amant, car elle se considère uniquement comme un objet sexuel et non une femme à part entière, et qui se prénomme Dmitri. Il la manipule comme une marionnette, lui demandant de profiter du 'sale juif" qu'est Joshua Seigl, l'écrivain et traducteur de Virgile qui emploie Alma comme assistante. Car Alma, comme Dmitri vouent une haine sans bornes aux juifs et à leurs banques qu'ils accusent de vol. Ils ont des préjugés sans bornes à ce sujet-là et le révisionnisme concernant l'Holocauste ne leur fait pas peur.

Seulement voilà, est-on forcément juif parce qu'on s'appelle Josuha Seigl ? Est-on forcément un riche, un voleur, un menteur etc parce qu'on est juif ? Questions stupides certes, mais pas pour Alma et Dmitri, qui n'en reviendront pas!

Ce roman m'a rappelé La Tache de Philipp Roth. Et ce n'est sans doute pas un hasard puisque Joyce Carol Oates dédie le livre à cet écrivain. Elle renverse de façon magistrale un état de fait et une situation qui pourtant paraissaient solides sur l'identité des personnages.

Les deux Amériques finissent par à se rencontrer, se parler. Seulement voilà... (je n'en dit pas plus!).

Joyce Carol Oates dresse là un portrait très noir de l'Amérique contemporaine. Une atmosphère étouffante enserre le lecteur du début à la fin. Jusqu'à l'épuisement, pourrais-je dire. Aucune sympathie ne se dégage des personnages. Ils sont tous aussi agaçants les uns que les autres. C'est du moins ainsi que je les ai perçus.

C'est le premier roman que je lis de cet auteur. J'en retiens une impression mitigée. J'ai eu un peu de mal avec son style d'écriture et, sans doute avec cette atmosphère étouffante et donc pas très reposante. J'ai cependant été bluffée par la façon dont elle se joue du lecteur et des personnages. Un roman riche, complexe et un zeste sulfureux, c'est clair.

Publicité
<< < 1 2
Publicité
Newsletter
21 abonnés

 

6a00e54efb0bbe8833014e8b4ad663970dSélection de livres ICI

 

Suivez-moi sur Facebook  ICI

Classement BABELIO :

 

 

exptirlande

Publicité