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21 juin 2013

Rosie ou le goût du cidre - Une enfance dans les Cotswolds

 

 

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4e de couverture : "" Le thème de ce livre (une enfance à la campagne) était, dans sa banalité, redoutable à traiter. On attend au coin du bois l'odeur des foins, la pêche aux écrevisses et autres fariboles certainement enchanteresses, mais qui font vite bâiller. Rien de tout cela dans ce récit d'une pureté de ton et de langue prodigieuse : une langue qui reste
de bout en bout, comme celle de Colette, le parler d'un poète. Hors de nos frontières, deux livres seuls, pour tout, dire, accèdent à ce miracle : Vingt ans de jeunesse de Maurice O'Sullivan, qui raconte une enfance irlandaise dans les Blaskets et que Dylan Thomas comparait "à l'œuf tout frais pondu d'un oiseau de mer", et, sur un autre registre, Vertes demeures de W. H. Hudson, dont Conrad disait qu'il écrivait " comme l'herbe pousse". Compliment qui pourrait fort bien s'adresser à Laurie Lee en la présente occurrence. " (Patrick Reumaux)"

 Tout d'abord, pour celles et ceux qui l'ignoreraient (comme moi avant de commencer ce récit, j'avoue ! ) Laurie Lee est un écrivain, poète et scénariste anglais (1914-1997). Cider with Rosie a été écrit en 1959.

L'homme de lettres nous livre ici sa prime enfance, dans le sud ouest de l'Angleterre dans la région des Cotswolds, plus précisément dans la vallée de Slad. Nous sommes au début du XXe siècle, juste après la Première Guerre mondiale. Laurie Lee nous prévient : "Ce livre est une remémoration de la première enfance ; le temps en a peut-être déformé certains épisodes". Mais en fait, peu importe. L'écrivain procède ici non par ordre chronologique mais plutôt par thématiques formant chacune un chapitre du livre. Une manière originale d'aborder un récit d'enfance. Quelques-uns ont attiré mon attention plus que d'autres. Notamment lorsque Laurie évoque ses deux grands-mères dans le chapitre "Deux grands-mères dans les lambris" : il y décrit deux vieille dames fortes en caractères, que tout oppose et qui se détesteront cordialement jusqu'à leur mort. Elles sont pourtant tellement liées l'une à l'autre par le fil de la discorde que la mort de l'une emportera l'autre !

"Grand-mère Trill et Grand-mère Wallon étaient deux vieilles ennemies vivant chacune sur les nerfs de l'autre". "Elles communiquaient à coups de sabots et de balai, sautant sur le sol et frappant au plafond."
"Grand-mère Trill avait un curieux sens du temps, qui paraissait obéir à un modèle dépassé. Par exemple, elle prenait son petit déjeuner à quatre heures du matin, déjeunait à dix, prenait un thé à deux heures et demie de l'après midi et se mettait à nouveau au lit à cinq heures."

Ces deux grands-mère sont attachantes de drôlerie, presque des personages de BD. Et quand Laurie Lee n'évoque pas sa famille (qui occupe évidemment une bonne partie du livre), il brosse une peinture magnifique de sa vallée dans les Costwolds :

"L'hiver, pas plus que l'été, n'était typique dans notre vallée, ce n'en était même pas le contraire. C'était simplement autre chose.(...)
- Fait mortel, dehors ! dit le laitier. Les freux sont après les moutons. Les cygnes gèlent sur le lac ! Et les mésanges tombent raides mortes en plein vol!"
"C'était un monde de verre, étincelant et immobile. Les brumes avaient gelé tout autour des arbres, les transformant en pains de sucre. Tout était raide, bouclé, scellé, et quand nous respirions, l'air avait une odeur d'aiguilles, nous piquaient les narines et nous faisait éternuer. (...) Sous le soleil faible et bas, les champs lointains étaient recroquevillés comme des huîtres."
"Le ciel s'était éclairci et des ruisseaux d'étoiles déferlaient dans la vallée jusqu'au Pays de Galles."

Mais l'été, "étourdi de senteurs et d'abeilles, le jardin partout brûlait de chaudes fleurs blanches, chacune d'une si aveuglante incandescence qu'elles faisaient mal aux yeux quand on les regardait.
Les villageois prenaient l'été pour une sorte de punition. Les femmes , qui ne s'y habituèrent jamais, déversaient des seaux d'eau dans les chemins, enlevaient la poussière en marmonnant, tandis que couvertures et matelas pendaient comme des langues aux fenêtres et que les chiens, babines pantelantes, s'abritaient sous les citernes à eau de pluie."

Enfin, le village du tout jeune Laurie est peuplé de personnages tout à fait étranges : Charlie-Trognon-de-Chou, Albert-le-Diable, Percy-de-Painswick ou Willy-le-Poiscaille... Tout un monde !

L'écriture de Laurie Lee m'a vraiment enchantée, par sa poésie mais aussi sa touche d'humour. J'ai lu le livre en version française dans une traduction remarquable. Par contre, j'ai, étrangement, eu du mal à m'attacher aux personnages qui peuplent le village (mis à part les grands-mères) et même à l'écrivain enfant.

Une lecture en demi-teintedonc, mais récit à découvrir malgré tout. Il constitue le premier volume d'une trilogie dont Un beau matin d'été (1969) et Instants de guerre (1991) constituent la suite de la vie de l'écrivain. J'avoue que le deuxième volume me tente...

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Lu dans le cadre du Mois anglais organisé par Lou et Titine

 

 

 

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18 janvier 2013

Jane Eyre

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Tout d'abord, pas franchement évident de parler d'un tel classique, ô combien connu - mais qui cependant manquait jusqu'à présent à ma culture - sans dire des horreurs, des énormités, des contresens etc. Néanmoins, ce joli pavé de plus de 700 pages m'a engloutie pendant mes vacances de Noël et aussi beaucoup divertie.

Autant dire qu'il ne s'agit pas que d'une "bluette" entre une jeune fille de 18 ans employée comme gouvernante, et le maître des lieux, le fameux Mr Rochester. C'est surtout le combat d'une femme pour son indépendance et sa liberté. Jane est orpheline, maltraitée par sa tante et ses cousins. Parce qu'elle se rebiffe, on l'envoie dans une école rigoriste où elle finira par devenir enseignante avant de décider de quitter les lieux pour connaître le "monde". Elle publie une annonce pour un emploi de gouvernante... La suite, tout le monde la connaît dans ses grands traits.
Dans ce roman Charlotte Brontë promène beaucoup son lecteur dans la campagne anglaise et son écriture évoque avec beaucoup de délicatesse la nature environnante. Mais le contrepoids, en quelque sorte, est néanmoins la touche "gothique" qui hante sa prose. Pour qui ne le saurait pas, il se passe de drôles de choses au manoir de Thornfield : des flammes surgissent, un visage qui n'a pas grand chose à envier à ce qui pourrait être un descendant de Dracula fait son apparition et vous tient en haleine pendant un certain temps, jusqu'à la résolution du mystère. Un zeste d'humour dans la description de la "chose" d'ailleurs !

Si j'ai trouvé Jane Eyre très "moderne" dans sa thématique sur l'indépendance féminine, j'avoue toutefois que, parfois, les longues imprécations à Dieu qui imprègnent entre autres ses monologues intérieurs mais aussi ses dialogues avec Rochester et puis Saint-John Rivers (parce qu'il n'y a pas que Rochester dans la vie !) m'ont un brin saoulée. Mais Charlotte Bontë étant fille de pasteur, on comprend que son roman soit teinté de protestantisme anglican... Par ailleurs, j'ai trouvé certaines coïncidences un peu trop "énormes" pour être tout à fait crédibles.

Mais ce sont bien les deux seuls reproches que je peux faire à ce roman, parce que le reste est vraiment génial. Quelques jours ont passé avant que je parvienne à commencer la lecture d'un autre roman.

 

 

14 août 2012

Un jour

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4e de couverture : "15 juillet 1988. Emma et Dexter se rencontrent pour la première fois. Tout les oppose, pourtant ce jour marque le début d'une relation hors du commun. Pendant vingt ans, chaque année, ils vont se croiser, se séparer et s'attendre, dans les remous étourdissants de leur existence. Un conte des temps modernes où la splendeur d'aimer a fait chavrier le monde entier"


J'avais quelques réticences avec ce roman à la couverture et à la 4e de couverture un peu trop "too much". Je n'ai pas vu le film d'ailleurs. Mais j'ai lu sur quelques blogs que c'était plus qu'une gentille bluette et qu'il y avait une étude de la société anglaise etc. Je me suis laissée convaincre par ce dernier argument. Je m'attendais un peu à un truc à la Jonathan Coe.

J'ai été un peu déçue parce que ce n'est pas vraiment le cas. Les deux personnages sont certes opposés par leur milieu social. Dexter est dans le rôle du beau gosse fils à papa, riche, qui parvient au sommet sans trop se fatiguer. Mais, comme il se doit dans son rôle de bourgeois de belle famille, il se drogue et il picole un max. Emma est d'un milieu modeste et trime pour s'en sortir. Elle gravit peu à peu les échelons de la société avec succès, pendant que son copain prend le chemin inverse. Voilà pour l'étude sociale du roman. Ca ne sort pas trop des clichés habituels.

Reste que ce roman est très bien écrit, se lit très facilement. Emma est un personnage émouvant, Dexter est à claquer.
Reste que la fin est surprenante et qu'on se dit : "Enfin quelque chose qui sort de l'ordinaire !"
Reste qu'on passe quand même un bon moment avec ces deux-là parce qu'il y a pas mal d'humour dans le livre !

Donc, voilà : une bonne lecture de vacances même si mon avis sur la qualité de ce roman reste un peu mitigé et indécis...

 

 

 

 

1 mai 2012

Une si longue histoire

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4e de couverture : " Sur les conseils de son fils imprimeur, July entreprend le récit de sa vie en Jamaïque, en ce XIXe siècle qui voit l'abolition de l'esclavage. Née sur la plantation Amity, elle est la fille d'une "esclave des champs", travaillant dans les pièces de canne à sucre. La soeur du planteur, Caroline Mortimer, tout juste débarquée d'Angleterre, s'attendrit sur cette petite négresse et l'arrache à sa mère..."

J'écourte le résumé du livre de l'éditeur qui raconte toute l'histoire ! Ce qui est sur, c'est que ce roman ne conte pas une histoire d'amour mais une abomination ! Il décrit avec brio tout l'infâmie d'une époque, pas si lointaine (l'histoire se situe au début du XIXe siècle) où certains êtres humains avaient la certitude que d'autres êtres humains étaient inférieurs à eux. Cette histoire se déroule sur une île des Antilles qui appartenait alors à l'Angleterre (par ailleurs si puritaine et bien pensante...) mais elle aurait parfaitement pu se dérouler sur une île des Antilles françaises.

Pourtant, July, aujourd'hui vieille femme, raconte l'Enfer de la plantation d'Amity sans pathos et même avec beaucoup d'humour parfois. Elle était une jeune femme au caractère bien trempé mais également très intelligente, sachant parfois manipuler sa "missus", Caroline Mortimer. Elle a parfaitement compris que celle-ci a peur des Noirs mais surtout qu'elle est infiniment seule (parce que son frère meurt rapidement dans l'histoire) et qu'elle a besoin de ses esclaves pour faire tourner sa plantation. Donc, contrairement aux apparences, c'est également parfois l'esclave qui a pouvoir sur sa maîtresse.

Cette femme blanche n'étant même pas capable de comprendre pourquoi son esclave domestique s'appelle July ("juillet", en anglais), elle va jusqu'à la rebaptiser Marguerite... Cela montre toute la bêtise de Caroline, mais aussi toute sa méchanceté profonde : tout au long du roman, July raconte comment celle-ci n'aura de cesse de la démunir de tout, mais vraiment de tout (je ne peux pas révéler le pire du pire qu'elle parvient à faire), en partie pour se venger. Parce que July est aussi une très belle femme, ce qui n'échappera pas à l'oeil d'un certain Robert Goodwin, Anglais, fils de pasteur, tiraillé entre ses principes anglicans, le "qu'en dira-t-on" et son désir pour July... Seulement voilà, sur l'île la tentation, où tout le monde essaie de manipuler tout le monde, ça donne parfois des choses étranges.

Andrea Levy n'épargne pas le racisme entre esclaves, celui où les quaterons (métis de métis), se sentent supérieurs aux Noirs. Un piège dans lequel tombera July, qui clame haut et fort qu'elle n'est pas noire mais mulâtre (ce qui est vari car elle née d'un père écossais, même si elle est noire comme l'ébène). L'écrivain soulève ici la quête d'identité des personnages esclaves, qui, pour se sentir exister, en viennent parfois à être aussi odieux que leurs maîtres. Mais elle y dénonce surtout avec brio toute l'hypocrisie d'une société anglaise, bien-pensante, qui en proclamant l'abolition de l'esclavage, fera tout pour mettre les anciens esclaves à terre.

On adore July dans ce livre, qui interpelle constamment le lecteur en expliquant qu'elle n'est pas douée pour raconter sa vie. Mais aussi, parce que c'est un personnage pudique, elle réécrit certains passages, édulcore la réalité parce qu'elle a honte, ce qui met son fils Thomas, imprimeur, en rage. Donc July reprend sa plume pour rétablir la vérité.

Le roman se termine par la voix de Thomas, qui lance au lecteur un avis de recherche sur sa demi-soeur Emily,  tout en le mettant cependant en garde : "En Angleterre, la découverte de sang noir dans une famille n'est pas toujours accueillie avec joie."

En cette période de présidentielle qui a vu ressurigir l'Immonde et le Puant, je dirai que c'est un roman à mettre entre certaines mains, de toute urgence.

Sur ce, je vous souhaite un très bon 1er-Mai !

 

 

 

 

 

2 janvier 2012

La bonté, mode d'emploi

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4e de couverture : "La quarantaine passée, fatiguée par son métier harassant de médecin et un mariage qui a perdu toute saveur, Kate décide de demander le divorce. Dans l'espoir de la retenir, David, son mari, va alors changer radicalement : renouant avec ses idéaux de jeunesse, l'homme irascible devient un modèle de bonté, prêchant la redistribution des richesses et recueillant des SDF. Déstabilisée par ce changement soudain et ces initiatives aussi généreuses que maladroites, Kate se retrouve face à une situation inédite et explosive... À partir de quand est-on quelqu'un de bon et jusqu'où peut-on aller pour le rester ? Dans cette comédie aux mille facettes, Nick Hornby tacle le politiquement correct et interroge ce qui fait la solidité d'un couple."

J'ai eu un tout petit peur avec ce roman dans les premières pages de tomber dans les grosses ficelles de la comédie de moeurs  pur jus, avec mari, femme, maîtresse et amants. Mais heureusement, j'ai vite été rassurée !

Katie, médecin, s'ennuie avec son mari peu attentionné. L'occasion faisant le larron, elle prend un amant, mais un peu par hasard auss sans trop savoir pourquoi, pour se morfondre de remords ensuite, d'autant qu'elle a quand même annonc au dit mari, sur un parking désert de Leeds, et par téléphone portable, qu'elle voulait divorcer.... Bref, Katie est un personnage qui se sème des embûches toute seule.

Or, David, le mari, fait la rencontre d'un drôle de type, disant s'appeler GoodNews, qui le débarasse d'un affreux mal de dos et d'un affreux mal de tête avec le seul pouvoir de ses mains qui deviennent chaudes... Le truc c'est que la personnalité de David devient totalement opposée à ce qu'elle était avant son passage chez GoodNews. Il devient absolument le Bien personnifié. Katie, évidemment, ne le reconnaît plus, se demande s'il joue une comédie etc. Et le lecteur aussi. Ca se complique quand David demande à ce que GoodNews puisse habiter avec eux et surtout quand il décide, parce qu'il est maintenant Bon et Indigné par la pauvreté qui l'entoure, d'organiser une opération destinée à rendre le quotidien un peu meilleur aux SDF : persuader les habitants de sa rue d'en heberger un !
On se dit que Katie va craquer : en effet, elle est totalement au bord du craquage ! Mais à part s'exiler à mi-temps dans le studio d'une copine sans même que ses enfants le sachent et râler encore et toujours, elle ne décide rien ! Pourtant son mari est franchement agaçant et ce GoodNews encore plus. Quant à ses enfants, ils sont atroces !!

On retrouve ici un Nick Hornby à l'humour grinçant à l'anglaise, qui fait mouche. Il peint là un portrait féroce (même si sans surprise)  de la société petite-bourgeoise anglaise, ne fréquentant que le même cercle de comptes bancaires et de niveau d'imposition sur le revenu que le sien, rouspétant contre ces foutus politiques, tout en fermant les yeux sur le reste du monde qui les entoure. Tous les personnages sont énormes, tellement ils sont agaçants !!

Certes un roman qui joue sur des grosses ficelles mais qui atteint son but : distraire. On ne s'ennuie pas ! Je ne dirai pas que ce roman est le meilleur de Nick Hornby puisque j'ai quand même préféré Juliet, Nacked.



Lu dans le cadre du mois anglais, organisé par Lou, Cryssilda et Titine

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15 décembre 2011

Tant que brillera le jour

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Ah, ah ! A chaque fois que j'ouvre un Christie, je me demande si je vais ressentir la même émotion et la même admiration sans bornes pour cette grande dame anglaise du crime que lorsque j'étais adolescente... Eh bien, le suspense ne va pas être haletant pour la réponse : YES !

J'ai choisi de débuter le Mois anglais organisé par Cryssilda, Titine et Lou avec, non pas un roman policier mais un recueil de nouvelles écrites dans les années 20-30. Et si, déjà avec ses polars, je me suis toujours éclatée, la forme littéraire de la nouvelle n'a fait que redoubler ma jubilation : il s'agit là tout simplement de petits bijoux : un concentré de suspense et d'action.
Et, chose intéressante dans cette édition du Livre de poche, une postface explique et resitue ces neuf nouvelles dans l'oeuvre de l'écrivain.

J'ai eu la belle surprise de croiser Hercule Poirot dans deux d'entre-elles (Une aventure de Noël, qui préfigure la nouvelle Christmas Pudding publié dans les années 60 et Le mystère du bahut de Bagdad).Comme le remarque "le petit homme" dans Le mystère du bahut de Bagdad (le narrateur nomme parfois le grand déctive belge de cette manière), les "petites femmes aux airs de sainte nitouche... ce sont des dangers publics" !

C'est en effet ce que l'on constate à plusieurs reprises dans ce recueil : dans Le point de non retour, l'héroïne se venge d'une bien méchante et perfide manière de sa concurrente, mariée à son amour de toujours en ayant l'air de ne pas y toucher... Et dans Le dieu Solitaire, une nouvelle que Christie jugera plus tard un "sentimentalisme regrettable" (à tort!), la belle n'est pas si clair que ça, en fait !

Seulement, Agatha Christie reste à tout jamais la reine des retournement de situation au moment où l'on ne s'y attend plus, et sans que cela paraisse abracadabrant ! Comme dans ses romans, elle se joue ici du lecteur avec une aisance qui force l'admiration et parfois une bonne dose d'humour "so english" !

Parmi ces neufs nouvelles, j'ai particulièrement apprécié La maison des rêves (qui frôle avec le fantastique), La comédienne, Le point de non-retour, Le dieu solitaire, Le mystère du bahut de Bagdad et Tant que brillera le jour.
Celle que j'ai le moins appréciée est En dedans d'une muraille.

En conclusion : encore une belle lecture d'hiver, parce que, avec Agatha Christie, on est vite pris d'une frénésie de tournage de pages compulsif !

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Cette lecture est aussi la deuxième dans le cadre du challenge Agatha Christie organisé par George

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8 janvier 2011

L'indésirable

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Le docteur Faraday, médecin d'une quarantaine d'années, issu d'un milieu modeste, est appelé par hasard dans le manoir où sa mère était domestique quand il était enfant, trente ans auparavant, et où avait lieu tous les ans la fête de l'Empire qui réunissait toute la noblesse du coin . Mais Hundreds Hall n'a plus la splendeur d'autrefois. C'est à présent une demeure délabrée où survit la famille Ayres, ou du moins ce qu'il en reste : la mère et ses deux enfants d'une vingtaine d'années, Caroline et Roderick, ainsi que le vieux chien Gyp. D'emblée, Betty, 14 ans, la toute jeune domestique de la maison pour qui il a été appelé, informe le docteur Faraday que la maison a quelque chose d'étrange qui l'effraie, qu'elle est froide, lugubre, malsaine. Hundreds Hall a en effet vu mourir son propriétaire et avant lui la première fille de la famille, Suzann. Roderick, le fils, est revenu de la guerre avec des troubles mentaux et une jambe abîmée que le docteur Faraday tentera de soigner. Faraday, dont on ne connaitra jamais le prénom, va ainsi lier des liens d'amitiés avec les Ayres et être le témoin impuissant de leur lente agonie. Au fur et à mesure, des phénomènes étranges se multiplient, mettant à mal le cartésianisme de la famille, sans pour autant ébranler celui de Faraday. Le lecteur oscille sans cesse entre ce que pensent les habitants du manoir (il est hanté) et l'avis du médecin qui est tout autre (même si à la fin il hésite dans son dernier verdict).

Sarah Waters, dans ce roman, flirte avec le fantastique sans toutefois franchir vraiment le pas. Elle laisse le lecteur se faire un avis sur la question. Elle reprend les codes du roman gothique victorien pour raconter l'agonie d'une famille noble incapable de s'adapter au monde moderne et hantée par ses fantômes jusqu'à la folie. Les personnages sont tous très attachants. Caroline est une jeune femme très forte et indépendante, mais également très attachée à son rang social : elle refusera le mariage avec Faraday, le modeste médecin de campagne, lui reprochant justement de se voir déjà comme châtelain. Ce qui n'est pas faux. Car on finit par se demander si Faraday est amoureux de Caroline ou de la maison, et si ce n'est pas plus ce qu'il deviendrait en épousant Caroline qui l'intéresse (ses "relances" auprès de Caroline finissent par agacer).

Sarah Waters parvient à merveille à envoûter le lecteur. Cependant, je suis un peu restée sur ma faim parce que j'ai le sentiment qu'elle abandonne parfois un peu trop facilement les pistes qu'elle ouvre (pourquoi le chien a mordu l'enfant ?, pourquoi y avait-il des traces de brûlures au plafond ?) et parfois on frôle l'invraisemblable (l'attitude des bonnes qui vont jusqu'à préparer la gamelle du chien et se demandent où il est passé avant de se rappeler qu'il a été euthanasié!). Un livre qui emprunte certes à Poe, Hoffmann, Brontë et tant d'autres, (j'ai pensé au Horla de Maupassant, pour le personnage de Roderick), mais sans vraiment aller plus loin dans la réflexion. Ce roman est donc une lecture plaisir, avec parfois quelques longueurs (je me suis parfois un peu ennuyée trouvant que le récit piétinait). On passe toutefois un bon moment et ça se lit très facilement, malgré les 700 pages.

C'est le premier roman que je lis de Sarah Waters. J'ai Du bout des doigts dans ma PAL, qui m'a l'air tout à fait différent.

Voir aussi les avis d'Ankya, de Liza Lou, d'Anyuka et d 'Aurore.

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28 décembre 2010

Avec vue sur l'Arno

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4e de couverture : "Lucy Honeychurch n'aurait jamais pu partir à la découverte de l'Italie comme toute jeune Anglaise de bonn famille sans la surveillance d'un chaperon zélé, sa cousine Charlotte. A leur arrivée à Florence, les deux voyageuses constatent avec dépit que la chambre qui leur a été réservée n'a pas de vue sur l'Arno. En violation de toutes les convenances, deux inconnus, M. Emerson et son fils George, leur proposent de leur échanger la leur qui, elle, donne sur le fleuve. L'attitude cavalière de George envers Lucy et le peu de résistance qu'elle lui oppose poussent Charlotte à décider d'abréger leur séjour. Mais le hasard va de nouveau réunir les Emerson et les Honeychurch, en Angleterre cette fois... Un roman délicieux sur l'éveil des sentiments et le poids des conventions sociales par un des maîtres de la littérature anglaise."

S'il y a des personnages que l'on a vraiment envie de "claquer" du début à la fin, c'est bien cette vieille fille de Charlotte qui a un avis sur toutes choses et, de préférence, à la place des autres, en particulier, évidemment, de sa cousine Lucy. On ne peut lui trouver aucune qualité, mais bien que de l'hypocrisie (la fin du roman est d'ailleurs édifiant à son égard). L'autre personnage très agaçant et Cecil, le fiancé de Lucy. Il n'a pas encore compris que penser à la place des gens, et surtout des femmes, ne va pas beaucoup l'aider.
Quant aux Emerson, ils sont "excentriques" au regard de leur époque. Ils ne réflèchissent pas aux conventions, ils font ce qui leur semble bien. En particulier George, franchement impulsif ! Toute l'intrigue reposant sur ce fameux baiser volé à Lucy au milieu d'un pré de violettes.

Si j'ai eu quelque peu de mal à entrer dans l'histoire pendant les deux premiers chapîtres, je me suis totalement laissée emporter pas les pages suivantes. J'ai beaucoup apprécié l'ironie très sarcastique de E. M. Forster, son  humour (et je pense qu'il faut relire le livre une fois terminé car la narration est riche, dense et laisse sans doute échapper des choses). De l'originalité dans la narration elle-même où le narrateur commente l'attitude des personnages.

Cela faisait un moment que je souhaitais découvrir cet auteur, et en particulier ce roman,  dont je n'ai lu quasiment que de bonnes critiques. C'est chose faite et j'ai eu de la chance car l'ouvrage n'est plus édité en France, ce qui est assez incompréhensible. On le trouve cependant d'occasion (mais à un prix déraisonnable) ou dans les bonnes bibliothèques. Je ne sais pas si c'est également le cas pour ses autres roman, mais j'espère que non, car j'ai l'intention des les découvrir, en particulier Sur la route des Indes.

26 octobre 2010

Juliet, naked

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4e de couverture : "A Gooleness, petite station balnéaire surannée du nord de l'Angleterre, Annie, la quarantaine sonnante, se demande ce qu'elle a fait des quinze dernières années de sa vie... En couple avec Duncan, dont la passion obsessionnelle pour Tucker Crowe, un ex-chanteur des eighties, commence sérieusement à l'agacer, elle s'apprête à faire sa révolution. Un pèlerinage de trop sur les traces de l'idole et surtout la sortie inattendue d'un nouvel album, Juliet, Naked, mettent le feu aux poudres. Mais se réveiller en colère après quinze ans de somnambulisme n'est pas de tout repos ! Annie est loin de se douter que sa vie, plus que jamais, est liée à celle de Crowe qui, de sa retraite américaine, regarde sa vie partir à vau-l'eau... Reste plus qu'à gérer la crise avec humour et plus si affinités... "

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : ce livre est très reposant par son humour, pourtant corrosif. Les personnages sont des nazes, de vrais gamins quand on y regarde de plus près. Surtout Ducan, l'ami puis "ex". En effet, sa vie est tellement vide de sens que le seul sens à sa vie est de connaître dans les moindres détails la vie d'un obscur chanteur ayant arrêté de chanter depuis 20 ans, Tucker Crowe, et d'en faire un génie arrêté en pleine gloire via son site Internet. Surtout que, du coup, il n'a pas grand chose à dire sur lui... Annie est sans doute un personnage qui s'interroge davantage sur le sens de sa vie, justement, à 40 ans sonnant et trébuchant, sans enfant, responsable d'un musée où elle est chargée de monter une expo sur le trou perdu où elle et Duckan habitent, une station balnéaire,  Gooleness (à ne pas confondre avec Goodness), dont l'apogée aurait été atteinte en 1964. Seulement voilà, à part un oeil de requin dans un bocal, elle n'a pas grand chose à exposer, n'en déplaise au maire. 

Nick Hornby prend ici un malin plaisir à démonter le "fanatisme", surtout celui de "variété"  et à déglinguer, au fur et à mesure, sous les yeux du lecteur, le soi-disant mythe, pilier de la raison de vivre de Ducan. Je ne peux pas en dire plus sous peine de révéler la supercherie mais franchement, c'est tordant .

En fait, le seul qui a l'air d'être un adulte dans cette histoire, c'est le fils de Tucker Crowe, Jackson, six ans. Son personnage est un brin invraisemblable, mais c'est pour mieux faire ressortir l'immaturité des adultes de ce roman.

C'est le premier roman que je lis de Nick Hornby, et je dois dire qu'il m'a bien détendue et surpris par l'intelligence cachée derrière un humour qui, au premier abord, pourrait paraître inoffensif. Une force tranquille.

5 juillet 2010

La reine des lectrices

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4e de couverture : "Que se passerait-il outre-Manche si Sa Majesté la Reine se découvrait une passion potin la lecture? Si, d'un coup, rien n'arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu'elle en vienne. à négliger ses engagements royaux? C'est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les soeurs Brontë, Jean Genet et bien d'autres défilent sous l'oeil implacable d'Elizabeth, cependant que le monde so British de Buckingham Palace s'inquiète. Du valet de chambre au prince Philip, tous grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l'implacable protocole de la maison Windsor. Un succès mondial a récompensé cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture."

Deux questions bizarroïdes que je me suis posées en refermant ce livre : "Et ce que la Reine a lu le roman ? Et si oui, qu'en a-t-elle pensé ?" :p.

Un joli petit roman (122 pages) qui ne donne pas mal à la tête et qui ne peut que plaire à tous les lecteurs assidus qui se reconnaîtront.

benn250108_13912tLorsque Sa Majesté découvre le plaisir de lire, c'est tout le protocole qui est ébranlé. Des stratagèmes diaboliques se mettent en place pour tenter de détourner la vieille dame (79 ans bien sonnés) de sa passion toute nouvelle pour la lecture : détournement de caisses de livres de leur trajectoire lors d'un voyage officiel au Canada, disparition mystérieuse de Norman Seakins, son "coursier" de lecture, qu'elle a débauché des cuisines tout exprès. Bref, Sir Kévin et le 1er ministre sont épouvantables...

On sourit très souvent à la lecture de ce roman :

"Si Sa Majesté avait dû elle-même faire les courses, préparer les repas ou - plus inconcevable encore - passer l'aspirateur et la serpillère, la famille n'aurait guère tardé à percevoir une baisse de qualité sensible concernant ces diverses prestations domestiques."  Hum !!

Rappelez vous :les femmes qui lisent son dangereuses ! :p Et la Reine va jusqu'au bout de ses idées à la fin du roman...

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