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Mille (et une) lectures

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6 avril 2010

Le testament caché

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4e de couverture : "Roseanne McNulty a cent ans ou, du moins, c'est ce qu'elle croit, elle ne sait plus très bien. Elle a passé plus de la moitié de sa vie dans l'institution psychiatrique de Roscommon, où elle écrit en cachette l'histoire de sa jeunesse, lorsqu'elle était encore belle et aimée. L'hôpital est sur le point d'être détruit, et le docteur Grene, son psychiatre, doit évaluer si Roseanne est apte ou non à réintégrer la société. Pour cela, il devra apprendre à la connaître, et revenir sur les raisons obscures de son internement. Au fil de leurs entretiens, et à travers la lecture de leurs journaux respectifs, le lecteur est plongé au coeur de l'histoire secrète de Roseanne, dont il découvrira les terribles intrications avec celle de l'Irlande. A travers le sort tragique de Roseanne et la figure odieuse d'un prêtre zélé, le père Gaunt, Sebastian Barry livre ici dans un style unique et lumineux un roman mystérieux et entêtant."

Attention pépite ! J'ai englouti ce livre en quelques jours, littéralement prise par la spirale infernale de l'Histoire de l'Irlande et du destin particulier de Roseanne Clear.

A priori, en ouvrant ce livre, je m'attendais à une thématique pure sur les "Magdalen Sisters", fait social irlandais que le cinéaste Peter Mullan a rendu célèbre aux yeux du public par le film éponyme. Or, si le roman de Sebastian Barry aborde sans conteste ce fait, il va beaucoup plus loin en montrant à travers le destin personnel de Roseanne, comment l'Histoire du pays ont eu un impact direct sur la vie personnelle.

Le lieu où est enfermée l'héroïne depuis soixante ans est en fait peu présent dans le roman (contrairement au film de Peter Mullan qui s'attardent plus à montrer le sadisme des religieuses à l'égard de leurs pensionnaires). Ici le récit s'échappe hors les murs, à Sligo où elle a grandi, mais aussi dans le village reculé Strandhill et sa plage. C'est l'Irlande du mont Ben Bulben, du mont Knocknarea qui abrite le tombeau reine Maeve, d'une Irlande pétrie de secrets, de légendes, de mystères. Mais aussi d'Histoire. Et c'est là que Sebastian Barry plante le décor et promène le lecteur, ne le ramenant dans les murs de l'hôpital psychiatrique de Roscommon que de brefs instants.

Sebastian Barry laisse la parole alternativement à la vieille dame centenaire (qui d'ailleurs n'est plus très sûre de son âge) et à son médecin psychiatre, le docteur Grene, veuf, qui a beaucoup d'affection pour elle. Roseanne entreprend d'écrire ses mémoires ou plutôt un "témoignage sur elle-même" alors que l'hôpital psychiatrique de Roscommon où elle enfermée depuis 1957 va être détruit. Il y a donc urgence. Et parce qu'il y a urgence, le médecin doit enquêter sur la vie de ses patients pour savoir s'ils sont aptes au retour à la vie "civile" ou non. Mais cela semble une question vaine, un prétexte à bien autre chose quand, comme Roseanne, on est centenaire et que votre vie a été rayée de la société des hommes.

Par l'écriture, Roseanne tente donc de se réapproprier sa vie. Et le carnet du docteur dévoile peu à peu son enquête sur sa patiente, (mais aussi sur lui-même), sur les écrits que le Père Gaunt a laissé sur elle : des écrits qui, a priori, parraissent un peu trop "soignés" pour être totalement exacts. Car Le testament caché n'est pas une enquête sur la vérité d'exactitude des choses mais sur la mémoire, sur une "vérité utile",  sur la manière dont chacun peut interpréter des événements qui se sont déroulés, soixante ans auparavant, dans les années 20, dans une Irlande malmenée par l'Histoire (notamment la guerre civile engendrée par l'avènement de l'Etat libre), où l'Eglise catholique joue un rôle sans cesse grandissant dans la société, s'immiscant sans complexe dans la vie privée des gens."Dans une large mesure, Roseanne et le Père Gaunt se sont tous deux montrés aussi sincères qu'il leur était possible, compte tenu des caprices et des ruses de l'esprit humain" remarque le docteur Grene.

Sans cesse Roseanne est accâblée dans sa destinée par une Eglise et une société étriquées, bien plus soucieuses du "qu'en dira-t-on" que du bonheur individuel.Mais le destin lui révèle cependant bien des surprises et au lecteur aussi ! Si l'on se demande tout au long du récit pourquoi Roseanne a été internée et que l'on s'en doute, on se demande surtout QUI est coupable de cette infâmie. Ce n'est pas celui qu''on croit. Je n'en dis pas plus si ce n'est qu'on ne le découvre qu'à la fin, avec plusieurs surprises de taille qui m'ont de ce point de vue-là laissée un peu perplexe !

Roseanne et le docteur Grene sont deux personnages vraiment attachants, émouvants et pétris d'humanité. On les laisse avec regret. J'ai vraiment passé un très bon moment avec Le testament caché qui est le premier livre que je lis de cet écrivain irlandais, de père britannique et de mère irlandaise, considéré comme l'un des meilleurs de sa génération. Il puise l'inspiration de ses romans dans l'histoire personnelle de sa famille et le personnage de Roseanne lui a été inspiré par une de ses grande-tantes, semble-t-il. On retrouve ici le personnage d'Eneas McNulty, qui semble être le même que celui des Tribulations d'Eneas McNulty (paru chez 10/18).

Je remercie très vivement  alapage

de m'avoir permis de le découvrir cet écrivain ! Le testament caché a obtenu le Prix Costa Book of the Year en 2008 et en 2009 le Prix Hughes and Hughes Irish Novel of the Year. Et je trouve que c'est amplement mérité !

Voir aussi l'avis de Keisha et de Pascale grâce à qui j'ai découvert le livre .

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5 avril 2010

Grand prix littéraire des lectrices

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Les inscriptions pour candidater comme jury du Grand Prix littéraire des lectrices de Elle pour 2011 sont ouvertes !
Pour tenter votre chance, voir le lien ici.

J'ai postulé sans me prendres la tête. On verra bien.

Par ailleurs, j'ai pris connaissance de l'affaire qui secoue la blogosphère littéraire depuis samedi et je tiens à apporter tout mon soutien à Cynthia qui a été insultée, très bassement traitée de "pétasse" et j'en passe, par un homme qui se dit écrivain, mais qui oublie un peu vite que s'il existe c'est grâce à ses lecteurs. En tout cas, vu les propos de l'individu et son mépris, qu'il ne compte pas sur moi pour un jour acheter un de ses livres...

Sur ce, je vous souhaite un très bon Lundi pascal :)

27 mars 2010

Park Life

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4e de couverture : "Ce petit roman est une bouffée d'air pur dans la vie affairée et raisonnable des citoyens du XXIe siècle que nous sommes. Un air venu du parc de Hibiya à Tôkyô, où l'on pénètre sur les pas d'un jeune employé légèrement excentrique, et soudain " l'exhalaison de terre et d'herbe vous chatouille les narines ". Là, il croise une triathlonienne consommatrice de bains moussants. rencontre un vieil homme qui fait voler un capricieux aérostat rouge, rêve, médite, s'exerce à chambouler la perspective pour voir le monde autrement. Il arrive que s'y nouent des idylles, à peine plus tangibles que le bruissement des pigeons qui s'envolent. Ce récit a le charme des parenthèses qui s'ouvrent parfois dans la vie pour laisser entrer l'enchantement, comme un léger vertige teinté de déraison. La ville n'est pas loin, les buildings cernent l'horizon, mais dans cet espace clos et protégé, se jouent les menues aventures qui donnent son goût unique à l'existence, la petite musique d'un grand parc au cœur d'une immense capitale.Park Life a été couronnée en 2002 du prix Akutagawa, le Goncourt japonais."

Très franchement, je ne suis pas d'accord avec la 4e de couverture : pour moi ce livre a été tout sauf une bouffée de fraîcheur. La lecture m'a laissé perplexe, interrogative. C'est la littérature asiatique telle que je la redoute. Je ne vois pas où l'auteur veut en venir.

Le narrateur croise dans un parc une jeune femme, lui-même habite en face de chez lui dans l'appartement d'un couple qui ne vit jamais ensemble où il garde leur singe. La mère du narrateur pendant ce temps là squatte chez lui. Trop passionnant tout ça... Bref, je regrette de m'être laissé tenter par ce livre, incapable de comprendre Yoshida Shuichi. C'est le côté "optimiste" du livre qui m'avait attirée. Mais bon...

Je ne renonce pas pour autant à la littérature japonaise, qui, avec ce que j'ai déjà lu, m'aide à préparer mon voyage dans quelques petites semaines. J'ai Ikebukuro West Gate Park  de Ira Ishida dans ma PAL et je pense que je l'emporterai avec moi dans l'avion.

21 mars 2010

Pour solde de tout compte

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4e de couverture : "La surdité d'Elena Weaver ne l'empêchait nullement de mener à Cambridge de brillantes études en même temps qu'une vie sexuelle débridée. Mais dans une île mal famée en bordure de la ville on découvre son cadavre mutilé. Une mort atroce pour la belle étudiante, fille d'un professeur respecté du collège St Stephen.
Les maladresses de la police locale incitent Scotland Yard à dépêcher sur place deux de ses meilleurs enquêteurs. L'occasion pour le sergent Barbara Havers, toujours aussi caustique et mal fagotée, de retrouver son vieil ennemi intime, le comte Lynley, sa Bentley et ses bonnes manières d'ancien d'Eton.
Mais s'ils s'entendent comme chien et chat, ces deux-là forment aussi l'équipe la plus intelligente et la plus tenace de Grande-Bretagne. De la subtilité et du courage, il leur en faudra pour identifier le plus stupéfiant, le plus invraisemblable des coupables."

Si l'atmosphère britannique vous manque, alors je ne peux que vous conseiller Elizabeth George, la plus "british" des auteurs de polar américain.

Dans ce roman, nous sommes plongés dans le brouillard de Cambridge, au sens propre comme au sens figuré. Le "so british" lord Lynley et son acolyte Havers, une femme un peu "prolo", dotée d'un langage châtié, habillée comme un sac à patates, piétinnent dans l'enquête, se perdent sur des fausses pistes à répétition. On finit par se demander si le brouillard va se lever sur la ville comme dans leur tête, car un Lynley plus amoureux que jamais de Lady Helen et une Havers inquiète pour sa mère, ça n'arrange pas les choses. Par dessus le marché la victime s'avère n'être pas une blanche colombe, son père encore moins et la réputation de la fameuse université de Cambridge risque de voir sa réputation et le sérieux de ses enseignants légèrement compromis.

J'ai mis du temps à terminer ce roman de 527 pages, pas vraiment à cause du nombre der pages mais plutôt parce qu'Elizabeth George a une écriture dense, qui prend son temps. Pourtant, quand on a le livre en mains, il est difficile de le lâcher car c'est avec ce style, ayant un souci du détail assez incroyable, qu'elle tient le lecteur en haleine. On ne peut que suivre les deux enquêteurs dans les secrets de Cambridge.

Cette enquête m'a fait penser à celles d'Agatha Christie, avec en plus, une étude sociologique : celle du milieu universitaire cambridgien (avec la course à la renommée et le souci des apparences, du "qu'en-dira-t-on"), l'univers des sourds et de la condition féminine. Les hommes en prennent pour leur grade mais les meurtriers ne sont pas ceux qu'on imagine. En tout cas l'innocence ne fait pas partie de l'univers de ce roman. L'égoïsme et la provocation des personnages, chacun à leur manière, oui.

J'ai donc passé un bon moment à Cambridge grâce à Elizabeth George dont j'avais déjà lu une série de nouvelles fort sympathiques (Un petit reconstituant) et Enquête dans le brouillard. Je pense renouveler l'expérience avec Sans l'ombre d'un témoin.
Contrairement à ce que dit la 4e de couverture, j'ai trouvé que dans cette enquête, Harvers et Lynley s'entendaient plutôt bien, nettement mieux que dans Enquête dans le brouillard.

Avis aux amateurs d'atmosphère britannique !

17 mars 2010

La mécanique du coeur

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4e de couverture : "Edimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve. Depuis lors, il doit prendre soin d'en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d'une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve... "

Tout est dit, dans cette histoire d'amour sous forme de conte fantastique au charme désuet. J'ai beaucoup aimé cet univers à la Tim Burton, par le chanteur du groupe Dionysos. Un style très simple à l'allure enfantine. Je crois même que ce livre a fait l'objet d'une comédie musicale.

Une jolie lecture de printemps que je vous conseille, c'est très divertissant !

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13 mars 2010

Le martyre des Magdalènes

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4e de couverture : "Lessivé, rincé par sa dernière enquête, l'ancien flic de Galway Jack Taylor tente d'en faire passer le goût amer en éclusant des pintes de Guinness. Alors qu'il répète à qui veut bien l'entendre qu'on ne l'y reprendra plus, il est contraint par un caïd psychotique à retrouver "l'ange des Magdalènes". Cette bonne sœur aurait, dans les années soixante, sauvé des jeunes filles mises au ban de la société dans le sinistre couvent des Magdalènes. Filles-mères reniées de tous, ces femmes y travaillaient comme blanchisseuses dans d'effroyables conditions pour s'y laver de leurs péchés, et cela même si elles avaient été violées par un frère, un père ou un voisin. Ce qui s'annonçait comme une mission rédemptrice va vite se transformer en chemin de croix. Le martyre de jack Taylor ne fait que commencer... "


Noir c'est noir ! C'est le moins que l'on puisse dire en lisant ce roman policier, qui relève plutôt du roman noir. Mais noir à la façon irlandaise... donc l'auto-dérision n'est jamais loin. Même si ce roman est très sarcastique, c'est le moins que l'on puisse dire.
L'intrigue passe largement au second plan et c'est là le tour de force de Ken Bruen. Arriver à tout de même à maintenir un suspens en parlant plus du héros que de l'intrigue proprement dite. Nous suivons en effet plutôt la dérive de Jack Taylor, ancien garda ayant viré "privé", alcoolique notoire en voie de rédemption grâce à quelques "cachetons" de drogue !
On s'attache à ce personnage tout aussi psychotique que les "méchants pas beaux" qu'il poursuit. Ce héros pas comme les autres porte sur la société irlandaise un regard féroce. L'Eglise en prend un coup dans les dents avec l'évocation des Magdalènes. La "mafia" irlandaise n'est pas en reste non plus.

J'ai adoré écumer les pubs de Galway avec ce héros et revisiter une ville que je ne connais pas si bien que ça !
J'ai hâte de découvrir les autres aventures de Jack Taylor car c'est le premier roman que je lis de cet auteur so irish.


Ce que l'on dit du romancier :
"Ken Bruen est né en 1951 à Galway. Après une carrière qui lui fait parcourir le monde, il crée les inspecteurs Roberts et Brant puis le privé Jack Taylor dont Le martyre des Magdalènes est la troisième enquête. Son style incisif et la férocité désarmante de ses personnages l'ont d'emblée placé parmi les meilleurs de sa génération."

6 mars 2010

Le mec de la tombe d'à côté

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4e de couverture : "Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis... C'est le début d'une passion dévorante. C'est avec un romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d'amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures."

Autrement dit, c'est l'histoire d'une intello, veuve précoce, qui rencontre un paysan de son âge, vieux garçon, n'ayant jamais vécu qu'entre les jupons de sa mère.  Et de surcroît elle s'appelle Désirée et lui Benny. Ca fait un peu cliché, non ?

Le récit alterne entre le point de vue de Désirée et celui de Benny. Le lecteur s'aperçoit ainsi rapidement du fossé qui sépare les deux personnages, malgré leur histoire d'amour. Cela dit, on sent que ça ne va pas vraiment virer à la tragédie ni au pugilat.

En fait, je ne sais pas trop pourquoi j'ai acheté ce roman, dont ni le titre (un peu glauque au premier abord) et encore moins la couverture ne me plaisaient. Sans doute à force de le voir partout et en tête des ventes. Bref, j'ai cédé à la curiosité. Et je dois dire que j'ai passé un bon moment. Mais sans plus. C'est divertissant, bien traduit, plein de fraîcheur et d'humour. Un vrai roman de vacances. Cependant, il m'a manqué un je-ne-sais-quoi qui aurait fait la différence. Notamment la fin qui n'a pas été, pour moi en tout cas, une grosse surprise. Même si j'ai trouvé le stratagème un peu tiré par les cheveux... C'est "gentil", quoi.

Donc un avis mitigé en ce qui me concerne.  Dommage car c'est le premier roman suédois que je lis.

3 mars 2010

De pierre et de cendre

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4e de couverture : "Lorsque, par un soir brumeux de 1898, le jeune peintre Samuel Godwin pousse les grilles de la propriété de Fourwinds, il est immédiatement envoûté. Engagé pour enseigner l'art aux deux filles de Mr Farrow, il ignore encore que cette luxueuse demeure sera pour lui le décor de ses plus belles peintures. Intrigué par la personnalité ombrageuse du maître des lieux, séduit par les jeunes demoiselles, Marianne et Juliana, désarçonné par Charlotte Agnew, leur gouvernante et dame de compagnie, Samuel comprend vite que le raffinement du décor et des êtres dissimule de bien sombres mystères et que le vent souffle pour mieux balayer les cendres d'un passé scandaleux... "

Je pensais que ce roman me raconterait le travail du peintre (un peu comme La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier). Que nenni ! Il s'agit là du poids des secrets à la sauce "so british" - ce qui m'a un peu changé du poids des secrets à la sauce japonaise! L'action se déroule dans le Sussex (Angleterre), dans le somptueux mais mystérieux et isolé domaine de Fourwinds - là, le nom m'a fait pensé aux Hauts de Hurlevents et j'ai eu un tout petit peu peur d'un pâle remake !

Les personnages sont complexes et aux premiers abords assez étranges. On se demande ce que c'est que cette histoire de vent d'Ouest qu'il faut à tout prix retrouver. Pourquoi Marianne a pareilles sautes d'humeur, un comportement si changeant. Pourquoi sa soeur est souffrante.  De sucroît le récit alterne deux voix narratives : celle du peintre Samuel Godwin et celle de la gouvernante Charlotte Agnew, l'ensemble étant au fil du récit entrecoupé de lettres adressées aux différents personnages. Un habile moyen de brouiller les pistes et tenir le lecteur en haleine.

Le personnage de Charlotte Agnew m'a profondément agacé pendant une bonne partie du récit : la parfaite vieille fille, coincée, savant tout mieux que les autres etc, jalouse en plus. Juliana semble être effacée, maniuplable par les autres. Et le pauvre Samuel, le benêt de service. Quant au "patriarche", Mr Farrow, il vit retranché dans son bureau à faire on ne sait quoi, très peu présent auprès des autres personnages. Mais quand il parle, on lui donnerait le bon Dieu sans confession (un peu trop, d'ailleurs). C'est Marianne qui semble mener la danse, avec sa beauté du diable, fascinant Samuel,  qui ne sait plus quel comportement adopter, refoulant ses instincts. Tout semble tracé d'avance. Ce qui m'a fait craindre le pire pendant un petit moment...

Cependant, au fur et à mesure, la belle apparence des choses s'efface pour laisser place à bien des suprises! Le lecteur va de stupéfaction en stupéfaction. Il est contraint de revoir son jugement sur les personnages. Le pire n'était pas là où je m'y attendais (à savoir des personnages surfaits, bien au contraire).

J'ai passé un très agréable moment avec ce premier roman que je lis de Linda Newbery. J'ai aimé l'idée originale de s'inspirer de l'histoire d'un peintre "mineur",celle du peintre Samuel James Godwin (1878-1941) pour en faire un roman gothico-baroque digne de ceux du XIXe siècle britannique. C'est un bel hommage. L'irruption de l'Histoire, avec la Première Guerre mondiale dans les dernières pages du roman entérine l'idée que tout n'est jamais écrit d'avance. Les personnages prennent une voie différente de celle à laquelle on les prédestinait.

Linda Newbery évoque avec brio la condition féminine de la fin du XIXe-début du XXe siècle. En sus, un brin d'humour avec la vengeance - surprenante - du scuplteur Gideon Waring (seuls ceux qui ont déjà lu le livre savent de quoi je parle...).

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Je vais maintenant pouvoir entamer la découverte des auteurs victoriens de l'époque victorienne, notamment celle de ce "cher Wilkie", qui commence à s'impatienter sur ma PAL...

Voir aussi les avis de Cryssilda, Karine , Lou et Lilly , qui m'ont mis l'eau à la bouche !

26 février 2010

Zulu

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4e de couverture : "Enfant, Ali Neuman a fui le bantoustan du KwaZulu pour échapper aux milices de l'Inkatha, en guerre contre l'ANC, alors clandestin. Même sa mère, seule rescapée de la famille, ne sait pas ce qu'elles lui ont fait... Aujourd'hui chef de la police criminelle de Cape Town, vitrine de l'Afrique du Sud, Neuman doit composer avec deux fléaux majeurs : la violence et le sida, dont le pays, première démocratie d'Afrique, bat tous les records. Les choses s'enveniment lorsqu'on retrouve la fille d'un ancien champion du monde de rugby cruellement assassinée dans le jardin botanique de Kirstenbosch. Une drogue à la composition inconnue semble être la cause du massacre. Neuman qui, suite à l'agression de sa mère, enquête en parallèle dans les townships, envoie son bras droit, Brian Epkeen, et le jeune Fletcher sur la piste du tueur, sans savoir où ils mettent les pieds... Si l'apartheid a disparu de la scène politique, de vieux ennemis agissent toujours dans l'ombre de la réconciliation nationale... "

Attention : pépite !
Je viens juste de refermer ce livre et je suis sous le choc ! Je vous préviens, c'est un livre très violent. Je n'ai pu le lire qu'avec des pauses conséquentes.

Caryl Férey restitue parfaitement la violence de l'histoire de ce pays qu'est l'Afrique du Sud. Il démontre avec brio comment cette violence s'organise en un écheveau complexe. Comment, d'une part,  la manipulation inter-ethnique a été savament travaillé sous l'Apartheid : les Zulus (affiliés au parti de l'Inkhata) contre les Xhosa (parti de l'ANC dont la figure emblématique est bien entendu Nelson Mandela), les premiers étant manipulé par les Blancs au pouvoir. Et d'autre part, comment aujourd'hui, certains maintiennent la "pression" d'une manière toute aussi effroyable.

Le roman se déroule dans l'Afrique du Sud d'aujourd'hui, post-apartheid. Ali Neuman (un Zulu) a vu son père et son frère aîné pro-ANC massacrés quand il était petit par une milice de l'Inkatha. Adulte, il est flic et travaille avec Dan Flechter, un Métis et Brian Epkeen un Blanc. Le cadavre d'une étudiante blanche et riche, est retrouvé, le visage massacré. Pour Ali, Dan et Brian, ce cadavre est le début de l'Enfer. Et je pèse mes mots sur ce qu'ils vont découvrir !

Une foule de personnages peuple ce roman intense et dense. Mais aucun n'est là par hasard. Du gamin des rues shooté et sidéen, au chef de gang tout aussi shooté et malade, au grand magnat de l'industrie pharmaceutique au passé de militaire, en passant par les prostituées. Tout s'imbrique parfaitement avec horreur !


Cependant, Caryl Férey évite les écueils et la fin du roman est à ce titre édifiante. Un espoir pour l'Afrique du Sud de demain. Même si nous laissons les personnages dans un piètre état...

Je vous préviens : pour lire ce roman, il faut avoir le coeur bien accorché ! Mais cette expérience sud-africaine en vaut la peine et amène à la réflexion. On est sans doute pas tout à fait le même quand on a refermé le livre.  Le roman a d'ailleurs obtenu de nombreux prix (même si pour moi ça ne veut pas forcément dire quelque chose, je dois dire que là, c'est mérité, d'autant plus que c'est très bien documenté).

Cela dit, je crois que je vais enchaîner sur un livre un peu plus reposant...

25 février 2010

Les bons chrétiens

Les éditions Phébus ont eu la bonne idée d'éditer en poche le livre qui a fait connaître Joseph O'Connor aux Français en 1996 :

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4e de couverture de l'édition grand format : "Treize nouvelles pour dire - entre les lignes, entre les mots (et par-delà l'aimable mensonge des façades)- ce qu'il en est des tourments de l'âme irlandaise aujourd'hui: en cette fin de siècle où d'autres formes de violences (intimes celles-ci) sont déjà à l'oeuvre. Histoire de nous préparer à des lendemains qui ne chanteront sûrement pas aussi bien qu'il aurait fallu"

(J'applaudis ici la lucidité du rédacteur de la 4e de couv au regard de l'Irlande de 2009 et bien sûr Joseph o'Connor !!!)

Treize récits travaillés au bistouri pour nous raconter, entre cruauté et compassion (et on forcément sans humour), cette Irlande d'après la bataille, qui s'arrange toujours pour montrer au monde un visage d'une exemplaire universalité (Nous sommes tous des Irlandais) lors même qu'elle se délecte mieux que jamais de ses particularismes têtus. Et pour donner la parole à quelques personnages inoubliables: prêtres au coeur brisé, homosexuels traqués par le conformisme ambiant, hommes et femmes infidèles, fanatiquqes de tous bords, joyeux plaisantins - la plupart fortement alcoolisés, tous atteints dans leurs rêves, et qui font de pathétiques efforts pour échapper à la noyade".

Je dois dire que le rire est au rendez-vous de ces histoires pourtant pour le moins tragiques... Mais il s'agit d'un humour qui oscille entre cynisme et pathétisme amenant le lecteur à la réflexion... On n'en sort pas tout à fait indemne.

Mes préférées :

Les Collines aux aguets, qui laisse pour le moins perplexe de l'absurdité des événements;

Faux Départ, un road movie à travers la campagne irlandaise et... ses vaches : après cela on ne regardera plus jamais une vache irlandaise de la même façon !;

L'Evier, qui commence ainsi : "En rentrant du travail, il vit la vaisselle sale dans l'évier. Il comprit qu'elle l'avait quitté".

Pour les fans de Joseph O'Connor, il s'agit d'un "incontournable" !

J'ai eu du mal l'an dernier à me procurer ce livre car quasiment épuisé ou inconnu au bataillon chez les libraires les plus célèbres :(. J'avais fini par le trouver d'occasion via Internet.

La chose est maintenant réparée et mon instinct me dit que si un livre est publié en édition de poche, c'est qu'un nouveau ne va pas tarder à arriver. Chouette ! Même si je suis en retard d'un livre avec Joe : toujours Redemption Falls qui dort sur ma PAL.

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