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Mille (et une) lectures

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Mille (et une) lectures
19 octobre 2013

Desolation Road

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4e de couverture : "CALIFORNIE, 1930. Dans le quartier des femmes de la prison de San Quentin, une jeune fille de dix-sept ans attend le jour de son exécution. Elle s’appelle June, a une bouille d’ange, parle avec maladresse et timidité. Elle raconte ce qui l’a menée là, sur la desolation road, la route de la désolation qu'on emprunte un jour et qu'on ne peut plus jamais quitter : une passion absolue, déchirante pour un garçon nommé David, une histoire d’amour ponctuée par le vol, le kidnapping et le meurtre à travers la Californie de la Grande Dépression, en compagnie des parias, des criminels et des fantômes. Quand le journaliste venu l’interviewer demande à June ce qu’est l’amour à ses yeux, elle répond : « De la poussière et des étoiles, monsieur. » Le long de la desolation road, il n’y a rien d’autre à contempler."

 

Je lis(ais) très rarement de la littérature dite "de jeunesse" mais je dois avouer que j'ai découvert coup sur coup deux bouquins délicieusement addictifs et d'écrivains français. Voici donc le premier.

L'histoire nous plonge dans l'Amérique de la prohibition, pays où, qui plus est, la peine de mort existe (toujours). C'est June, une adolescente condamnée à mort par pendaison qui raconte son histoire à un journaliste qui voudrait changer les choses, David. June raconte comment, peu à peu, par amour et parce qu'elle n'a pas fait forcément une bonne rencontre, elle se laisse entraîner dans la spirale du meurtre. Son histoire personnelle est compliquée, sa mère l'a abandonnée : elle est partie pour refaire sa vie ailleurs, laissant la gamine livrée à elle-même. June tombe amoureuse de son jeune voisin, un pauvre môme, tout aussi livré à lui-même qu'elle, père alcoolique et violent. Le gamin dérape, la violence engendrant la violence : il tue son père. Les deux gosses décident de tailler la route et c'est l'engrenage de la violence dans l'Amérique en crise.
On croise toute une galerie de personnages, pas forcément sympathiques. On apprend qu'à Los Angeles, faut pas rêver, il n'y a pas de boulot, même avec la meilleure volonté du monde. Mais des escrocs profitant du malheur des autres, il y en a plein. J'ai beaucoup pensé à John Steinbeck, écrivain américain génialissime qui décrit tellement bien cette Amérique-là dans Les Raisins de la colère, entre autres.

Je me suis prise de sympathie pour ces gamins, malgré toutes les graves bêtises qu'ils ont semé sur leur route. Sans doute parce que les autres sont bien pire qu'eux. June, la seule survivante du couple à ce road movie, trouve qu'elle mérite la sanction qu'on lui inflige. Et c'est le jugement du lecteur qui se met en balance, évidemment.

Ce roman, très bien documenté sur l'Amérique des années trente, dispose également d'un excellent suspense. Un roman d'apprentissage hors normes rondement mené. Une bien belle lecture ! Et la litté de jeunesse, j'y reviendrai, c'est sûr, parce que c'est drôlement bien.

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13 octobre 2013

Certaines n'avaient jamais vu la mer

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4e de couverture : "Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux Etats-Unis, sur la foi d'un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Choeur vibrant, leurs voix s'élèvent pour raconter l'exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l'humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l'oubli."

Le roman a obtenu le prix Femina étranger en 2012. Cela faisait un moment que le sujet me paraissait à la fois intéressant et intriguant. La parution en poche a fini de me convaincre de lire ce livre.

Mon avis va être rapide et aussi mince que ce roman pourtant dense.

Il s'agit à la fois d'une page de l'histoire du Japon et de celle des Etats-Unis, à savoir l'immigration japonaise vers les USA au début du XXe siècle, en particulier celle des Japonaises mariées à des Américains qu'elles ne connaissent pas et qui fuient leur pays parce qu'on leur promet un avenir meilleur là-bas. Mais la réalité est tout autre pour la plupart d'entre elles. Puis la Seconde Guerre mondiale surgit, avec ses hordes d'horreurs et de suspicions. Une page d'Histoire rayée des mémoires. Ce roman se veut un hommage et de ce point de vue-là il est réussi. Mais il y a quand même un bémol.

Ce bémol concerne le style d'écriture choisit par Julie Otsuka. Un choix courageux car on accroche ou pas. Elle choisit de ne recourir au "nous" collectif pour évoquer la multiplicité des situations mais aussi la communauté et l'anonymat de toutes ces Japonaises expatriées. Résultat me concernant : je suis restée en dehors du récit, je n'ai pas tout à fait réussi à m'accrocher aux personnages ni à ressentir autant d'émotion que les scènes décrites l'auraient voulues. J'ai fini par me lasser. Mais j'ai néanmoins appris une page d'Histoire que j'ignorais.

Une lecture en demi-teinte. J'attendais mieux.

 

 

5 octobre 2013

Cent ans

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4e de couverture : "Cent ans séparent Herbjørg de son arrière-grand-mère. Cent ans d'histoire, d'amours, de déchirements, durant lesquels quatre générations de femmes se passent en flambeau la honte familiale. À travers les passions et luttes silencieuses de ses ancêtres, dans le coeur aride des îles Lofoten, Wassmo reconquiert la douleur des origines. Pour naître à soi-même, enfin."

Herbjorg Wassmo est une écrivaine majeure de la littérature norvégienne contemporaine. Malgré toute ma passion pour la littérature nordique, je ne l'avais encore jamais lue. C'est maintenant chose faite, avec Cent ans, sa dernière oeuvre traduite en français !

Herbjorg Wassmo a écrit beaucoup de romans, en particulier des triologies mais celui-ci est, j'imagine, le plus intimiste puisqu'il est autobiographique. En effet, l'écrivaine évoque sa famille, en particulier les vies de son arrière-grand-mère, Sara Suzanne, celle de sa grand-mère, Helida et enfin celle de sa mère, Hjordis. Celle de son arrière-arrière-grand-mère, "Madame Lind", est juste évoquée rapidement. Cependant Herbjorg Wassmo signale, comme un avertissement au lecteur :"Le point de départ de mon histoire, la rencontre de Sara Suzanne avec la pasteur-peintre Jensen, je ne l'ai trouvée décrite nulle part. Et même si cela était, je ne l'aurais pas prise à la lettre. Celui qui raconte une histoire choisit ce qui lui convient de raconter." Voilà pour qui voudrait prendre tout au pied de la lettre !

Ce qui ressort de ce gros roman (plus de 500 pages au format poche), c'est tout d'abord une atomsphère merveilleusement retranscrite, celle ce la vie aux îles Lofoten au nord de la Norvège mais aussi celle de la vie dans la capitale, Christiania (ancien nom d'Oslo) qui est pour Helida et les siens comme un pays étranger.

Cette fresque familiale présente aussi trois femmes au caractère bien trempé, que leur maternité à répétition, leur famille nombreuse ne pourra effacer, même si la vie dont elles avaient rêvé (parcourir le vaste monde) ne sera pas vraiment celle qu'elles avaient imaginé. Helida voyagera, certes, mais pas vraiment pour le plaisir, mais pour emmener son mari cardiaque chez un spécialiste à Christiania. Sara Suzanne échappera à son quotidien grace au pasteur Jensen, bien qu'elle n'ait rien prémédité... Hjordis se privera de tout pour s'acheter une bicyclette mais c'est l'invasion nazie qui la fera partir et la séparera de Hans, son cher et tendre.

Il est aussi beaucoup question d'amour dans ce roman, et de mort. Les hommes sont attachants. Johannes, le mari de Sara Suzanne est bègue et communique par écrit quand l'émotion est trop forte. Ce n'en est pas moins un pêcheur et commerçant de génie qui fera la fortune de sa famille. Le pasteur Jensen est un artiste qui n'a d'yeux que pour Sara Suzanne et dont le magnifique retable représentant l'ange qui tend la calice au Christ n'est autre qu'elle, si reconnaissable... Trouvée sur une brochure sur la cathédrale des îles Lofoten par la fille de Herbjorg Wassmo, elle lui donnera l'idée d'écrire ce roman, remarquant que cent ans exactement sépare la naissance de son propre fils de celle de Sara Suzanne.

Ce roman est une fresque familiale sur cent ans, certes, mais qui possède la particularité de ne pas suivre l'ordre chronologique. C'est un peu déroutant au début, d'autant que les personnages sont nombreux mais on s'y habitue. Cela l'avantage de rendre le passé vivant, de ne pas reléguer ces femmes à un monde disparu, au contraire.

Une lecture captivante donc. Herbjorg Wassmo rend ici un vibrant hommage à sa famille et parvient à vous embarquer. Une fois le livre en main, j'ai toujours eu du mal à le lâcher tant ses personnages sont attachants. On reste longtemps imprégné de la vie dans le Nordland.

Un de mes coups de coeur 2013 !

 

 

21 septembre 2013

Miséricorde

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4e de couverture : "Pourquoi Merete Lyyngaard croupit-elle dans une cage depuis des années ? Pour quelle raison ses bourreaux s'acharnent-ils sur la jeune femme ? Cinq ans auparavant, la soudaine disparition de celle qui incarnait l'avenir politique du Danemark avait fait couler beaucoup d'encre. Mais, faute d'indices, la police avait classé l'affaire. Jusqu'à l'intervention des improbables Carl Mørck et Hafez al-Assad du Département V, un flic sur la touche et son assistant d'origine syrienne. Pour eux, pas de cold case ... Couronné par les prix scandinaves les plus prestigieux, le thriller de Jussi Adler-Olsen, première enquête de l'inspecteur Mørck, est un véritable phénomène d'édition mondial."

Cela faisait un moment que ce livre me faisait de l'oeil à chaque fois que je passais en librairie. La petite vignette du Grand Prix des Lectrices de Elle ne faisait que renforcer mon envie de découvrir Jussi Adler Olsen, d'autant que les autres livres qu'il a publiés ont l'air d'avoir autant de succès que celui-ci, signalé partout comme un best seller. Et en plus Jussi Adler Olsen est... danois !  Voilà beaucoup d'indices de tentation pour un seul et même écrivain ! Et hop, ce livre a embarqué avec moi dans l'avion...

J'ai rapidement été absorbée par ma lecture qui a réussi à me faire oublier l'affreux gamin qui gesticulait à côté de moi pour voir si son père accéderait à son caprice... En effet, ce thriller vous prend aux tripes dès les premières pages. Les personnages sont attachants, surtout les deux compères qui mènent l'enquête, Carl Mørck le Danois et Hafez al-Assad le Syrien (oui, vous avez bien lu !) au passé trouble, maîtrisant encore mal la langue danoise et roi de la gaffe. Son boss, Carl est aussi plein de préjugés donc cela n'aide pas mais donne un couple détonnant, avec un zeste de suspicion :

"Tu t'appelles Hafez al-Assad. C'est ce qui est écrit sur les papiers que les services de l'immigration ont établi à ton nom, en tout cas."
"Ca doit pas être facile de traîner un nom pareil ?" "Le nom d'un dictateur qui a gouverné la Syrie pendant vingt-neuf ans ! Tes parents étaient membres du parti Baas ?"

On apprend que Hafez est un réfugié politique syrien mais que Carl l'ignorait car "le petit homme", comme il l'appelle (ce qui m'a passablement agacée) lui a caché la manière dont il est arrivé au Danemark, car sa vie lui a fait du mal et que c'est sa vie et pas celle de son boss.

Bon mais autant vous dire que c'est à peu près la seule chose que l'on apprend sur le pays de la Petite Sirène et que ce n'est qu'une anecdote secondaire dans ce thriller qui reste d'une facture très classique, et en fin de compte très anglo-saxonne. Je n'y ai pas retrouvé la "patte" nordique que j'ai l'habitude de fréquenter. Mis à part, peut-être que la victime qui est une femme politique, Merete Lyyngaard, qui incarne l'avenir du Danemark. On ne peut évidemment que penser à Borgen et son héroïne Birgitte, pour ceux qui connaissent cette excellente série danoise (postérieure à ce thriller, d'ailleurs).

Mais le comparaison s'arrête là. Ici on ne suit pas la vie publique et privée d'une femme politique, mais tout simplement l'enterrement vive d'une jeune femme qui se retrouve enlevée puis enfermée pendant cinq ans. Personne ne sait ce qui lui est arrivé, encore moins son petit frère handicapé.

Si j'ai aimé le suspense que j'avoue très bon, j'ai beaucoup moins aimé l'aspect un peu "gore" que prend ce thriller par moment. Je n'en vois pas l'intérêt. J'ai trouvé la fin un peu trop (attention SPOILER !)  "happy end" et miraculeuse pour être totalement crédible.

Une lecture divertissante mais sans doute pas inoubliable à mes yeux, j'ai lu nettement mieux avec Je ne porte pas mon nom de Anna Grue et je doute de renouveler l'expérience avec les deux autres romans qui sont la suite à celui-ci.

 

 

 

 

14 septembre 2013

Je ne porte pas mon nom

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4e de couverture : "Rien de pire que l'ennui, même pour un dépressif notoire comme Dan ! Au repos dans sa villa de Chistianssund, acquise grâce à une brillante carrière dans la pub, le mystère s'invite dans sa vie. Son ami le commissaire Flemming fait appel à lui : une employée de son agence a été tuée et, étrangement, personne ne connaît son nom. Dan enquête..."


J'ai décidé cet été de me plonger dans la littérature danoise, littérature méconnue dans l'Hexagone (mis à part Karen Blixen - et encore, je me demande si tout le monde connaît sa nationalité - et évidemment le célébrissime Hans Christian Andersen -  parce que non, La Petite Sirène n'a pas été inventée par Disney mais fait partie d'une légende.).

Le pays lui-même reste énigmatique aux Français puisque ce n'est pas vraiment le pays de prédilection pour leurs vacances. Et pourtant, ce petit pays plat de 5 millions d'habitants vaut le détour. Heureusement, il y a Borgen, l'excellente série diffusée par Arte en ce moment même qui permet de lever le voile et peut-être aux gens d'aller visiter Copenhague.

Bref, mes lectures m'ont fait découvrir Anna Grue, donc Je ne porte pas mon nom est le premier livre traduit en français. Et quelle belle découverte ! Décidémment ce sont les journalistes qui écrivent les meilleurs polars. Et ici, l'originalité c'est que celui qui mène l'enquête n'est pas un commissaire ou inspecteur de police, mais tout simplement Dan, un publicitaire dépressif, dont un meurtre sur son lieu de travail va redonner goût à la vie. Il faut dire que son meilleur ami est le commissaire Flemming. Mais, comme le constatera le lecteur, on ne peut pas dire qu'il soit très efficace. Dan prend donc la voie dangereuse d'une enquête officieuse qui nous parle du Danemark d'aujourd'hui et de ses problématiques.

Oubliez le pays des Vikings et de la Petite Sirène, ici on n'est pas vraiment dans la légende et le fabuleux mais plutôt dans le trafic et les embrouilles administratives. Evidemment, comme elle écrit un polar, Anna Grue ne présente pas son pays sous le meilleur jour. Rendez-vous ici avec le travail dissimulé, les violences faites aux femmes, le trafic humain, le problème de l'intégration. Certes ce n'est pas une chose propre au Danemark, mais bizarrement, j'ai été un peu surprise qu'il y ait là-bas aussi, dans ce petit pays, autant d'immigrés clandestins, sans papiers (ou avec de fausses identités),  contraints de rester cachés, préférant vivre comme des fantômes de peur d'être expulsés, sachant le châtiment qui les attendent :

"Toutes ces femmes avaient trois points communs : elles étaient étrangères, elles vivaient cachées ici, à Christianssund et elles n'osaient demander aucune aide sociale de peur d'être expulsées du Danemark. (...) Si elles essaient d'aller à la police, on les renvoie au pays au plus tard trois mois après - et dans de nombreux cas, elles sont immédiatement renvoyées au Danemark, ou dans un autre pays, munies de nouveaux papiers".


Le pendant de tout ça, évidemment, c'est qu'il y a des profiteurs. Mais j'ai aimé l'analyse fine d'Anna Grue, la manière dont elle montre comment certains d'entre-eux se présentent en bienfaiteurs, et comment, en fin de compte, la corruption a la vie belle. L'inefficacité de la police est aussi montrée du doigt, parce que les meurtres s'accumulent et l'équipe du commissaire Flemming n'en pédale pas moins dans la semoule !

Bref, pour une première présentation littéraire du Danemark, je n'ai pas choisi un roman qui fait dans la dentelle mais dans le réalisme. Je me suis régalée. Dan le dépressif est en plus un personnage attachant. Et en plus, il n'y a pas qu'un seul coupable. Mais chuuuut, j'en ai vraiment dit trop dans ce billet !

J'ai hâte de découvrir Le baiser de Judas qui paraît au format poche dans les prochains jours.

 

 

 

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7 septembre 2013

Terminus Elicius

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4e de couverture : "Toujours le même trajet. Istres-Marseille. Marseille-Istres. Sa mère, son travail. La vie de Jeanne est en transit. Elle la contemple en passager. Une lettre suffira à faire dérailler ce train-train morose :"Vous êtes si belle Jeanne." Glissée entre deux banquettes, elle l'attendait."

C'est parce que j'entends parler depuis un moment de Karine Giebel et de ses polars que j'ai décidé d'aller à sa rencontre à travers les mots. Parce que je dois dire qu'a priori je ne suis pas fana des polars made in France. La faute à Granger qui tortille mal la fin de ses bouquins à mon goût et que j'ai abandonné depuis quelques années.

La quatrième de couverture (que j'ai volontairement tronqué parce qu'elle en dit trop) me laissait craindre un truc un peu bateau. Mais bon, ayant aussi l'habitude des quatrièmre de couv et encore l'écho dans les oreilles des questions-réponses de l'interview de Karine Giebel sur France Info, je me suis dit que ça ne pouvait pas être aussi bateau que ça...

Autant vous dire que Jeanne, la presque-trentaine, secrétaire dans la Police, est une héroïne qui vous porte sur les nerfs. On n'arrête pas, au début, de se demander si plus cul-cul-la-praline ça se fait. C'est une femme tout ce qu'il y a de peu sûre d'elle. D'après ce qu'en dit son supérieur hiérachique, c'est en plus une belle femme. Mais Jeanne passe son temps à valse-hésiter, à faire le contraire de ce qu'elle voudrait faire, à monologuer dans sa tête. Les deux petites voix dans sa tête attirent rapidement l'attention du lecteur d'ailleurs. On se dit qu'elle a un problème, un grave problème, d'ordre psychiatrique. Et puis son comportement physique est parfois très étrange et effrayant. Alors quand un tueur qui met Marseille en émoi, se mêt à la harceler par lettres d'amour interposées  sur son trajet ferroviaire quotidien entre Istres et Marseille, on se dit que ça va réduire en miettes cette femme fragile. Parce que Jeanne est tout sauf bête. Elle a tout à fait conscience du danger mais elle a un problème, comme je le disais...

Karine Giebel s'attache à décrire le cheminement mental de son héroïne avec minutie, comment se met en place sa stratégie pour faire face à ce qui lui arrive. Mais comment Jeanne prend le mauvais chemin, jusqu'à la volte-face finale qui remet tout en question. L'inspecteur Esposito s'aperçoit qu'il a dans ses rangs quelqu'un de spécial, au comportement discret comme si elle voulait disparaître du décor. Mais en fait, il la remarque surtout pour son physique. Il découvre son passé...

En face d'elle Jeanne a tout simplement un psychopathe. Un fou qu souffle le chaud et le froid. Mais qui ne l'a pas toujours été dans cet état.

Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est que Karine Giebel montre comment un événement, dans le passé de ces deux personnages, a tout fait basculer. Comment des êtres fragiles basculent dans la folie. Et comment tout n'est pas aussi simple que ce que ça en a l'air au premier abord.

Le suspense vous tord les boyaux, j'ai rarement vraiment la trouille en lisant des thrillers, mais là, j'avoue que c'est vraiment oppressant et que j'ai stressé pendant la lecture !

En tout cas, un coup de coeur de mes lectures estivales !

 

 

5 septembre 2013

Envies de la rentrée littéraire 2013

Outre l'excellent Les évaporés, déjà chroniqué ici même, j'ai en fait cinq grosses envies concernant la rentrée littéraire 2013. Les voici, tout en images :

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soit 2 Irlandais, 1 Islandais, 1 Américain et 1 Ecossais.

En attendant, il me reste encore tout un tas de livres lus cet été à chroniquer... De la litté de jeunesse, un thriller danois et une belle surprise française....

 

31 août 2013

Gamines

 

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4e de couverture : " "Corinne : Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre de maman ?
Sibylle : J'ai volé une photo. Une toute petite photo.
Georgette : Voleuse ! Voleuse de maman !
Corinne : Tu lui ressembles tellement.
Sibylle : Celui qui porte le même nom que nous, c'est pas une photo ! C'est un homme !
Corinne : Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?"

Je connaissais Sylvie Testud en tant qu'actrice mais pas en tant qu'écrivain. J'avoue que j'étais sceptique... mais à tort ! Voici sans doute le roman français le plus drôle, le plus tendre et le plus émouvant, tout cela à la fois, que j'ai lu depuis des années. Parce qu'il faut bien le dire, les romans français bien souvent on a envie de se pendre à la fin de la lecture, même si ce n'est pas non plus tout à fait une généralité quand même. Même si Sylvie avertit qu'elle ne connait absolument pas les personnages de ce roman, on finit tout de même par déceler une veine autobiographique...

C'est l'histoire d'une famille monoparentale comme tant d'autres, d'origine italienne. Mais surtout les aventures de trois gamines délurées chacune à leur manière, avec une soeur aîné en guise d'Oreille en Coin. Mais dans la bande, c'est tout de même Sybille, soeur ainée de Georgette et cadette de Corinne qui détient la palme ! "T'as vu sa tronche ? On dirait une mortadelle". Avec des réflexions de ce style, le ton est donné pour le plus grand plaisir du lecteur. Dans cette famille, il y a un être mystérieux, un étranger tabou :"Il". Il n'occupe pas la scène de manière continue mais reste dans un coin de l'esprit des gamines. La seule chose qui les relie à lui est une photo.

Les années passent et on retrouve les gamines jeunes adultes (ce fut aussi une des suprises de la lecture). Sybille est une star, affublée d'un chien qui la promène plus qu'elle ne le promène. Et un miracle se produit...

Bref, un roman attachant et très divertissant, parfait pour une lecture de rentrée :  bonne humeur garantie ! Sylvie Testud, j'y reviendrai en cas de blues parce que c'est un sacré paquet de vitamines antidépresseurs !

Il y a un film tiré du roman mais je crois que je préfère m'en tenir à cette lecture. J'ai peut-être tort...

24 août 2013

Le confident

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4e de couverture : "Camille vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, elle découvre un étrange courrier, non signé. Elle croit d’abord à une erreur mais les lettres continuent d’arriver, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend qu’elle n’est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme. Dans ce premier roman sur fond de Seconde Guerre mondiale, Hélène Grémillon mêle de main de maître récit historique et suspense psychologique. Le confident a obtenu cinq prix littéraires et été traduit en dix-huit langues."

Intriguant. C'est le mot qui m'a poursuivie pendant toute la lecture de ce roman. A l'instar de Camille, éditrice enceinte et partie pour être mère célibataire, on se demande qui se cache derrière les lettres qu'elle reçoit et surtout qu'elle est le but de ce courier : un écrivain cherchant à attirer l'attention pour se faire éditer ? Quelqu'un de l'entourage de Camille ? Un ou une désaxé(e) ? Bon, j'avoue à mi-chemin j'ai deviné l'histoire un peu tordue qui se cachait derrière ces courriers.

Néanmoins, au-delà de ça, j'ai vraiment apprécié l'aspect documentaire sur la France de la Seconde Guerre mondiale et sur celle de juste avant. Par ailleurs, le roman retranscrit la pression sociale exercée sur les femmes n'ayant pas d'enfants : considérées comme suspectes (mais est-ce que cela a bien changé ?), notamment pendant l'entre-deux guerres où la démographie est en berne. Hélène Gremillon raconte les affres d'une femme stérile et ce qui la pousse, par désespoir à faire ce qu'elle a fait (et que je ne peux vous révéler sous peine de "spoiler", déjà que là je le fais à moitié !). C'est effrayant, c'est ce que je peux dire. Le poids de la culpabilité est également magnifiquement retranscrit. Et de la jalousie.

L'ambiance est assez glauque mais non moins prenante. Je n'ai eu aucune empathie pour les personnages. Mais le lecteur se laisse happer par ce roman à plusieurs narrateurs et ne peut le lâcher qu'à la toute dernière page. Pour un premier roman, c'est un coup de maître, assurément.

22 août 2013

Granny Webster

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4e de couverture : "Envoyée en convalescence au bord de la mer chez son arrière-grand-mère, une vieille dame acariâtre qui ne se déplace qu'en Rolls, vit comme à l'époque victorienne et évite toute émotion pour ménager son coeur, une jeune fille - qui n'est pas sans rappeler Caroline Blackwood - découvre peu à peu les secrets qui se cachent derrière les rideaux empesés de la luxueuse demeure... La description de cette grande famille irlandaise, avec une tante excentrique et suicidaire, une grand-mère un peu dérangée et une femme de chambre borgne, est d'une réjouissante noirceur."

Tout d'abord quelques mot sur l'auteure : "Caroline Blackwood est née en 1931 en Irlande du Nord dans le domaine familial de Clandeboye." Sa mère est l'héritière de la richissime famille anglo-irlandaise Guinness (oui, c'est bien une famille de l'Ascendancy anglo-irlandaise !). Je résume en disant qu'elle a eu une vie passionnante et bien remplie. Elle est décédée en 1996 d'un cancer. Great Granny Webster (titre original) a été publié en 1977 et fut sélectionné pour le fameux Book Prize. Mais Caroline a publié tout un tas d'ouvrage qui ne sont hélas pas publié en France. Et je dis tout de suite que c'est bien dommage !! Celui-ci est une réédition et c'est une excellente initiative de la part du Livre de Poche.

En effet, c'est tout juste un régal d'humour noir et d'ambiance victorienne gothique à souhait, bien que ça se déroule au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C'est une succession de portraits, tout plus excentriques les uns que les autres, mais chacun à leur manière. Tout d'abord la fameuse arrière grand-mère, lugubre à souhait, "délabrée et proche de la tombe" (du moins au premier abord), vivant à Hove, dans la banlieue de Brighton, dont la maison n'a pas respiré l'air du dehors depuis au moins l'ère victorienne (j'exagère à peine), servi par une unique domestique borgne. En fait cette archi-vieille vit dans son monde imaginaire, elle est limite autiste dans son comportement, ne sortant jamais, vivant en recluse sur son fauteuil, observant d'un oeil condescendant cette nouvelle génération qui profite des congés payés. Néanmoins, elle a, semble-t-il, à sa manière bien particulière, une forme d'affection pour son arrière petite-fille. Pour preuve de son amour, elle lui léguera un lit à baldaquin décoré d'un ananas. Ridicule à souhait. La vieille dame sera gothique jusque dans sa mort.... qui est un moment d'anthologie savoureux à la toute fin du roman.

Une large évocation est faite de la grand-mère Dunmartin, complètement fêlée, mais il faut dire que quand on a eu comme mère Madame Webster, il y a de quoi. Je reprocherai juste quelques longueurs dans l'évocation de cette grand-mère et du manoir usltérien Dunmartin dégoûtant à souhait et au-delà de l'imaginable.

Je ne vais pas vous raconter chacun des personnages mais je dois bien avouer que ce tout petit livre d'à peine 160 pages est un délice. Avis aux amateurs d'ambiance victorienne et d'humour noir.

 

 

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